Allah Islah, une pièce de théâtre qui remet en question le patriarcat familial

La pièce de théâtre Allah Islah suscite la réflexion autour des retombées du modèle éducatif patriarcal. Après une première représentation en décembre, la troupe "19H Théâtre" en prévoit deux autres les 10 et 23 février.

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Comment fait-on pour réussir l’éducation de ses enfants ? Qu’est-ce qu’une éducation réussie si ce n’est une projection fantasmée des propres désirs et frustrations des parents ? S’il est difficile, voire impossible, de livrer la recette d’une bonne éducation, il demeure intéressant de susciter la réflexion autour de ces questionnements. C’est l’ambition de la pièce théâtrale, en arabe dialectal, Allah Islah (littéralement « Que Dieu répare ») qui sera jouée les 10 et 23 février prochains au théâtre de la Fédération des œuvres laïques (F.O.L).

Que Dieu répare, amen !

La pièce, jouée par la troupe « 19H Théâtre », a été écrite et mise en scène par Youssef Lahrichi. Ce lauréat du conservatoire d’art dramatique français nous explique que le titre « a été réfléchi pour annoncer clairement la couleur de la pièce de théâtre, dont le sujet principal est l’éducation« .

« Quand on voit un père ou une mère avec son enfant, on se précipite pour lui dire Allah Islah, ce qui veut dire: ‘que Dieu fasse de cet enfant quelqu’un de bien' », nous explique Youssef Lahrichi. « Des fois on peut rater l’éducation de ses enfants et leur causer du tort. Alors, il ne reste plus que le Bon Dieu à prier pour qu’il les répare« , poursuit-il.

Drôle et réaliste, « Allah Islah » raconte le quotidien d’une mère et de ses trois filles. Ces dernières incarnent chacune le résultat différent d’une même éducation. Elles vivent, toutes, sous le joug de Ssi Mustapha, un père conservateur, agressif, à l’autorité abusive.

Il fait preuve d’une sévérité à la limite de l’absurde et poussée à son paroxysme, fait régner la peur et la soumission au sein du foyer. Son discours brutal, un modèle d’éducation archaïque, produit des résultats contrastés chez ses trois filles.

Comédie percutante

« Nous ne cherchons pas à dénoncer le patriarcat, mais plutôt à susciter la réflexion autour des retombées du modèle patriarcal« , explique encore Youssef Lahrichi. Pour lui, les petites filles élevées dans les conditions décrites dans la pièce de théâtre sont destinées à devenir « des citoyennes frustrées et victimisées, manquant considérablement de confiance en elles« .

Modèle éducatif, patriarcat, place de la femme… autant de thématiques au coeur du quotidien des familles marocaines, sont abordées dans cette pièce de théâtre.

Dans Allah Islah, l’absurde épouse le cocasse. Les choix de mise en scène permettent donc de « servir le propos de la pièce et de mettre en exergue les problèmes de communication et la place de la femme dans la famille marocaine; deux autres thématiques phares de la pièce« , relève Youssef Lahrichi.

Au-delà, le jeu des comédiens, impliqués et complices, contribue également à faire sourire le spectateur tout en l’invitant à la réflexion.

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