Posé comme à l’accoutumée, Nizar Baraka a livré au Forum de la MAP les grands axes stratégiques que la nouvelle direction de l’Istiqlal a mis en place depuis son élection comme secrétaire général du parti le 7 octobre 2017. Il a également répondu aux questions d’un parterre de journalistes, présents pour couvrir l’une de ses rares sorties médiatiques depuis six mois à la tête du parti à la balance.
Sur sa vision pour l’Istiqlal
Toujours président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Nizar Baraka a entamé sa présentation par une série de slides. Il y explique que sa nouvelle vision pour l’Istiqlal repose sur « la réactivité, la plaidoirie, l’orientation stratégique et l’action sur le terrain« .
« Nous avançons vers un regain de la crédibilité de l’offre politique, puisque le citoyen a aujourd’hui retiré sa confiance en la chose politique, convaincu que les partis ne tiennent pas leurs promesses et engagements », souligne-t-il.
Sur le modèle de développement
Comme les autres partis appelés par le roi Mohammed VI à élaborer un nouveau modèle de développement, l’Istiqlal assure par le biais de son secrétaire général qu’il est sur le point de rendre publiques ses propositions.
« Suite au discours royal devant le parlement lors de l’ouverture de la législature, nous avons créé un comité chargé d’établir un modèle de développement et un autre comité pour la stratégie intégrée des jeunes. Ils ont présenté le mois dernier au Comité exécutif leurs conclusions« . Nizar Baraka ajoute qu’ « il ne faut pas le réduire en quelques politiques sectorielles, mais inclure le projet sociétal approuvé dans la Constitution« .
Sur les rapports avec le gouvernement
Le secrétaire général du parti à la balance considère qu’il n’y a pas eu d’exclusion du gouvernement El Othmani. » Il ne faut pas revenir au passé. Le parti, via son Conseil national d’octobre, a décidé de soutenir le gouvernement, que ce soit de l’intérieur ou de l’extérieur« , a-t-il poursuivi.
Baraka révèle que « le parti est passé d’un soutien absolu à un soutien critique, en approuvant certains points et en désapprouvant d’autres« . Il s’est également projeté sur le prochain Conseil national de son parti, prévu courant avril: « Nous allons évaluer objectivement la situation, voir comment le gouvernement a réagi à notre soutien et voir si son programme va de pair avec notre vision. Après quoi, nous déciderons soit de maintenir notre soutien critique, soit de passer à une opposition constructive ».
Sur les mouvements sociaux dans l’Oriental
Sans évoquer le cas de Jerada, Ain Beni Mathar ou Tendrara, Nizar Baraka explique que son parti a été à l’origine d’une « initiative pour promouvoir le développement dans la région de l’Oriental et dans la bande frontalière« . Parmi les dispositions prises, il cite des visites sur le terrain, des rencontres pour prises de contact, l’envoi d’un mémorandum au chef du gouvernement ainsi qu’une proposition de loi des députés Istiqlal.
« Il faudrait qu’il y ait une discrimination positive en ce qui concerne le budget des investissements publics dans les zones frontalières, avec l’aide de la Caisse de solidarité entre les régions et la Caisse du développement rural, dans une sorte de Plan Marshall« , suggère-t-il.
Sur les ambitions futures de l’Istiqlal
Expliquant que l’Istiqlal ambitionne, comme d’autres partis, à occuper les devants de la scène politique, Nizar Baraka déclare que le programme stratégique 2017-2027 de son parti n’a nul autre objectif que de permettre à l’Istiqlal de retrouver sa place dans le paysage politique.
Le chef du parti à la balance estime cependant que cette reprise en main doit se faire « à partir de l’essentiel et pas seulement en fonction des scores électoraux, mais sur la construction d’un nouveau corps politique capable de présenter des solutions« .
Sur la question du Sahara
Pour Nizar Baraka, « l’important est de renforcer le front intérieur par la concrétisation des dispositions de la régionalisation avancée dans les régions du sud« . Le patron de l’Istiqlal s’est également félicité de la participation de deux membres de son parti, les présidents des régions Lâayoune-Sakia El Hamra et de Dakhla-Oued Eddaha, à une rencontre entre le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, Horst Köhler.
Sur l’officialisation de l’Amazigh
Par rapport à l’évolution de la position de l’Istiqlal sur la langue amazighe, notamment durant le mandat de son prédécesseur Hamid Chabat, Nizar Baraka affirme que « le parti a fait son devoir en soutenant la Constitution de 2011 et appelant à voter oui pour deux langues: l’arabe et l’amazigh« . Le secrétaire général de l’Istiqlal ajoute qu' »en tenant compte des affluents qui caractérisent l’humanisme marocain, le parti proposera des amendements lorsque la loi organique pour l’officialisation de l’amazigh sera débattue au parlement« .
Sur la retraite des parlementaires
Approuvant, comme l’ensemble des partis composant la Chambre des représentants, la réforme annoncée du régime de retraite des parlementaires, l’ancien ministre de l’Economie et des Finances estime qu' »on ne peut pas avoir une Chambre des conseillers disposant d’un système de retraite et d’une Chambre des représentants qui en est dépourvue. Il faut garder une cohésion dans le parlement« . Une réponse au groupe parlementaire du PJD qui avait déposé une proposition de loi visant à liquider la caisse de retraite des députés de la première chambre, avant de la retirer.
Sur l’héritage des femmes
Concernant l’appel à un débat national autour de la question d’héritage, et notamment celui de la femme dans la législation marocaine, Nizar Baraka anticipe: « Nous restons attachés aux constantes de la nation et on ne peut pas ouvrir des débats en dehors des institutions compétentes« . Pour le patron du parti de la balance, la réponse à cette question est « clairement précisée dans le coran« .
Sur la « pensée Istiqlalienne »
Tout en reconnaissant un « recul de la production intellectuelle au sein du parti« , Nizar Baraka affirme que « la pensée istiqlalienne » connait un renouvellement grâce au centre de recherche du parti qui a pour but de « promouvoir la pensée égalitaire et la formation des militants« . Il estime néanmoins que la situation actuelle a également comme origine « le recul du rôle des intellectuels dans le débat public » et « la vulnérabilité des classes moyennes disposant de la force de proposition« .
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