Indiscrétions: les candidats à la succession de Bensaleh à la tête de CGEM en ordre de bataille

Miriem Bensaleh-Chaqroun, première femme à la tête du patronat marocain, achèvera son mandat le 12 mai 2018. Elle devra céder son siège de patronne des patrons, qu'elle occupe depuis 2012. Pour lui succéder, 3 noms reviennent avec insistance.

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Meriem Bensaleh Chaqroun © Yassine Toumi / TELQUEL

Errachidia, 6 février 2018, une page se tourne. La CGEM y tient son conseil national de l’entreprise (CNE), mais surtout le dernier conseil d’administration du deuxième mandat de Miriem Bensalah. Les regards sont désormais rivés sur ses potentiels successeurs.

Plusieurs noms circulent, de Mohamed Talal à Mohamed Horani, en passant par Mohammed Fikrat. Cependant, certains reviennent avec plus d’insistance que d’autres. « Hammad Kassal, l’un des fondateurs de la CGEM, se présentera en binôme avec l’industriel Omar Chaâbi« , nous confie une source dans les hautes sphères de la CGEM.

« Abdelilah Hifdi, président de la Fédération nationale du transport, ira aussi, tandis que Hakim Marrakchi, directeur général de Maghreb Industries, se présentera avec Khalida Azbane« , poursuit notre interlocuteur.

Le dépôt des candidatures sera ouvert à partir du 12 mars 2018. Celles-ci seront validées le 18 avril, tandis que la campagne débutera le 19 avril. Le nouveau conseil d’administration et la présidence seront quant à eux élus lors d’une assemblée générale extraordinaire prévue le 22 mai 2018.

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Hammad Kassal, « Mr Startup » en tandem avec Omar Chaabi

« C’est acté. Hammad Kassal se présentera en binôme avec Omar Chaabi« , affirme un membre de la campagne des deux compères. La ligne du programme de Kassal est claire: renouveler l’élite et ouvrir les marchés aux startups.

« Nous avons une économie désuète, de notables et de rentiers. Lançons des milliers de jeunes dans la course et donnons-leur les mêmes chances que les plus grandes entreprises du pays« , confie notre source.

Hammad Kassal est l’un des fondateurs du pôle PME de la CGEM et l’un de ses anciens présidents. Après un doctorat en économie internationale décroché à Paris en 1989, il choisit de se lancer dans le secteur de la torréfaction de la pistache au Liban.

De retour au Maroc il crée une PME, Pistacherie Rayane, dont l’usine se trouve dans sa région natale, Taza. Fortement attaché à la région, il est aussi vice-président de l’association de développement de la ville. Avant il a été tour à tour vice-président de la CGEM, vice-président de l’ASMAX (l’Association marocaine des exportateurs), membre du CNE, membre de l’Union des économistes marocains et du bureau de l’Association de l’intelligence économique.

Hakim Marrakchi

Hakim Marrakchi, « Mr Industrie », en tandem avec Khalida Azbane 

Fervent soutien de l’adhésion du Maroc à la CEDEAO, Hakim Marrakchi, DG de Maghreb Industries (59 ans), a été vice-président de la CGEM de 2009 à 2012. « Ce sera le candidat soutenu par Bensalah. Il devrait se présenter en binôme avec Khalida Azbane« , confie une source proche.

« Bensalah est toujours l’unique présidente en activité. C’est encore prématuré d’annoncer ma candidature« , explique le principal intéressé. « Toutefois je ne nierais pas que j’y réfléchis intensément. En tout cas, je suis persuadé que la personne la mieux placée pour succéder à l’actuelle présidente devra être un industriel aguerri qui représente le capital marocain« , continue-t-il.

« Si le devoir m’appelle, je  ne rechignerai pas à la besogne. Il reste du travail à faire pour relancer entrepreneuriat et augmenter la création de richesse« , argue-t-il.  Pour lui, l’homme de la situation devra être « au fait des règles de la concurrence et qui a les bons relais au niveau de l’administration pour susciter les reformes nécessaires« .

Actuel directeur général de Maghreb Industries qui exploite les marques Flash et Freegum au Maroc, Hakim Marrakchi exporte ses chewing-gums en Europe et aux USA. En 2011, il en a écoulé pour pas moins de 360 millions de dirhams au pays de l’oncle Sam.

Titulaire d’une maîtrise en mathématiques appliquées, il débute sa carrière dans la banque à Londres, puis assure la direction financière d’une entreprise de distribution pétrolière. « Nonobstant s’il y a des candidats mieux placés que moi, je leur laisserai la place« , déclare-t-il, bon joueur.

Crédit: DR
Crédit: DR

Abdelilah Hifdi, la plaque tournante du transport

Abdelilah Hifdi (62 ans), président de la Fédération nationale du transport (FNT), est aussi un des favoris, selon nos informations. Contacté par nos soins, Hifdi est resté injoignable.

Président du groupe parlementaire CGEM à la Chambre des conseillers depuis 2015, il est aussi président de la Fédération nationale du transport au sein du patronat, de la Confédération nationale du transport et de la logistique (CNTL) et de l’Union africaine du transport et de la logistique (UATL).

« Pourquoi ne pas regrouper toutes les initiatives visant à accompagner les PME et TPE (…) en mettant en commun les moyens mis à leur disposition et en consolidation les incitations fiscales (…) ? De meilleurs résultats seront obtenus« , déclarait-il au parlement le 25 avril 2017.

Docteur en sciences administratives, Abdelilah Hifdi est aussi membre du Conseil économique, social et environnemental (CESE), coprésident du groupe d’impulsion économique Côte d’Ivoire–Maroc, mais également membre de la Commission nationale du Recours fiscal.

N’ayant pas peur de monter au créneau, il déclarait lors de la même session au parlement que la CGEM « a exhorté le gouvernement à porter davantage d’attention aux autres secteurs industriels, tels que les industries métalliques, métallurgiques et mécaniques et d’octroyer à l’entreprise nationale les mêmes avantages que ceux dont bénéficient les entreprises étrangères« .

Jamais deux sans trois?

En interne un séisme avait agité la CGEM il y a 4 mois. Des rumeurs lancées par des proches de Miriem Bensalah suggéraient une réforme des statuts de la CGEM, afin de lui permettre de briguer un troisième mandat.

« Cette rumeur avait été lancée pour tâter le terrain. Quand elle a compris que personne n’allait la suivre, elle a fait machine arrière« , confie une source dans les hautes sphères de la CGEM. « Si le patronat ne donne pas l’exemple en matière de respect des mandats et des statuts, cela décrédibilise la confédération« , conclut la même source.

Contactée par nos soins, une source proche de Miriem Bensalah nie en bloc ces assertions, préférant se concentrer sur le bilan de la présidente sortante et l’avenir de la confédération patronale. On nous assure que le successeur de la patronne des patrons héritera d’une institution forte, plus que jamais ouverte sur l’Afrique et qui a désormais droit de cité au parlement.[/encadre]

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