Qui est Khalid Dahami, dont la candidature a été invalidée ?

Khalid Dahami était le candidat à la course à la présidence de la CGEM que l'on n'attendait pas. Il a été débouté par la commission de validation des candidatures. Le motif ? Un vice de forme du dossier imputé à sa colistière Narjiss Loudiyi.

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Khalid Dahami, candidat à la présidence de la CGEM Crédit: DR

16h35. Quelques minutes avant l’annonce de son éviction de la course au siège de patron des patrons, Khalid Dahami était optimiste, sur ses chances.  « Il n’y a pas de raison que nous ne soyons pas validés. Nous répondons, avec Narjiss Loudiyi, à tous les critères administratifs requis par la confédération patronale. Cela devrait être une formalité« , avançait, confiant, le mystérieux candidat.

Mystérieux, car le principal concerné refuse de révéler l’entreprise qu’il administre. « Dahami gère différentes PME actives dans le secteur de l’information. Il a un portail d’appel d’offres qu’il gère depuis 1997. En parallèle, il fait du conseil en marketing et élabore des études de marché« , confie un de ses proches.

Économiste de formation, il a commencé son parcours universitaire au Maroc et l’a achevé en France. « Je prépare actuellement un doctorat« , confie-t-il. Questionné sur les grandes lignes de son programme, Dahami botte en touche avec humour. « Ce sera Khalid Dahami et Narjiss Loudiyi« , plaisante-t-il quelques minutes avant le verdict de la commission de validation.

Vice de procédure

Le vice de forme proviendrait de sa colistière Narjiss Loudiyi. Cette dernière, bien qu’actionnaire majoritaire de N7 communication, n’en était pas la gérante. « Le tandem a produit aujourd’hui un document mettant à jour les statuts de la PME, mais la CGEM a jugé qu’il devait être joint au dossier de candidature« , explique une source proche du dossier.

Khalid Dahami se sent floué et fustige la confédération patronale. « Loudiyi est membre d’une fédération interne. Elle devrait de facto être éligible. Nous nous sommes heurtés à la lecture d’un seul juriste, pressé par le temps, vu qu’aucun précédent ne fait jurisprudence. De surcroît, nous n’avons pas pu profiter des lumières du médiateur interne, car lui aussi faisait partie de l’assemblée qui devait délibérer sur le cas de Narjiss. Nous nous attendions à plus d’indulgence entre entrepreneurs. Cela reste une simple association« , s’indigne-t-il.

« Tous les Marocains sont Istiqlaliens« 

Pour leur part les patrons ne prennent pas de pincettes avec l’ex-candidat. Ils estiment ainsi que la candidature de Khalid Dahami a été écartée afin d’empêcher la CGEM de devenir l’antichambre des partis politiques et de leur guerre d’égos.

« Dahami était un ballon d’essai de l’Istiqlal afin de faire barrage à Salaheddine Mezouar, ancien président du RNI. On s’acheminait vers le pire des scénarios. Celui d’une CGEM politisée qui perdrait de son aura et de sa crédibilité sur la scène internationale. Tous les partis n’ont pas eu le temps de présenter un candidat, l’annonce de Mezouar les ayant pris de cours. Mais ce ne serait guère étonnant, lors des prochaines élections, de voir un candidat par parti. Il fallait que la CGEM tape du poing sur la table« , confie un membre de l’instance patronale.

D’autres patrons disent avoir reçu des appels  « à soutenir le candidat du parti aux 150.000 adhérents« . A la question de sa proximité avec le parti à la balance, Khalid Dahami répond sans détour: « tous les Marocains sont Istiqlaliens. Mon père était encarté, mais personnellement je ne le suis pas », nuance-t-il tout de même.

A la CGEM depuis 1994 et deux fois président de la fédération du commerce et des services, Khalid Dahami ne peut lorgner un troisième mandat, en vertu des statuts. « Il n’avait donc rien à perdre« , surenchérit un autre patron sous couvert d’anonymat. « Ne pouvant se représenter à la tête de la fédération de commerce, il a vu l’opportunité de négocier un poste en cédant ses voix à l’un des deux candidats en lice, si sa défaite était inévitable. Il aurait été gagnant dans tous les cas. Il a eu une démarche opportuniste et la CGEM y a répondu avec fermeté, ne pouvant tolérer un tel affront« , conclut sévèrement notre interlocuteur.

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