Laenser à TelQuel: "L’avis de Benkirane n’est pas l’avis d’un militant lambda"

Peu disert depuis la formation du gouvernement El Othmani, Mohand Laenser revient dans cet entretien sur les tensions entre les partis de la majorité, les menaces qui planent sur la coalition, la signature de la charte de la majorité ainsi que sur le congrès du Mouvement populaire.

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Mohand Laenser © Yassine Toumi

A quelques mois de son congrès qui élira un nouveau secrétaire général, le Mouvement populaire a tenu son Conseil national le 17 février à Bouznika. Dans son discours d’ouverture, le patron du parti de l’épi n’a pas manqué de réagir aux propos de Benkirane en s’interrogeant sur l’avenir de la majorité, joignant sa voix à celles de Aziz Akhannouch et Driss Lachgar. Dans cet entretien, Mohand Laenser revient sur les raisons de sa sortie, le « flou » qui règne au sein de la coalition gouvernementale mais aussi sur la préparation du congrès du parti et l’éventuelle candidature de Mohamed Hassad.

Telquel.ma : Après le RNI et l’USFP, vous avez réagi aussi aux déclarations polémiques d’Abdelilah Benkirane (tenues lors du Congrès de la Chabiba début février) lors du Conseil national du Mouvement populaire. Est-ce que ces propos sont de nature à fragiliser la coalition ?

Mohand Laenser : D’abord, je n’ai pas parlé de Benkirane et je ne visais pas que lui. Ssi Nabil Benabdellah a fait aussi des déclarations juste après en disant que certains n’ont pas respecté des dispositions constitutionnelles (un communiqué du PPS a condamné le 12 février le boycott du Conseil de gouvernement par le RNI, NDLR). Cela dit, en ce qui concerne Benkirane, qui n’a apparemment pas de responsabilité politique au sein du parti, du moins pas de responsabilité reconnue, il est très difficile, vu sa position morale, de considérer qu’il s’agit de l’avis d’un militant lambda.

Toutes ces petites piques et tous ces petits discours ne sont pas faits pour renforcer la cohésion de la majorité. Il faut se respecter et si on a quelque chose à se reprocher, on a des instances. Que ça se dise d’abord en interne avant de voir si ça mérite de sortir. C’est ce qu’on est d’ailleurs train de préparer dans le cadre cette fameuse charte de la majorité.

Sera-t-elle bientôt signée ?

Elle va être signée la semaine prochaine. C’est une charte morale qui est censée mettre en place les organes qui coordonnent et qui sont des espaces de discussion au sein de la majorité.

Au sein du PJD, des discours vont à l’encontre des décisions du gouvernement, comme le prouvent les déclarations de certains membres influents du parti ou certaines positions du son groupe parlementaire. Cela pourrait-il menacer l’avenir de la coalition ?

C’est une situation qu’on ne peut pas nier. Le PJD connait un certain nombre de problèmes qui ne sont pas encore réglés, ils sont en train d’essayer de colmater pour recouvrer l’unité du parti mais la réalité du parti est là. Alors est-ce que ça va continuer et fragiliser la coalition, je ne peux pas le dire, ce qui est sûr c’est que ça va fragiliser le PJD lui-même. Ceci dit, tout dépend des signes qui seront donnés par les institutions. Si les institutions donnent des signes suffisamment forts pour dire qu’un tel parle au nom du parti et que tel autre n’exprime qu’un avis, je ne crois pas que ça puisse fragiliser la coalition. Si on maintient le flou, ça posera bien entendu problème.

Revenons au Conseil national du Mouvement populaire tenu le 17 février. Selon plusieurs sources, il est désormais question d’amender des statuts afin d’ouvrir la voie à une candidature de Mohamed Hassad…

Le seul organe habilité à amender les statuts est le Congrès. D’ailleurs, à chaque congrès on amende des statuts, y compris l’article en question qui avait été amendé lors d’un précédent congrès. Les militants ne sont pas hermétiques au débat.

Etant donné que vous ne vous présenterez pas à votre propre succession, soutiendriez-vous une éventuelle candidature de Mohamed Hassad ?

Les statuts ne me permettent pas de me représenter et je n’en ai pas non plus la volonté. Pour le moment, tous les militants du MP sont a priori des candidats potentiels. Et ce que je ferai, par déontologie, ce n’est ni le moment ni le contexte pour le dire.

Quand est-ce que le parti tiendra son congrès ?

La date dépendra de la commission préparatoire, qui sera mise en place dans quelque jours. Elle va se pencher sur le délai et sur la logistique. On pense au mois de septembre mais c’est la commission qui tranchera.

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