La grand-messe des investisseurs en capital à Casablanca

Près de 300 investisseurs, entrepreneurs, gestionnaires, conseillers et représentants des pouvoirs publics marocains et étrangers étaient réunis à Casablanca le 14 février, pour la 8e Journée du capital investissement.

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Après la présentation par Nezha Hayat, présidente de l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), de l’environnement du capital investissement au Maroc marqué par une évolution favorable du cadre réglementaire, Jean Michel Sévérino, président d’Initiatives & Partenaires, a rappelé le rôle du capital investissement comme accélérateur des entreprises leaders avec une forte croissance durable.

Il a notamment incité les opérateurs locaux à profiter de la position du Maroc comme un hub pour l’Afrique subsaharienne en levant les capitaux abondants disponibles localement ou à l’étranger afin de les allouer aux champions africains qui connaîtront la plus forte croissance dans les années à venir.

Les fonds peuvent être davantage mobilisés auprès de grandes multinationales si les gestionnaires peuvent proposer au-delà de la rentabilité des stratégies de synergie, de co-investissement, ou des futures cibles pour ces investisseurs lors de la phase de sortie du fonds.

Certains entrepreneurs ayant recours au capital investissement pour financer leur croissance interne ou externe ou ayant bénéficié d’un accompagnement dans des projets de transformation ont pu partager leurs expériences avec le public. Ainsi, certaines entreprises ont pu faire des acquisitions en Europe ou en Afrique tandis que d’autres ont pu créer des champions nationaux dans leurs secteurs respectifs.

Capital amorçage sur la bonne voie ?

Le capital amorçage qui bénéficie depuis 2017 du soutien d’Innov Invest, écosystème mis en place par la Caisse centrale de garantie (CCG), a permis la levée de plusieurs centaines de millions de dirhams destinés aux entreprises jeunes et innovantes.

Ainsi, le capital amorçage, considéré depuis longtemps comme le parent pauvre du capital investissement, se retrouve bien doté et bien intégré dans un écosystème complet. L’objectif étant de faire émerger les meilleures startups qui pourront être accompagnées plus tard par les fonds de capital développement.

La session de cette année a abordé également le concept de « management de transition » qui représente un levier important pour les fonds. En effet, il s’agit de managers expérimentés et souvent surqualifiés qui prennent en charge une mission bien définie pour une durée convenue, rappelle Gérard Pfauwadel de X-PM, cabinet spécialisé en la matière.

« La relation entre le manager et la société doit être bien cadrée sur le plan juridique et de gouvernance afin de donner à la mission toute sa valeur ajoutée et permettre selon le cas soit de redresser une situation, soit de gérer une situation post-acquisition ou enfin de préparer une transmission ».

Gérard Pfauwadel

Des niveaux de TRI mitigés

Pour ceux investissant dans les fonds, le retour d’expérience s’avère plutôt mitigé, l’industrie étant encore jeune et les rendements peu attractifs dans la région.

Ainsi, le taux de rentabilité interne (TRI) moyen net constaté dans les pays où ils opèrent (Europe et Afrique) gravite autour de 8%, lorsque le TRI moyen estimé des fonds au Maroc ressort à 13%.

D’autres investisseurs recommandent aux gestionnaires de proposer une valeur ajoutée par rapport aux gestionnaires existants, d’avoir recours à un administrateur du fonds qui centralise la fonction de dépositaire et qui est le tiers de confiance des investisseurs, et enfin d’avoir recours aux experts métiers de façon plus soutenue eu égard à la diversité des secteurs investis par les fonds.

Le capital investissement en infrastructure, dont le défi en Afrique est la difficulté à avoir des projets développés prêts à être investis, a été également au rendez-vous de cette année.

Les gestionnaires sont obligés de participer au développement en tant que « local partner » des opérateurs internationaux. A contrario, l’épargne disponible pour cette classe d’actif est très importante et les TRI sont en constante baisse.

Cette situation est temporaire, et aboutira à terme à une adéquation dans l’allocation projets/capitaux, puisque l’Afrique concentrera la demande la plus importante en infrastructures.

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