“À partir du 21 avril, la Corée du Nord va cesser ses essais nucléaires et les lancements de missiles balistiques intercontinentaux« , a dit M. Kim, qui a jugé que le site d’essais nucléaires de Punggye-ri, dans le nord du pays, a « rempli sa mission », selon des propos cités par l’agence officielle nord-coréenne KCNA.
Le Nord va fermer le site « afin de prouver son engagement à suspendre les essais nucléaires », a ajouté KCNA, citant le dirigeant nord-coréen, qui n’a toutefois pas évoqué le démantèlement de son arsenal, qualifié d’« épée chérie » protégeant le pays. « Le travail pour installer des ogives nucléaires sur des missiles balistiques est terminé », a-t-il assuré.
Cette annonce intervient moins d’une semaine avant la rencontre prévue entre Kim Jong Un et le président sud-coréen Moon Jae-in, qui préfigure un sommet historique qui devrait avoir lieu entre MM. Kim et Trump, en principe début juin. Le président américain a immédiatement salué l’annonce de Kim Jong Un, y voyant « une très bonne nouvelle pour la Corée du Nord et le monde ». « Grand progrès! Hâte de participer à notre sommet », a-t-il ajouté dans un tweet.
De son côté, Séoul s’est empressé de saluer un « progrès significatif pour la dénucléarisation de la Péninsule coréenne, que le monde attend ». La présidence sud-coréenne s’est félicitée de « l’environnement très positif pour les sommets à venir (…) », que la décision de Pyongyang « va créer ».
Même son de cloche du côté de la Chine, principal allié de Pyongyang, qui a estimé que le geste du Nord allait favoriser une dénucléarisation de la péninsule coréenne. « La Chine pense que la décision (…) va aider à apaiser la situation dans la péninsule coréenne et faire avancer le processus de dénucléarisation, ainsi que les efforts en vue d’une solution politique », a déclaré Lu Kang, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Le chef du gouvernement japonais Shinzo Abe a lui aussi salué l’annonce nord-coréenne, « mais le point important est de savoir si cette décision conduira à l’abandon complet du développement nucléaire et celui des missiles, d’une façon vérifiable et irréversible », a-t-il dit. « Nous allons surveiller cela de près ». Son ministre de la Défense, Itsunori Onodera, s’était prononcé peu avant pour un maintien d’une pression maximum sur Pyongyang. « Nous ne pouvons pas être satisfaits », du fait que, selon lui, la Corée du nord n’a pas mentionné « l’abandon de missiles balistiques de courte et moyenne portée ».
« Un pas nécessaire mais insuffisant »
« Comme le caractère opérationnel des armes nucléaires a été vérifié, il n’est plus nécessaire pour nous de mener des essais nucléaires ou de lancer de missiles à moyenne et longue portée ou ICBM » (missiles balistiques intercontinentaux, ndlr), a expliqué Kim Jong Un, lors d’une réunion du Comité central du parti unique au pouvoir en Corée du Nord. Sous sa direction, Pyongyang a fait des progrès rapides dans son programme d’armements, objet de multiples sanctions aggravées de la part notamment du Conseil de sécurité de l’ONU, des États-Unis, de l’Union européenne et de la Corée du Sud.
Pour Daniel Pinkston, de l’université Troy, « il s’agit certainement d’une évolution positive ». « C’est un pas nécessaire mais insuffisant quant au retour de la Corée du nord à ses engagements précédents de non-prolifération » nucléaire, a-t-il dit.
Durant des années, a expliqué le dirigeant nord-coréen au comité central du Parti des travailleurs, la Corée du nord a pratiqué une politique dite du « développement simultané », ou « byungjin », de l’armée et de l’économie. Devenu désormais un État puissant, le pays doit « maintenant se concentrer sur le développement de l’économie socialiste », a dit Kim Jong Un.
Le Parti des travailleurs était réuni en séance plénière vendredi, afin de discuter d’une « nouvelle étape » dans une « période historique importante de la révolution coréenne en développement ». Le Nord, qui a tiré l’année dernière des missiles balistiques intercontinentaux capables d’atteindre le territoire continental des États-Unis, et mené son plus puissant essai nucléaire à ce jour, disait de longue date avoir besoin de l’arme atomique pour se protéger d’une invasion américaine. Pyongyang a depuis proposé de négocier sur le sujet en échange de garanties pour sa sécurité.
Donald Trump avait prévenu mercredi qu’il n’hésiterait pas à abandonner la rencontre prévue avec Kim Jong Un, si elle n’était pas « fructueuse ». « Une voie prometteuse est ouverte pour la Corée du Nord si elle accomplit une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible », avait-il déclaré. Mais « si je pense que cette rencontre ne sera pas fructueuse, nous n’allons pas nous y rendre. Si la rencontre, lorsque j’y serai, n’est pas fructueuse, je la quitterai respectueusement », avait affirmé le président américain.
Les deux Corées ont ouvert vendredi une ligne de téléphone rouge entre leurs dirigeants, à une semaine de leur rencontre prévue dans la Zone démilitarisée qui divise la péninsule. À l’approche du sommet, le président sud-coréen a souhaité la conclusion d’un traité de paix pour mettre fin officiellement à la guerre de Corée (1950-53).
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous
Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer