Procès du Hirak: "Est-ce que je n'ai pas le droit de me liker moi-même ?"

Lors de l'audience de ce mardi dans le procès du Hirak à Casablanca, les mentions "J'aime" sur Facebook ont été citées comme pièces à conviction.

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Crédit : Aicpress

Une salle quasi vide accueillait hier l’audience d’Ahmed Hakimi à la Cour d’appel de Casablanca. Une demi-douzaine d’avocats seulement avaient pris place sur les bancs, devant un public composé essentiellement de journalistes et de quelques proches des accusés.

Ahmed Hakimi est un homme corpulent, bourru, à la voix grave et au ton presque moqueur. Il officiait comme agent de sécurité dans une agence bancaire d’Al Hoceïma.C’est d’ailleurs dans cette même agence qu’il aurait été « kidnappé par six ou sept hommes en civils, un jour de Ramadan« .

Au commissariat d’Al Hoceïma, il raconte avoir été surnommé « Jaïdi de Zafzafi », en référence au chef de la garde rapprochée royale. Ahmed Hakimi ferait partie de ces hommes bien bâtis que l’on voyait escorter le leader du Hirak dans ses sorties.

« Moi, garde du corps de Nasser ? Non. C’est un ami de longue date, et un cousin éloigné. Quand sa mère a reçu des appels la menaçant d’assassiner son fils, j’ai décidé de l’accompagner dans ses sorties, par amour fraternel », répond-il au juge Ali Torchi.

Mais le magistrat n’en démord pas, et l’interroge sur son rôle dans les manifestations. L’accusé signifie alors qu’il s’était « simplement porté volontaire pour protéger les biens publics et privés de la ville, mais aussi les femmes et les enfants« .

« Est-ce que je n’ai pas le droit de me liker moi-même ? »

Comme la majorité de ses codétenus ayant comparu devant la cour, Ahmed Hakimi est interrogé sur la présence ou non de drapeaux du Maroc dans les manifestations du Hirak, et sur la signification du pavillon du Rif. Comme la majorité de ses prédécesseurs à la barre, il explique que « le drapeau du Rif est un symbole culturel et historique, celui de la résistance face aux colonisateurs français et espagnol« , tout en jurant sur « l’existence du drapeau marocain dans les sit-in et manifestations à Al Hoceïma« .

Les fameuses mentions « j’aime » sur les publications Facebook ont fait leur retour dans ce procès. Le juge a fait défiler plusieurs captures d’écran de l’historique Facebook personnel de l’accusé, où l’on peut voir celui-ci liker et partager les publications d’autres militants du Hirak.

L’une d’elles concerne « la réponse forte de Nasser Zafzafi à la mafia du gouvernement« . Une autre montre Ahmed Hakimi attablé à une terrasse de café, en compagnie de Nasser Zafzafi. « Est-ce que je n’ai pas le droit de me liker moi-même?« , plaisante nerveusement l’accusé.

À la présentation de ces pièces à conviction, les railleries se multiplient dans le box des accusés. « Vous nous avez ramenés d’Al Hoceïma pour des likes. C’est ça les actes criminels dont vous parlez? », lance Chakir Lmakhrout, immédiatement expulsé par le président du tribunal.

Une décision qui n’a fait que crisper les détenus. « Montrez-nous les armes et les financements étrangers que vous nous attribuez. C’est une honte!« . Dans ce brouhaha général, le juge décide de reporter le procès au jeudi 22 février.

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