Affaire Bouachrine: La défense fustige la condamnation d'Afaf Barnani

La 14e audience du procès Bouachrine ce mercredi à la Cour d'appel de Casablanca a été marquée par la condamnation d'Afaf Barnani, une des déclarantes du dossier, à 6 mois de prison ferme pour "dénonciation d'une infraction imaginaire".

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(Photo Archives) Taoufik Bouachrine Crédit: R. Tniouni / Telquel

Le procès de Taoufik Bouachrine, directeur d’Akhbar Al Yaoum et Alyaoum24 poursuivi notamment pour viol, harcèlement sexuel et traite d’êtres humains, est-il en train de se transformer en procès de la Justice et plus particulièrement, celui du parquet? « J’espère que le verdict contre Afaf Barnani n’est pas un message aux déclarantes souhaitant revenir sur leurs dépositions », a lancé Me Abdellatif Bouachrine, mercredi 25 avril, lors de la 14e audience de son client et homonyme.

Le bâtonnier faisait allusion à la décision de la Chambre correctionnelle de Casablanca qui la veille, a condamné Afaf Barnani à 6 mois de prison ferme et à une amende de 1.000 dirhams pour diffamation et outrage à un fonctionnaire public, par la dénonciation d’une infraction qu’elle sait ne pas avoir existé. Une peine prononcée selon les dispositions de l’article 264 du Code pénal.

Ce verdict fait suite à une plainte d’un officier de la Brigade nationale de la police judiciaire, qui accusait la jeune femme d’avoir « porté atteinte à sa réputation » en lui reprochant d’avoir falsifié le procès-verbal de sa déposition dans le cadre de l’affaire Bouachrine.

Afaf Barnani affirme, contrairement à ce qui a été consigné dans le PV, ne s’être jamais déclarée victime de harcèlement sexuel de la part du journaliste. On rappellera que lors d’une conférence de presse tenue le 12 mars au siège du Parquet, un enregistrement montrant Afaf Barnani en train de lire et de valider son procès-verbal avait été diffusé par Najib Bensami, le procureur général du roi à la Cour d’appel de Casablanca.

Me Abdellatif Bouachrine a regretté « ce verdict qui prive la défense d’une déclarante en faveur de son client » avant de tonner à l’intention des magistrats: « si ce procès est dicté, dites-le-moi. Je préfère me retirer, car je refuse de participer à une telle mascarade ».

Aux yeux du juge Bouchaïb Farih, ce discours est « une remise en question inacceptable de l’impartialité de la Cour, qui n’a pas à discuter des verdicts prononcés dans d’autres affaires« . C’est au tour de la défense de réagir à la réponse du Parquet concernant ses propres demandes préliminaires et vices de forme.

Menaces

L’audience de ce mercredi a également été marquée par un incident entre l’accusé et l’une des plaignantes. Alors que Me Housni Kerrout, un des avocats de la partie civile, concluait son plaidoyer marathonien – plus de 7 heures disposées sur deux audiences – pour répondre aux demandes préliminaires et vices de forme de la défense, un cri strident déchirait la solennité du discours de l’avocat. « Il me menace ! De quel droit ?« , a-t-on entendu hurler la plaignante Asmae Hellaoui, pointant du doigt l’accusé.

Interloqué, celui-ci se lève de sa chaise. « Je ne la menace pas, je suis simplement du regard l’avocat », se défend-il. Le juge intervient alors pour inviter Asmae Hellaoui à quitter le tribunal, « le temps qu’elle reprenne ses esprits« , indiquant au passage « ne pas avoir vu le regard de l’accusé se poser sur elle« . Asmae Hellaoui s’exécute, mais renchérit en criant : « il me regardait de la même manière quand il me harcelait sexuellement« . L’incident clos, le procès peut reprendre.

Une descente de la BNPJ au domicile de Bouachrine ?

Une autre polémique ne tarde pas à éclater. Me Abdellatif Bouachrine « révèle » que « des éléments de la BNPJ s’étaient déplacés la veille au domicile de Taoufik Bouachrine à 21h30, pour convoquer son épouse ». L’avocat s’interroge alors sur le choix de cette heure tardive et qualifie la démarche de « menaçante« .

Il ajoute que les policiers ont attaqué l’épouse de son client à coups de termes offensants, priant le procureur de donner des explications quant à cette action. « S’il y a préjudice, il suffit de porter plainte. La procédure est simple« , s’est contenté de rétorquer ce dernier.

Contactée par nos confrères de Telquel Arabi, une source sécuritaire a nié la version de l’avocat: « Une plainte contre l’intéressée (l’épouse de Bouachrine, NDLR) avait été déposée auprès des services de la BNPJ à Casablanca. Celle-ci a dépêché des policiers à son domicile à Rabat, qui lui ont remis une convocation écrite, et ce sans enregistrer d’offenses verbales ni d’altercation« . La même source refuse de donner plus de détails quant à la plainte, « couverte par la confidentialité de l’enquête ». Suite du procès ce jeudi 26 avril.

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