Le Maroc a désormais son championnat national de beatbox

Le Centre culturel Les étoiles de Sidi Moumen abritait, le 14 avril, la première édition du Championnat national de beatbox, organisé par la Positive School of Hip-Hop. Ambiance.

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Devant le jury, les beatboxeurs se livrent des battles sans merci. Crédit: DR

Dans une atmosphère imprégnée de sueur, ce samedi au Centre culturel Les étoiles de Sidi Moumen, l’énergie déborde. Une centaine de passionnés de rythmes y débarque pour participer au tout premier championnat national de beatbox (comprenez : « boîte à rythmes vocale »), organisé par la Positive School of Hip-Hop.

Cet art du chant inventif s’est répandu depuis 40 ans dans le monde entier. Né officiellement dans l’underground new-yorkais des années 1970, le beatbox est considéré comme le cinquième pilier du hip-hop, avec le rap, la danse, le graffiti et le djing.

Le premier battle de la phase finale réunissant Double-M et Nawal Rahmani. Crédit : DR.
Le premier battle de la phase finale réunissant Double-M et Nawal Rahmani. Crédit : DR.

Génération beatbox

En cette soirée du 14 avril, la salle polyvalente du centre culturel est pleine comme un œuf et trépigne d’impatience. Jeunes et moins jeunes attendent impatiemment l’annonce des 16 finalistes – les présélections (ouvertes à tous en échange d’une participation de 50 dirhams) ayant débuté à 14h.

Mais si le championnat a réussi à séduire une centaine d’amateurs de beatbox, tout est parti d’un simple constat. « Il n’existe aucune compétition nationale pour cette discipline », nous dit Anas Basbousi, directeur artistique de l’évènement.  Il n’en fallait pas plus pour qu’il se lance le défi d’y remédier.

« Il y a beaucoup de beatboxeurs talentueux au Maroc. Ils méritent vraiment de s’affronter au cours d’une compétition comme celle-ci« , explique-t-il. « En Europe, et même ailleurs, chaque pays à son propre championnat. Pourquoi pas nous ? D’autant plus que celui qui décrochera le titre représentera le Maroc au championnat mondial en Allemagne » poursuit celui qui dévoile, quelques minutes plus tard, le top 16 de la compétition.

Nawal Rahmani, la seule fille qui figure dans la liste des 16 finalistes. Crédit :DR

Si on note une importante présence féminine dans l’assistance, Nawal Rahmani est la seule fille qui figure dans la liste des finalistes. Âgée de 23 ans, cette étudiante en droit est d’ailleurs la seule fille à s’être présentée aux présélections. « Je suis venue de Meknès pour participer au championnat national. C’est l’évènement le plus attendu pour notre communauté, » confie-t-elle, loin d’être intimidée par la surreprésentation masculine dans la discipline. « Je me retrouve toujours en battle avec des hommes. Je m’y suis habituée« , assure-la jeune artiste, regrettant au passage qu’il n’y ait « aucune fille dans cette discipline au Maroc. »

Boom-boom chap

Il est 18h30 quand Anas Basbousi donne le coup d’envoi de la phase finale. Avec seize compétiteurs, 22 ans de moyenne d’âge, c’est une soirée de battles, de techniques de haut vol et d’esprit 100% hip-hop qui s’annonce.

Durant des heures, les finalistes inspirent l’intensité et la passion, et cherchent la puissance de l’évocation et de la provocation. Ils fusionnent ainsi, avec créativité et maturité, les codes du hip-hop et du beatbox contemporain. Les candidats sont départagés par un jury composé de trois professionnels de la discipline venus directement de France pour l’occasion.

Les membres du jury avec les deux finalistes. Crédit : DR
Les membres du jury avec les deux finalistes. Crédit : DR

Le jury de cette première édition est composé d’Alexis Grimaud, alias Alexinho, Marc Kharradji, alias Paya Braz, et Nassim Zengal, alias BMG. « En France, le beatbox est très populaire et la majorité des champions dans le monde sont de cette nationalité« , explique Anas.

« Nous avons déjà été juges dans d’autres compétitions. Néanmoins, nous allons élire le meilleur beatboxeur marocain. C’est une grande responsabilité. Ça demande beaucoup de concentration et on va tout faire pour être le plus juste possible« , confie Nassim Zengal.

Dans leur évaluation, les membres du jury attribuent une note globale en fonction de cinq critères (10 points par critère) : la technique, la musicalité, l’originalité, la qualité des sons et la présence scénique.

Atallah Mohamed, aka Double-M, meilleur beatboxeur marocain à côté de Anas Basbousi, organisateur de l'événement. Crédit : DR.
Atallah Mohamed, aka Double-M, meilleur beatboxeur marocain à côté de Anas Basbousi, organisateur de l’évènement. Crédit : DR.

Après des heures de battle, Atallah Mohamed, alias Double-M, s’adjuge le titre de meilleur beatboxeur marocain. Ce technicien du son, âgé de 22 ans, décroche donc du même coup une qualification directe pour le Championnat du monde qui se déroulera à Berlin en août prochain.

Selon Anas Basbousi, le lauréat de cette première édition a aussi gagné le droit de «  juger les compétiteurs des prochaines éditions« . L’objectif à terme de cette démarche est d’avoir, à très court terme, un jury 100% marocain.

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