Ex-espion empoisonné: Londres convoque une nouvelle réunion d'urgence

Londres a convoqué samedi une nouvelle réunion d'urgence sur l'empoisonnement de l'ex-agent double russe Sergueï Skripal, fourbissant ses armes en cas d'implication de Moscou, tandis que la police tentait de faire la lumière sur la tentative de meurtre, avec l'aide de militaires.

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"En fonction de ce qui ressort" de l'enquête, "il sera peut-être approprié que le gouvernement examine si les ministres et autres responsables doivent assister à la Coupe du monde", a déclaré la Première ministre britannique, Theresa May (crédit: AFP)

Le comité « Cobra », convoqué dans les cas d’urgence nationale au Royaume-Uni, se tiendra à 15H00 GMT et sera présidé par la ministre de l’Intérieur Amber Rudd, ont indiqué les services de la Première ministre Theresa May. Cette réunion d’urgence, la deuxième depuis mercredi, vise à faire le point sur l’enquête dirigée par la police anti-terroriste, qui a élargi ses recherches pour tenter de déterminer la provenance de l’agent innervant utilisé sur Sergueï Skripal et sa fille Youlia, son mode et son lieu d’administration.

Theresa May a promis jeudi de réagir de manière « appropriée » s’il s’avérait qu’un État était impliqué. Son ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson, avait dès mardi pointé la Russie du doigt, voyant dans l’empoisonnement de Serguei Skripal un « écho » à celui d’Alexandre Litvinenko, un ancien agent des services secrets russes et opposant à Vladimir Poutine tué à Londres en 2006, sur ordre de Moscou selon un juge britannique.

Dénonçant « de la pure propagande », la Russie a nié toute implication dans l’empoisonnement du couple, retrouvé inconscients dimanche dernier sur un banc de la paisible commune de Salisbury (sud de l’Angleterre) où vivait l’ancien espion au service du Royaume-Uni. Sergueï Skripal avait été condamné pour trahison dans son pays et était arrivé en Angleterre en 2010 à la suite d’un échange de prisonniers organisé entre Moscou, Londres et Washington.

Le gouvernement est prêt à répondre avec « toute la puissance des ressources du Royaume-Uni si c’est la chose appropriée et proportionnée à faire », a prévenu le secrétaire d’Etat à la Sécurité, Ben Wallace, samedi sur la BBC. « Il y a beaucoup de choses que le Royaume-Uni peut faire. C’est un pays puissant avec une économie puissante, des alliés puissants, une armée puissante et d’autres capacités puissantes, et nous allons toutes les étudier », a-t-il ajouté.

Le Daily Telegraph affirmait samedi que Theresa May pourrait annoncer « des sanctions contre la Russie dès lundi » alors que le Times soulignait que Londres discutait avec ses alliés américains et européens de possibles « représailles coordonnées » pouvant inclure des « mesures diplomatiques, économiques et militaires ».

La Première ministre avait précédemment averti que son gouvernement pourrait envisager un boycott diplomatique de la Coupe du monde de football, qui démarrera en juin en Russie. Parmi les options possibles figurent aussi le gel des avoirs d’oligarques russes proches du pouvoir, l’expulsion de diplomates ou le renforcement de la présence militaire britannique en Europe de l’Est.

Sur le terrain, la police a élargi ses recherches à tous les endroits fréquentés à Salisbury par Sergueï Skripal, 66 ans, et sa fille de 33 ans qui était venue lui rendre visite. Ils sont hospitalisé au Salisbury District Hospital dans un état « critique mais stable », ont indiqué les autorités médicales vendredi, après avoir été exposés à un agent innervant, substance chimique agissant sur le système nerveux et pouvant entraîner la mort.

Un restaurant et un pub où ils s’étaient rendus restaient fermés au public. Les cordons policiers ont été étendus autour de la maison de l’ex-espion, ainsi qu’au cimetière de Salisbury, autour de la tombe de son épouse décédée en 2012 d’un cancer et de la pierre commémorative de son fils. Ce dernier est mort l’an dernier d’une maladie du foie et a été incinéré.

Un policier, intervenu sur place dimanche, a également été touché. Il est dans un état « grave mais stable » bien qu’il soit conscient et qu’il puisse s’exprimer, a indiqué vendredi le chef de la police de Wiltshire, Kier Pritchard.

L’ancien chef de Scotland Yard Ian Blair a laissé entendre vendredi sur la BBC que le policier aurait pu être contaminé en se rendant au domicile de M. Skripal. Une hypothèse, selon les médias britannique, est que Youlia aurait introduit elle-même l’agent innervant au Royaume-Uni en apportant de Moscou un « cadeau offert par des amis ».

La police a reçu le renfort d’environ 180 militaires, selon le ministère de la Défense, déployés pour déplacer « un certain nombre de véhicules et d’objets » potentiellement contaminés. Elle a toutefois assuré que le public ne courait aucun danger.

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