La survie des banques participatives est tributaire des ressources gratuites

Les nouvelles banques participatives disposent de fonds propres pour faire face aux demandes de financement reçues. A terme, la transformation des ressources provenant des actionnaires ne suffira plus. Ce qui met en péril leur système de fonctionnement ainsi que la stabilité du secteur bancaire au Maroc.

Par

Yassine Toumi/TELQUEL

Les banques participatives (banques islamiques dans le langage courant) opèrent dans un marché global et se trouvent face à des compétiteurs bien installés et qui bénéficient d’une assise financière très solide.

Les banques conventionnelles disposent d’un réseau de collecte d’épargne gratuite, d’un marché de capitaux bien rodé du moins pour les opérations de refinancement classiques à l’instar des bons du Trésor. La rentabilité des fonds propres est assez attrayante pour les actionnaires qui suivent les plans de développement proposés par les dirigeants.

Par ailleurs, outre les problèmes réglementaires qui compliquent l’installation des nouvelles banques participatives sur le marché, le faible engouement d’ouverture des comptes courants et du coup le manque de ressources gratuites rendent la rentabilité de ces dernières peu ou pas intéressante pour le moment.

La seule utilisation de fonds propres pour faire face à une demande de financement « halal » de plus en plus importante, ainsi que l’absence d’un marché de capitaux conforme à la charia et d’un système d’assurance Takaful qui tarde à voir le jour rendent le système participatif vulnérable.

Les actionnaires ne peuvent pas suivre les besoins des banques participatives à l’infini notamment avec une rentabilité qui n’est pas au rendez-vous, pour toutes les raisons précitées. « Il faut que les banques participatives génèrent des dépôts pour pouvoir se faire une place dans un marché très concurrentiel et capter une partie du potentiel offert par ce segment de financement. En parallèle, l’existence d’instruments de refinancement adéquats est vitale pour ces nouveaux acteurs« , nous confie Mohamed Maarouf, directeur général de bti Bank.

Pour rappel, le financement classique se base, principalement, sur la transformation des dépôts collectés « gratuitement » auprès des clients en crédits auprès des ménages et des entreprises. Les banques ont également le pouvoir de créer de la monnaie, sous le contrôle bienveillant de Bank Al Maghrib.

Le financement participatif fonctionne autrement. Il ne repose pas sur un système de prêt à intérêt, mais sur la participation à l’investissement et aux risques afférents, ainsi que sur l’achat-revente de biens meubles, immeubles, et le risque commercial que ce mode de financement implique.

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