Bilal Ahbbad a-t-il incendié la résidence de police à Imzouren?

A l'audience de ce mardi à la Cour d'appel de Casablanca, Bilal Ahbbad, soupçonné d'avoir participé aux émeutes du 26 mars à Imzouren, était auditionné par le juge.

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La Cour d'appel de Casablanca. Crédit: DR

A 20 ans, Bilal Ahbbad risque de voir ses rêves de « devenir juge » partir en fumée. Poursuivi pour « atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat en commettant un attentat en vue de porter le massacre et la dévastation » et pour « entrave à la circulation de véhicules de la protection civile », il encourt jusqu’à 20 ans de prison.

Les enquêteurs le soupçonnent d’avoir participé aux événements du 26 mars, lors desquels des dizaines de lycéens ont incendié une résidence de policiers, causant d' »importants dégâts matériels et humains », pour reprendre les mots du président de la chambre criminelle de la Cour d’appel, Ali Torchi.

Mais Bilal Ahbbad nie sa présence sur les lieux du crime ce soir-là. « Je me trouvais à Al Hoceïma entre la prière d’Al-Asr et celle d’Al-Ichaâ en compagnie d’amis qui peuvent en témoigner. D’ailleurs, c’est un copain qui m’a appris sur Messenger la nouvelle des affrontements« , insiste-t-il.

Le procureur Hakim El Ouardi n’en démord pas. Se basant sur des procès-verbaux de la police judiciaire d’Al Hoceïma et du juge d’instruction, il rappelle que les actes de violence se sont déroulés entre 17h et 23h30 et note que Bilal Ahbbad a été aperçu sur les lieux vers 21h.

« Comment aurais-je pu participer aux événements alors que j’en apprends moi-même le déroulement sur Messenger?« , répète-t-il, s’adressant au juge, avec une pointe de désespoir dans la voix. Selon la transcription de cette conversation, traduite du rifain par l’interprète assermenté, Bilal Ahbbad confie à son interlocuteur qu' »il a appris qu’un incendie allait être provoqué« .

La défense, par le biais de Me Mohamed Aghnaj, assure qu’elle est en possession de deux conversations que son client a eues sur Facebook avec deux filles, et qui appuient son alibi. Nous n’en saurons pas plus sur le contenu de ces échanges.

La direction de Facebook sollicitée

D’autres éléments techniques, retrouvés sur son historique Facebook, accablent Bilal Ahbbad. Il s’agit, entre autres, d’un « like » sur la photo d’un homme armé d’un pistolet se définissant comme « membre de la mafia rifaine résidant en Europe« , qui, dans le texte de la légende, menace « d’exécuter » la plus haute autorité du pays « au cas où il ferait du mal à Nasser Zafzafi ».

Troublé, l’accusé balbutie : « j’ai liké la photo sans en lire le texte… Voyez, je possède un petit Samsung Galaxy Mini sur lequel la lecture des textes est difficile« .

Bilal Ahbbad tient le même discours lorsqu’il est confronté à une image sur laquelle un drapeau du Rif est entouré de mitraillettes qu’il a également likée et doublement commentée. Sur l’un des deux commentaires, il insulte, en anglais, le roi Mohammed VI. « Je ne maîtrise pas la langue anglaise« , se défend-il.

Alors que l’audience touchait à sa fin, la défense a réclamé que la direction de Facebook soit sollicitée afin de fournir des détails sur l’emplacement géographique de son client le soir des événements d’Imzouren.

Le procureur a rétorqué que le parquet a tenté plusieurs fois d’approcher la direction du réseau social, mais que ses demandes ont été refusées coup sur coup, puisque les politiques de confidentialité obligent Facebook à ne pas lever le secret sur les données de ses utilisateurs. Suite du procès ce jeudi 22 mars.

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