Polémique autour du Pedovex. Dans un communiqué publié le 30 mars, le ministère de la Santé annonce la suspension de l’Autorisation de mise sur le marché de ce médicament générique généralement prescrit aux patients victimes d’un infarctus du myocarde. Une décision, prise « depuis le 28 mars » selon le département d’Anas Doukkali, ayant pour objectif de « de protéger et de préserver la santé publique au nom du principe de la précaution et de la sécurité sanitaire ». Le ministère de la Santé affirme également avoir procédé « au rappel de tous les lots commercialisés sur le marché national » dans son communiqué.
Une histoire de bioéquivalence
Ce retrait du marché intervient après celui effectué en Arabie saoudite (pays d’origine du médicament où il est fabriqué par le laboratoire Tabruk), en décembre 2017, où il ne satisfaisait pas aux critères de bioéquivalence au principe actif de référence. La bioéquivalence d’un médicament générique fait référence au fait que son principe actif se libère à la même quantité et à la même vitesse que son équivalent princeps.
Contacté par TelQuel Arabi, le chef de la direction des médicaments et de pharmacologie au sein du ministère de la Santé Omar Bouazza affirme que la direction placée sous sa responsabilité a pris cette décision « après avoir été tenue au courant de la mesure prise en Arabie Saoudite« , ajoutant que le retrait du Pedovex est « provisoire, tant que la direction n’aura pas reçu du laboratoire fabricant le médicament au Maroc le justificatif de bioéquivalence par rapport à la molécule de référence ».
Pour le responsable, le retrait de la vente du Pedovex est une mesure « tout à fait normale visant à vérifier sa composition». Selon Omar Bouazza, le ministère de la Santé n’a, jusqu’à présent, reçu aucune alerte sur l’inefficacité du médicament. « Dans le cas contraire, notre direction mènera les investigations nécessaires » assure-t-il.
Réactions en chaine
Si ce retrait du marché du Pedovex intervient près de quatre mois après celle du médicament sur le marché saoudien, le délai pris pour adopter cette décision peut s’expliquer par le fait « que le Maroc ne fait pas partie de la liste des pays que le laboratoire Tabruk est tenu d’informer en cas de retrait du médicament » indique le chef de la Direction des médicament et de la pharmacologie. La Tunisie, elle, « fait partie des pays ayant été avertis par le laboratoire Tabuk pour cesser de vendre le Pedovex » rapporte le responsable.
Au Maroc, c’est le laboratoire Zenith Pharma, qui s’est vu accorder une licence production et de distribution par le laboratoire Tabruk, qui fabrique le Pedovex . Pour son propriétaire, l’homme d’affaires Hamid Ouahbi, la décision prise par le ministère de la Santé est « justifiée ». Le propriétaire du laboratoire pharmaceutique assure que « le problème (autour du Pedovex, ndlr) sera réglé dans les quelques jours ou semaines à venir » dans des propos accordés à nos confrères de TelQuel Arabi. Ce dernier précise que son laboratoire «travaille depuis trois mois sur la préparation de la bioéquivalence du médicament générique avec le médicament original ».
Hamid Ouahbi indique également que les composants utilisés dans la fabrication du Pedovex au Maroc ne proviennent pas du laboratoire Tabruk qui fabrique le médicament en Arabie saoudite. En effet, Zenith Pharma s’approvisionne auprès d’ « un laboratoire européen » selon le responsable qui reconnait néanmoins que le laboratoire saoudien se fournit auprès d’ « un laboratoire étranger » sans préciser son origine.
Au ministère de la Santé, l’approche adoptée par les deux laboratoires de pharmacie suite au retrait du médicament en Arabie saoudite suscite des interrogations. « Pourquoi est ce qu’un laboratoire saoudien qui a accordé une licence de fabrication et de commercialisation à une entreprise marocaine ne notifie pas le Maroc du retrait d’un médicament ? Pourquoi le fabricant marocain n’a-t-il pas réagi ? N’y a-t-il pas un cadre dans son partenariat avec le ministère qui lui impose de le notifier ?» s’interroge une source proche du dossier.
Polémique
Si le ministère de la Santé affirme avoir ordonné le retrait du marché du Pedovex le 28 mars, celui-ci était encore en disponible en pharmacie à la date du 30 mars affirment nos confrères de TelQuel Arabi qui citent des « sources pharmaceutiques ». Joint par Telquel.ma, plusieurs pharmaciens casablancais affirment n’avoir été informé de la décision du département d’Anas Doukkali que le 30 mars. Une information qui vient corroborer celles publiées par LeDesk qui affirme dans une enquête publiée le 29 mars que le médicament était toujours en vente.
Une enquête dans laquelle le site d’information dénonçait la vente de ce médicament au Maroc suite à son retrait en Arabie saoudite et suivie de la publication d’un article datant du 30 mars dans lequel le média accuse le ministère de la Santé d’avoir « antidaté » sa décision « pour ne pas avouer avoir été contraint par une alerte de la presse ».
LeDesk accuse également le laboratoire pharmaceutique Zenith Pharma, d’avoir antidaté un communiqué annonçant le retrait du Pedovex et datant du 28 mars que Telquel.ma a pu consulter. Le site d’information en veut pour preuve un email groupé adressé par un responsable du laboratoire aux grossistes faisant référence au rappel du médicament datant du 30 mars. A ce jour, le ministère de la Santé n’a toujours pas réagi à ces accusations.
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