Au menu du déjeuner de Bourita avec son homologue néerlandais

Le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita recevra son homologue des Pays-Bas, Stef Block le 20 avril à Rabat. Dans un contexte d'intense activité diplomatique entre l'UE et l'ONU, les deux hommes parleront aussi de la communauté marocaine aux Pays-Bas, et particulièrement du cas de Saïd Chaou.

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Stef Blok, ministre hollandais des Affaires étrangères à Moscou en avril 2018. Crédit: AFP PHOTO / Yuri KADOBNOV

Stef Blok, le ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas entamera une visite au Maroc à partir du 19 avril au soir, apprend TelQuel de sources néerlandaises. Le lendemain, il déjeunera avec son homologue marocain Nasser Bourita.

La rencontre intervient alors que les Pays-Bas ont assuré la présidence du Conseil de sécurité de l’ONU au mois de mars, et demeurent membres de ce Conseil jusqu’à la fin de l’année. Le calendrier fait donc des Pays-Bas un allier précieux alors que le Maroc scrute de près les mouvements du Polisario, et n’écarte pas la possibilité d’une intervention armée pour empêcher l’instauration d’un « État de fait » à l’est du mur de défense au Sahara.

Cette rencontre intervient également alors que les négociations entre le Maroc et la Commission européenne pour un nouvel accord de pêche vont pouvoir reprendre. Le Conseil européen a en effet validé le mandat de la Commission le 16 avril à Luxembourg.

Les Pays-Bas avaient émis des commentaires lorsqu’un premier mandat avait été proposé en février dernier, avant la publication d’un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne déclarant que le précédent accord « ne s’appliquait pas au Sahara occidental« . Le 16 avril, trois jours avant la visite de Stef Block, le royaume batave n’a cette fois émis aucun commentaire. Ou comment mettre son hôte dans de bonnes dispositions.

Le cas Chaou

Selon nos informations, Stef Blok et Nasser Bourita devraient également évoquer le cas de Saïd Chaou. Ancien député du PAM, fondateur du Mouvement du 18 septembre pour l’indépendance du Rif (M18S), le Maroc entend juger Saïd Chaou dans le cadre de l’affaire Najib Zaimi.

Ce dernier, arrêté en 2010 par les autorités marocaines, avait été reconnu coupable de « trafic de drogue à l’échelle internationale, torture et blanchiment d’argent« . Il avait désigné Saïd Chaou comme « associé« .

L’extradition du Maroco-Néerlandais a été au cœur de tensions diplomatiques entre les deux royaumes. Le Maroc avait rappelé, en juin 2017, son ambassadeur aux Pays-Bas après deux mois d’échanges avec les autorités néerlandaises concernant l’extradition.

Cinq jours plus tard, l’ancien parlementaire avait été arrêté aux Pays-Bas le 29 juin, suite à une « demande d’arrestation et d’extradition » formulée par le Maroc auprès des autorités néerlandaises.

Mais le 22 février 2018, la Cour de Breda estimait que les garanties présentées par le Maroc « ne sont pas suffisantes et ne permettent pas d’écarter le danger d’un procès inéquitable« . Le ministère de la Justice néerlandais et le procureur général étudient la décision du juge en vue d’un pourvoi en cassation.

À noter : avant de prendre la tête de la diplomatie néerlandaise en mars 2018, Stef Blok était ministre de la Sécurité et de la Justice. À ce titre, il avait d’ailleurs assisté à l’investiture de Mohamed Abdennabaoui, comme nouveau procureur général du Roi à la Cour de cassation, devenant ainsi le chef du parquet.

Marocains ici, Néerlandais là-bas

Autre sujet épineux entre Rabat et La Haye, celle de la protection sociale des Marocains résidants aux Pays-Bas. En 2014, les Pays-Bas avaient décidé de mettre un terme à une convention de 1972 liant les deux pays, justifiant cette décision par « le coût » du versement des pensions. Une nouvelle convention était finalement signée en juin 2016 après des mois de bras de fer.

La communauté marocaine aux Pays-Bas demeure un sujet brulant entre les deux pays. « Les Pays-Bas, c’est l’illustration d’un malentendu. Ils font partie des pays qui estiment qu’une intégration réussie est celle qui rompt tout lien avec le pays d’origine. Le fait que le Maroc envoie un imam marocain pour enseigner l’islam, des enseignants pour apprendre l’arabe, est perçu comme une ingérence, » explique une source au fait des relations maroco-néerlandaises. « Quand un citoyen réussit en Europe, il est Néerlandais. Quand c’est un terroriste, il est Marocain. Or, on ne peut pas vouloir la déchéance de nationalité et renvoyer au Maroc un individu, s’il n’est pas né chez nous, s’il n’est pas allé à l’école chez nous, si on ne lui a pas enseigné l’islam« , poursuit notre interlocuteur. « Nous avons une communauté à gérer ensemble dans le respect« , conclut-il.

C’est donc une relation « claire et responsable entre deux États » que le Maroc prônera dès jeudi à l’occasion de la visite de Stef Blok.

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