Tout a commencé le vendredi 20 avril, sur Facebook. Comptant plus de 750 000 « likes », la page Wavo, dont les administrateurs sont anonymes, a publié un post dans lequel elle appelle ses fans à boycotter les marques Sidi Ali, Centrale Danone et Afriquia dans l’espoir qu’elles revoient les prix de leurs produits de grande consommation à la baisse.
« Une nouvelle campagne va être lancée, ce sera la première du genre dans l’Histoire du Maroc. Nous allons tous nous mettre d’accord pour boycotter un produit pendant un mois, jusqu’à ce qu’on baisse son prix« , annonce la publication.
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« Le gouvernement a exagéré. Il ne fait qu’augmenter les prix (NDLR, ceux des produits de grande consommation). Le citoyen est dépassé. La campagne sera menée dans tout le Royaume et ne prendra fin qu’une fois l’objectif atteint« , préviennent les administrateurs de la page.
« Nous savons aussi planifier »
D’autres pages ont pris le relais pour supporter la campagne, invitant leurs fans à y adhérer. Une heure après le post de Wavo, c’est la page Casa Bel Visa, comptant plus de 700 000 fans, qui relaie le message. « Vous (les entreprises visées par le boycott,NDLR) n’êtes pas les seuls à savoir planifier. Nous savons le faire aussi. Une campagne de boycott semblable a été menée avec succès en Suède pour faire baisser le prix du carburant. Pour que le boycott fasse le même effet au Maroc, il faudrait que tout le monde se mette d’accord« , conclut le message.
Les trois marques concernées par le boycott sont des leaders dans leurs marchés respectifs: l’eau, les produits laitiers et les carburants. Dans deux cas, leurs propriétaires sont des figures connues des paysages politique et économique marocains.
Il s’agit notamment de Miriem Bensaleh-Chaqroun, patronne de la CGEM, dont la famille est propriétaire du groupe Holmarcom auquel est rattachée la marque Sidi Ali. Afriquia, elle, est la propriété du ministre de l’Agriculture et président du RNI, Aziz Akhannouch, qui la détient à travers son holding Akwa.
L’un des premiers activistes ayant relayé la campagne de boycott nous explique que « c’est une campagne populaire qui a pour objectif de sensibiliser les citoyens à leurs droits. Nos choix ont porté sur les leaders du marché. La campagne ne va pas s’arrêter là, d’autres produits seront visés par la suite, comme l’huile par exemple ».
Interpellés par la qualité des illustrations graphiques utilisées pour véhiculer le message de la campagne, nous posons la question de leur provenance. « Ce sont des professionnels intéressés qui ont rejoint le mouvement populaire« , répond notre interlocuteur.
Depuis le début de la campagne de boycott, les administrateurs des pages, notamment Casa Bel Visa, annoncent aux fans les avancées et les réalisations de l’initiative. La page se vante notamment du soutien des célébrités marocaines à la campagne de boycott, dont les chanteurs Dounia Batma, Latifa Raafat et Ihab Amir.
Une publication partagée par @ dunia_batma le
Les messages véhiculés sur ces pages se veulent mobilisateurs et provocateurs, comme en témoigne la photo ci-dessous où l’on peut lire: « Le boycott est plus fort que la manifestation. Ses conséquences économiques sont plus importantes. Appelez les forces de l’ordre pour voir s’ils vont oser vous taper devant l’épicerie ».
A l’heure où nous mettons en ligne, les premières publications appelant au boycott ont été supprimées par les administrateurs des pages qui en sont à l’origine.
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