La défense de Taoufik Bouachrine n’en revient pas. Pourquoi les avocats de la partie civile réagiraient-ils en premier à la réponse du procureur concernant les demandes préliminaires ainsi que les vices de forme relevés par la défense ? « Aucune base juridique n’appuie cela« , fustige Me Abdelmoula El Marouri, qui y voit une procédure « non productive juridiquement ».
Pour sa part, le bâtonnier Me Abdellatif Bouachrine estime que « la défense devrait être priorisée, puisque les demandes formulées concernent les droits de l’accusé« . Après plusieurs minutes d’échanges virulents entre les deux clans, le juge Bouchaïb Frih campe sur sa position. La partie civile est soulagée.
Lundi, le procureur avait lu, 4 heures durant, les 155 pages de son intervention où il a refusé toutes les doléances de la défense du directeur de publication d’Akhbar Al Yaoum, poursuivi notamment pour viol, harcèlement sexuel et traite d’êtres humains.
S’ils se montrent plutôt d’accord avec la réponse du magistrat, les avocats de la partie civile regrettent « ses efforts insuffisants pour protéger les victimes« . Me Fatima-Zohra Chaoui invoque l’article 4 de la loi n° 27-14 du 25 août 2016 relative à la lutte contre la traite des êtres humains.
En effet, d’après le texte, « l’Etat assure, dans la limite des moyens disponibles, la protection, les soins médicaux et l’assistance psychologique et sociale au profit des victimes de la traite des êtres humains« .
Me Jaouad Benjelloun Touimi, de la partie civile, relève de son côté que les dispositions l’article 323 du Code de procédure pénale n’ont pas été respectées. « Les demandes préliminaires et les vices de forme de la défense devraient être jugés non recevables, car ils n’ont pas été déposés en une fois. A chaque audience, la défense a formulé plusieurs demandes séparées. D’abord la convocation des témoins, ensuite un recours pour faux sur les procès-verbaux de la Brigade nationale de la police judiciaire, puis la convocation des rédacteurs de ces mêmes PV« , énumère-t-il.
Son confrère Me Taoufik Zaghloul s’est étalé sur une des remarques de la défense concernant l’inaptitude des victimes à se porter partie civile dans ce dossier. « L’article 7 du Code de procédure pénale est pourtant clair« , répète-t-il. Le texte, dans son premier paragraphe, indique que « toute personne victime d’un préjudice physique, matériel ou moral est dans la capacité de porter plainte avec constitution de partie civile« .
L’enregistrement du nom d’une avocate française, Rachel Lindon, dans l’équipe de défense de Taoufik Bouachrine a visiblement irrité la partie civile. « Une avocate étrangère restée muette lors des précédentes audiences s’est permis de critiquer le droit marocain alors qu’elle n’y connait pas grand-chose« , a déploré Me Amina Talbi.
Son confrère du barreau de Fès, Me Jaouad Benjelloun Touimi, n’y est pas non plus allé de main molle. « Son communiqué semble avoir été dicté par un ‘observateur’ de ce procès« . Une pique adressée à Me Abdelaziz Nouidi, qui officie en tant que tel pour Human Rights Watch?
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