Quatre secteurs stratégiques pour le développement de l'intelligence artificielle

L'intelligence artificielle est devenue un levier majeur du développement économique. Pour ne pas être dépassée par cette révolution, la France s'est penchée sur cette question en commandant un rapport sur la stratégie à adopter afin de rattraper son retard dans ce domaine.

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Longtemps tétanisée par le « Syndrome minitel », la France compte bien rattraper son retard sur les pionniers de l’intelligence artificielle (IA): Etats-Unis, Chine, Angleterre, Canada et Israël. C’était l’une des promesses d’Emmanuel Macron, qui rêve de faire de la France une « start-up nation », et c’est le mathématicien Cédric Villani, auréolé par la prestigieuse médaille Fields (équivalent du prix Nobel pour les mathématiques) et récemment élu député de l’Essonne (nord de la France) sous les couleurs de La République en marche (LREM), qui est chargé de mettre en œuvre la vision du président français. Le rapport Villani explore toutes les facettes d’un sursaut français dans le domaine de l’intelligence artificielle.

Développer l’IA dans quatre secteurs stratégiques

Selon le rapport Villani, le développement de l’IA doit se concentrer sur quatre secteurs stratégiques : la santé, l’agriculture, le transport et la défense-sécurité.

Le déploiement de l’IA dans le domaine de la santé permettrait de mieux détecter et prédire l’évolution des maladies, à travers l’exploitation des informations d’un patient. Par l’exploitation des données personnelles du patient (Deep patient), l’IA pourra ainsi prédire l’apparition et l’évolution d’une maladie, ou suggérer une prise en charge par le réseau de soin.

Les données recueillies pourront aussi être exploitées, à travers le Dossier médical partagé (DMP), à des fins de recherche et d’innovation. En exploitant ces données, une analyse prédictive de la demande de soin permettra à terme de mener des politiques de santé plus efficientes et mieux ciblées.

Dans le secteur agricole, le rapport insiste sur le concept d’agriculture augmentée. En encourageant la recherche pour le développement de la robotique et des capteurs agricoles, l’IA peut par exemple aider à l’amélioration du bilan énergétique et à la diminution de l’utilisation d’intrants chimiques, via un meilleur suivi des rendements, un meilleur suivi des troupeaux, une amélioration de l’épidémiosurveillance, à partir des données des plants, des machines agricoles, des parcelles, de la météo, de l’agriculteur.

Pour ce qui est du domaine des transports, le rapport Villani avance trois principaux champs d’intervention pour l’IA: le développement du véhicule autonome, les modes de transports durables, en particulier électriques, ainsi que l’émergence et l’interconnexion de nouvelles solutions de mobilité pour réduire la densité du trafic de certains segments.

Pour le secteur de la défense, la mise en place d’un environnement propice à l’expérimentation et au développement de l’IA est recommandée. Les objectifs sont, d’une part, de permettre à l’écosystème de recherche et d’innovation réunissant industriels de la défense, communautés de recherche et entrepreneurs de travailler sur le domaine. D’autre part, il est question de s’assurer que les innovations produites soient rapidement intégrées aux systèmes opérationnels.

Impact sur le marché de l’emploi

Le développement de l’IA changera structurellement le marché de l’emploi. En effet, l’automatisation de certaines tâches et de certains métiers impactera durablement le marché de l’emploi soit par la transformation, soit par la disparition pure et simple de certains métiers.

Il faut donc préparer cette transition en transformant la formation initiale et continue afin de favoriser les pédagogies expérimentales à même de développer les compétences créatives qui deviennent de plus en plus cruciales. Le rapport suggère également de former massivement à l’IA. Il suggère, pour le cas de la France, de tripler le nombre de personnes formées.

La question éthique

A l’aune du scandale Facebook et de Cambridge Analytica, la question éthique devient centrale dans toute réflexion concernant l’IA. Le rapport préconise ainsi une approche éthique en phase avec les valeurs de l’Europe, ce qui est déjà le cas avec l’adoption récente de la  loi sur la protection des données personnelles en conformité avec le paquet européen de protection des données.

Le rapport suggère également une sensibilisation aux enjeux éthiques de l’IA, et la création d’un comité d’éthique pour les technologies numériques et l’intelligence artificielle, qui organisera le débat public et sera force de propositions en toute indépendance. Le rapport veut aussi ouvrir la boite noire de l’IA, en clair expliciter la manière de fonctionner des algorithmes et d’expliquer leurs décisions de manière intelligible.

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