Samedi 21 avril, au moment où se réunissait le Conseil national de l’Istiqlal et alors que le Comité exécutif s’était retiré pour une énième tentative de se mettre d’accord sur un candidat, Chiba Mae El Ainine était le dernier à savoir qu’il avait été désigné pour succéder à Taoufik Héjira à la tête du « parlement » du parti de la balance.
« J’ai déclaré aux membres de la direction que je n’étais pas candidat au poste 15 jours avant la réunion du Conseil national« , nous déclare le concerné. « C’est Noureddine Moudiane qui m’a dit de rejoindre le Comité exécutif et qui m’a annoncé que j’étais choisi pour la présidence du Conseil national« , poursuit le nouveau numéro 2 de l’Istiqlal.
Le choix porté sur lui évitait au PI de devoir choisir entre Noureddine Moudiane, un ancien pro-Chabat soutenu par Nizar Baraka, et Rahhal Mekkaoui, le candidat appuyé par Hamdi Ould Errachid, l’homme fort du Sahara.
Alors que le nom de Mae El Ainine est proposé aux membres du Conseil national, la majorité des mains se lèvent pour approuver. Le passage par les urnes est laissé de côté.
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« Il n’est issu d’aucun clan si ce n’est le clan de tous les istiqlaliens« , commente un membre de la direction du PI, car certains observateurs ont vite fait le rapprochement entre son élection et ses origines sahraouies.
Juge à 22 ans, avocat à 28
Chiba Mae El Ainine est né à Smara en 1948. Il descend de la puissante famille-tribu des Mae El Ainine célèbre pour avoir donné des résistants et des érudits. Après des études de droit à Rabat, Chiba Mae El Ainine intègre le cycle de la magistrature en 1970 et travaille dans plusieurs tribunaux du Maroc avant de déchanter. « A l’époque, disons que le conditions pour l’exercice du métier de juge n’étaient pas réunies« , nous explique Chiba Mae El Ainine.
Six ans plus tard, il décide de « passer de l’autre côté » pour endosser la robe des avocats. Mais plus pour longtemps non plus.
Quant à son engagement politique, il s’en souvient comme si c’était hier. « J’ai commencé au sein du mouvement de la jeunesse scolaire et mon engagement s’est renforcé à l’université vers la fin des années 1960« , nous déclare le nouveau président du Conseil national, connu pour être avare en mots, sauf quand il s’agit de donner son avis en cercle restreint.
A l’ombre de Boucetta, Youssoufi, et El Fassi
Chiba Mae El Ainine, durant sa longue carrière, a côtoyé plusieurs grosses pointures de la politique nationale. En 1982, il est chargé de mission au ministère des Affaires étrangères auprès de Feu Mhamed Boucetta.
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Et, malgré la rivalité entre les frères ennemis Ittihadis et Istiqlaliens, Abderrahman Youssoufi lui ouvre les portes de son cabinet au début de l’Alternance en 1998. Il est reconduit dans les mêmes fonctions au cabinet de Driss Jettou, mais préfère rejoindre celui d’Abbas El Fassi, ministre d’Etat. Les deux hommes sont liés par une grande amitié et celles et ceux des journalistes qui ont eu à interviewer Abbas El Fassi se rappelleront sûrement la présence de Chiba Mae El Ainine aux entretiens. Comme une sorte de caution.
La consécration
En juin 2011, alors que le Maroc était en plein Printemps arabe avec une nouvelle Constitution en chantier, Chiba Mae El Ainine fait partie des 12 membres de la Cour constitutionnelle. Sa formation et sa carrière plaidaient pour lui. Depuis avril 2017, il se consacre à plein temps au parti. Et le barreau ? « Je suis toujours avocat, mais disons que j’avais besoin de repos et toutes les étapes par lesquelles nous sommes passés à l’Istiqlal n’étaient pas faciles« , répond Chiba Mae El Ainine, également membre du CORCAS et grand connaisseur du dossier du Sahara.
Ne prononçant jamais un mot plus haut que le précédent, l’homme travaille en coulisses sans être porté sous les coups bas en coulisses. « Normal quand on est en présence d’un fqih et poète qui a pris l’habit de juge et d’avocat« , commente un jeune cadre de l’Istiqlal.
Mais que pense-t-il de ses nouvelles missions ? « Dieu seul sait« , nous répond Chiba Mae El Ainine qui part, au moins, avec cet avantage qu’il ne roule pour aucun clan.
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