Problèmes sanitaires, fiscalité... comment mettre à niveau la filière avicole?

Le ministre de l'Agriculture, Aziz Akhannouch, a répondu, en début de semaine, aux diverses revendications des professionnels du secteur avicole. Youssef Alaoui, président de la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA), nous donne les détails de cette rencontre.

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PIXABAY

Transports insalubres, augmentation des abattages traditionnels dans les quartiers, aberrations fiscales… Autant de revendications des représentants de la filière avicole auxquelles le ministre de l’Agriculture, Aziz Akhannouch, a répondu lors de la réunion qui s’est tenue le 10 avril à Casablanca en présence, également, des représentants du ministère de l’Agriculture, de l’Office National de sécurité sanitaire et alimentaire (ONSSA) et de la Mutuelle agricole marocaine d’assurance (MAMDA).

Youssef Alaoui, président de la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA), fait le point pour Telquel.ma, sur les revendications actuelles de la filière et sur les réponses apportées par le ministre de l’Agriculture.

Youssef Alaoui. Crédit: DR
Youssef Alaoui. Crédit: DR

Telquel.ma : Quelle est votre principale revendication?

Youssef Alaoui: Le respect de la loi 49.99 sur le secteur, qui n’est pas encore suffisamment appliquée. Il y a un vrai problème sanitaire qui se pose aujourd’hui: il existe un trop grand risque de dissémination en cas de maladie, et ce notamment à cause des conditions de transports. Contrairement aux recommandations sanitaires, la volaille est transportée dans des cages en bois alors que la loi prévoit du plastique ou du métal lavable. Le transport des fientes de volailles n’est lui toujours pas réglementé. C’est un risque pour les élevages.

Que prévoit le ministre de l’Agriculture pour mettre fin à ce problème ?

Nous nous sommes mis d’accord sur un plan d’action pour stopper le plus rapidement possible le transport insalubre des volailles vivantes et des fientes de volailles. Il s’agit d’une action concertée avec la gendarmerie royale. Nous ferons des contrôles routiniers stricts et les grossistes seront informés que leur marchandise pourra être saisie à tout moment par la gendarmerie en cas de non-conformité. On espère que d’ici cet été, l’ampleur du problème aura fortement diminué.

Vous pointez également du doigt les abattages traditionnels. Quel est le problème ?

Toute la partie production (élevages, les usines d’aliments, les couveuses, les  abattoirs…) est quasiment aux normes. Le problème c’est la partie distribution. Dans les marchés de gros, il y a un vrai manque d’hygiène. Il y a une dizaine d’années, les ministères de l’Intérieur et de l’Agriculture avaient publié une circulaire pour mettre aux normes les tueries dites traditionnelles qui sont à l’origine du problème. Mais ça n’a fait qu’augmenter. Il y a cinq ans on en comptait 8.000. Aujourd’hui, on est passés à 15.000!

Comment l’expliquez-vous ?

Le problème vient des autorités locales, car seules les communes peuvent donner l’autorisation d’ouvrir une tuerie de quartier. Or comme celles-ci ne sont pas aux normes, elles ne sont pas contrôlées par l’ONSSA. Ce qui n’est pas normal, selon nous.

Que prévoit là aussi le ministère de l’Agriculture pour répondre à ce problème ?

On peut aujourd’hui transformer ces tueries dites traditionnelles en petits points de vente conformes. C’est d’ailleurs ce que souhaitaient faire les ministères de l’Agriculture et de l’Industrie en lançant en 2017 le contrat-programme agroalimentaire qui prévoit la modernisation de 2.300 points de vente (carrelage, eau courante…). Le programme, financé par le Fonds de développement industriel, prévoit une enveloppe de 30.000 dirhams par point de vente. Mais rien n’a encore été lancé. Le ministre nous a promis d’accélérer la mise en place de ce programme.

Qu’en est-il du statut fiscal de l’éleveur contre lequel vous vous battez depuis plusieurs années ?

Il s’agit là de notre plus grande revendication. L’éleveur de volaille est considéré comme un marchand de gros et non un agriculteur. C’est-à-dire que dans la même ferme, vous avez deux éleveurs qui pratiquent le même métier.Selon l’animal, l’un est considéré comme un éleveur, l’autre comme marchand de gros. Or, une certaine charge fiscale pèse sur les marchands de gros. Ils sont par exemple soumis à l’IS, l’IR, la TVA…Bref, ils sont soumis à la même imposition qu’une industrie alors que la plupart des éleveurs de volaille se trouvent en milieu rural. C’est une aberration.

Le ministre nous soutient auprès du département des finances sur ce sujet. Tout le monde dit nous soutenir, mais à chaque loi de finances, notre amendement passe à la trappe… Nous avons également réclamé la récupération de la TVA non apparente sur les prix des œufs de consommation et la création d’une nomenclature douanière spécifique aux œufs SPF.

Vous travaillez avec la MAMDA sur un nouveau produit d’assurance. Pouvez-vous nous en dire plus ?

En effet, nous travaillons également avec la MAMDA, dont les représentants étaient présents à la réunion de mardi, sur un produit d’assurances multirisques pour les éleveurs : couvrir les dégâts dus aux intempéries, les risques d’exploitation… Le ministre de l’Agriculture a demandé la mise en place de ce produit dans les 15 jours. On le présentera ensuite au cours du salon de l’Agriculture 2018.

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