Au symposium du tourisme, Miriem Bensalah regrette un secteur en "roue libre"

Plusieurs acteurs ont regretté lors du symposium international du tourisme, organisé à Rabat, les difficultés que rencontre le secteur, appelant notamment à plus de pragmatisme.

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Meriem Bensaleh Chaqroun, Présidente de la CGEM.

L’industrie touristique est en stagnation, et les objectifs de la stratégie gouvernementale « Vision 2020 » semblent difficilement atteignables. C’est ce qu’ont affirmé des acteurs du secteur lors du symposium international du tourisme, organisé à Rabat ce mercredi 11 avril.

Miriem Bensalah-Chaqroun, actuelle présidente de la CGEM, coorganisatrice de l’évènement, a souligné à cette occasion que «  depuis 2010, on fait du sur-place« . « Nous ne perçons plus, nous sommes en situation d’inertie« , a-t-elle poursuivi. La patronne des patrons a ainsi pointé la responsabilité du gouvernement dans la situation actuelle du secteur touristique.

Un secteur qui, selon elle, est « négligé par l’exécutif » et souffre d’ « incohérence » des politiques publiques. « Le Comité stratégique conjoint du tourisme (CST) ne s’est réuni qu’une seule fois en 6 ans« , cite-t-elle en exemple, avant de conclure que « le tourisme est en roue libre« .

Mohammed Sajid, ministre du Tourisme, est quant à lui revenu sur les échecs de la stratégie balnéaire. « Le Pplan Azur, avec six énormes stations balnéaires, n’a pas bien fonctionné », reconnait-il. « Nous n’avons pas réajusté nos plans stratégiques pour les rendre plus pragmatiques », a-t-il poursuivi.

Pour sa part, Salaheddine Mezouar, ancien ministre de l’Économie et des Finances et actuellement candidat à la présidence de la CGEM, a rappelé dans son exposé les difficultés financières auxquelles sont confrontés les acteurs du secteur.  « Les acteurs touristiques ont dû puiser dans leurs réserves, ce qui a mis ces acteurs dans une situation critique (…) Le balnéaire a particulièrement souffert« , a-t-il souligné, citant le cas de la ville d’Agadir en exemple.

Abdelmalek Alaoui, PDG du cabinet de consulting Guepard Group, a affirmé pour sa part que deux principales menaces qui pèsent sur le secteur sont « le commerce des idées reçues et la prééminence des certitudes« . Ces « deux dynamiques de fond ont engendré une mécanique infernale« , explique-t-il.

Selon lui, les politiques publiques se sont limitées jusqu’à présent à l’investissement en infrastructures, sous le slogan « Build it, they will come » (construisez, ils viendront, NDLR), ce qui a engendré des « projets fantômes« .

« Nous continuons à nous battre avec des armes du 1.0 alors que le monde a changé« , a-t-il déclaré, illustrant son propos par les milliards de dirhams dépensés dans des campagnes publicitaires qui se sont lui se sont révélées aussi efficaces que le fait de «  jeter de l’eau dans le désert« .

« Si le tourisme est un secteur stratégique, il y a un discours de vérité qu’on doit adresser à nous-mêmes« , a déclaré Abdelmalek Alaoui, qui a mis en garde contre « le risque que nous quittions la balle des yeux« .

Par Soufiane Chahid

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