Le Mouvement de l’unicité et de la réforme (MUR) s’active en vue de son sixième congrès prévu pour l’été prochain. « Plusieurs changements seront  opérés d’ici là« , nous déclare Abderrahim Chikhi, président de l’organisation.

Parmi les changements prévus, la révision de la charte  du MUR, élaborée il y a 20 ans, qui est sur le point d’être conclue. « Nous avons essayé d’épurer la charte et de l’adapter à l’air du temps. C’est une manière d’éviter toute mauvaise interprétation de nos intentions« , nous explique Fayssal Bakkali, responsable du pôle de  production scientifique et idéologique du Mouvement.

Cette charte prévoit notamment la révision de la vocation du MUR. Le bras idéologique du PJD compte ainsi prendre ses distances avec l’action politique afin de se consacrer à la prédication et au travail associatif.

« La politique et la religion ne font pas forcément bon ménage. C’est pour cette raison que nous souhaitons recentrer notre vocation. Nous sommes un mouvement appartenant à la société civile ayant un référentiel islamique« , poursuit Fayssal Bakkali.

Même si l’actuel bureau exécutif du MUR compte des cadres du PJD comme le porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, ou encore le ministre de l’Emploi, Mohamed Yatim, le  Mouvement compte  » repenser son rapport au PJD« , affirme Fayssal Bakkali. « Pour le moment, c’est confus. L’idée est là, mais les lois devraient suivre« , précise-t-il.

Le Mouvement a également l’intention de se départir de son référentiel wahhabite et salafiste. « Plusieurs passages rédigés dans un contexte complètement différent de celui d’aujourd’hui ne sont plus adaptés à la vision que nous avons de notre organisation« , explique encore le membre du bureau exécutif du mouvement.

À titre d’exemple la notion de « loyauté et de désaveu (Al Wala wa Al Bara) » présente dans l’actuelle charte du MUR sera revue, car le désaveu (Al Bara) signifie l’hostilité et la haine envers les non-croyants. « Cette  conception est dépassée aujourd’hui« , commente Bakkali.

La notion d’Al Oukhouwa (la fraternité) fait également l’objet d’une refonte, car elle risque d’être « mal interprétée, et donnerait l’image d’un clan se dressant contre la société », précise notre interlocuteur. « L’objectif pour nous n’est pas d’être ghettoïsé et isolé de la société« , complète le représentant du MUR.

Tout en assumant un référentiel islamique, le MUR compte toutefois s’ouvrir à de nouveaux courants réformistes. « Si à une certaine époque nous avons été intimidés par la pensée salafiste aujourd’hui nous nous ouvrons à de nouvelles idées et même de l’intérieur. La pensée réformiste d’un Ahmed Raissouni est valable et recevable de Tanger à Jakarta », affirme Fayssal Bakkali. Le projet de cette charte sera présenté et voté lors du 6e congrès du mouvement qui se tiendra en août.