Aziz Akhannouch: "Nous n'avons aucune volonté d’affaiblir le gouvernement actuel"

Aziz Akhannouch enchaîne les interviews. Après "Confidences de presse", le président du RNI était l'invité du groupe Global Media Holding (MedRadio, Al Ahdat Al Maghribiya, Kifache.com, l'Observateur du Maroc).

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Crédit PJD.ma

Habituellement peu loquace, Aziz Akhannouch a livré une interview riche en enseignements, dans laquelle le président du RNI et ministre de l’Agriculture revient sur ses rapports avec l’ancien chef du gouvernement et l’actuel, ses rapports avec ses alliés et les ambitions du parti des bleus, entre autres. Morceaux choisis.

Boycott des ministres RNI du Conseil du gouvernement et activité gouvernementale à Oujda.

« Notre réponse est claire. Aucun membre du RNI n’a boycotté le Conseil du gouvernement. Personnellement, j’étais en Allemagne. Plusieurs de nos ministres ont été au Moyen-Orient. La secrétaire d’État, Lamia Boutaleb, était bel et bien présente ce jour-là. Pour l’activité gouvernementale à Oujda, j’en avais parlé au Chef du gouvernement. Le parti avait prévu deux ou trois mois avant ce déplacement, une rencontre avec les citoyens à Laayoune. Il nous était impossible de la reporter. J’en avais prévenu M. El Othmani. Il y avait une colère, mais pas un boycott. Les partis de la majorité ont contacté le chef du gouvernement. Une rencontre par la suite s’est soldée par la signature de la charte de la majorité ».

Le différend avec Abdelilah Benkirane

« Notre parti ne s’intéresse pas aux personnes, mais plutôt aux idées. Personnellement, je n’ai jamais eu de différend avec M. Benkirane. J’ai été élevé dans une famille qui nous a appris le respect d’autrui. J’ai été ministre au sein du gouvernement Benkirane et je ne dirai jamais ce que certains citoyens veulent entendre et qui me déplaît personnellement. Je ne veux confronter personne et je ne pense pas que M. Benkirane veuille chercher la confrontation… C’est multidimensionnel : nous comprenons qu’il y a des enjeux pour les partis politiques, qu’on est sorti d’une période et que plusieurs choses se sont succédé. Cependant, il y a des lignes rouges à ne pas franchir. Le cas échéant, nous saurons répondre ».

Gouvernement à 2 têtes?

« C’est faux. On est disciplinés et nous reconnaissons la structure et la hiérarchie. Il y a une constitution, des élections législatives, une majorité élue, un chef de gouvernement désigné par Sa Majesté le roi Mohammed VI. Je suis en parfait accord avec M. El Othmani. Je le connais très bien et depuis longtemps. Ce disant, il n’y a pas de problèmes, et surtout pas deux têtes au gouvernement. Toutefois, je dirige un parti qui a des idées, qui a le droit d’avoir des ambitions, et qui se prépare pour les prochaines échéances électorales ».

Le RNI, le gouvernement et le PJD

« Quand je dis que nous avons une mission à accomplir, j’évoque celle que m’a confiée le Congrès national du parti, ainsi que les Congrès régionaux. Je n’ai affaire qu’à la base du parti et, comme nous possédons des compétences avérées, nous avons donc des rôles à jouer pleinement. A l’avenir, notre pays doit passer à la vitesse supérieure. Nous n’avons aucune volonté d’affaiblir le gouvernement actuel. Il existe un Exécutif et un chef de gouvernement. Je suis avec celui-ci et je l’assiste. Il devrait accomplir la mission qui lui incombe jusqu’au bout et la réussir. Et nous, au RNI, nous sommes présents pour que le PJD, dont monsieur El Othmani est à la tête, réussisse. Nous sommes là pour cet objectif, non pas pour autre chose! »

L’ambition du RNI

« Nous travaillons dans le cadre des portefeuilles dont nous disposons aujourd’hui sous la responsabilité du chef de gouvernement. Mais on a besoin d’encadrer les citoyens, de recruter de nouveaux membres. Les gens ont besoin de savoir ce que nous prévoyons pour les autres portefeuilles et ce que nous préparons pour le futur. Les gens doivent comprendre : entre un parti dynamique et actif, qui travaille et se prépare à trois ans et demi des prochaines élections, et un parti qui travaille dans le gouvernement, ne s’exprime pas et attend un mois avant les échéances électorales de 2021 pour dire qu’il est prêt pour les élections, nous avons opté pour le premier choix ».

Le blocage gouvernemental

« La nomination d’Abdelilah Benkirane a coïncidé avec le changement au niveau de la présidence du RNI. Salaheddine Mezouar ayant décidé de démissionner, plusieurs membres du parti m’ont demandé de rejoindre le RNI dans cette nouvelle phase. Après 48h de réflexion, j’ai accepté cette offre, estimant que le moment était venu pour moi de contribuer au développement de mon pays. À ce moment-là, M. Benkirane m’a appelé pour parler de la nouvelle coalition gouvernementale. J’ai rétorqué que je n’étais pas encore président du parti. Je lui ai suggéré de commencer la concertation avec les autres partis et dès que nous serons prêts, je viendrai le voir. Le Parti Progrès et Socialisme (PPS) et le Parti d’Istiqlal (PI) avaient été déjà annoncés dans la coalition. Le lendemain de mon élection, je suis parti voir Abdelilah Benkirane avec l’ambition de compléter une équipe. Je lui avais dit alors qu’il avait le droit de choisir comment gérer sa majorité, mais, au moins, il aurait été souhaitable de commencer la concertation avec l’ancienne majorité qui l’avait soutenu et lui a permis cette élection. J’ai rajouté qu’après 5 ans de collaboration, des choses devraient changer pour permettre au gouvernement un fonctionnement meilleur. Des propos qu’il n’avait pas du tout appréciés ».

L’USFP et l’Istiqlal

« Nous lui avons proposé la participation de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) pour avoir une majorité solide, mais il a refusé. Je n’ai pas cessé de dire à M. Benkirane qu’il avait un rendez-vous avec l’histoire, qu’il ne fallait pas le rater, qu’il ne fallait surtout pas s’arrêter sur le groupe de l’USFP. Malheureusement, il en a fait une affaire. C’est lui qui a mis fin à sa mission en prononçant la phrase intaha alkalam (fin des discussions)… On n’avait aucun problème avec le parti d’Istiqlal, mais plutôt avec un de ses dirigeants.

https://www.youtube.com/watch?v=y1NTcp1-epk&t=1778s

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