Le Conseil supérieur de l'enseignement promet la généralisation du préscolaire dans 10 ans

Le Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) organisait ce mercredi une rencontre d'information sur "l'éducation préscolaire, pilier de la nouvelle école marocaine".

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Crédit : Rachid Tniouni

La généralisation de l’enseignement préscolaire au Maroc a pris plus de 10 ans de retard. « Il a été convenu de le faire en 2004, mais cela n’a pu se concrétiser suite à de nombreux reports« , explique Mohammed Affaya, membre de la commission permanente de l’éducation pour tous du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS), ce mercredi.

Le professeur universitaire, qui s’exprimait lors de la réunion d’information du Conseil, a rappelé que le chantier de la généralisation obligatoire et progressive de l’enseignement pour les enfants âgés de 4 à 5 ans révolus « est un engagement de l’État par la force de la loi et des conventions internationales, notamment les 17 Objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030« .

Mais dans son diagnostic, le CSEFRS pointe notamment du doigt le « non-respect par l’État de ses engagements en matière de mise en œuvre des dispositions de la Charte nationale d’éducation-formation ainsi que l’absence d’un cadre juridique global et unifié pour l’enseignement préscolaire« .

Il en va de même pour l’effort de sa généralisation. Tous les établissements confondus accueillent près de 588.000 enfants sur un total national de 1,342 million, soit 43,8% du total seulement, d’après les chiffres du ministère de l’Eduction nationale.

Pour y remédier, l’institution présidée par le conseiller royal Omar Azziman propose une réforme en profondeur. Objectif: « articuler le préscolaire avec l’enseignement primaire dont il constituera progressivement le premier cycle, jusqu’à devenir une étape obligatoire pour l’inscription en première année primaire« , explique Mohammed Afaya.

Des appels à renforcer l’avis du CSEFRS

Représentant la communauté éducative, les différents intervenants au cours de cette rencontre ont incité le CSEFRS à prendre en compte différentes suggestions qu’ils jugent indispensables à la réussite de la réforme envisagée par le CSEFRS.

Il a ainsi été préconisé de reformuler et d’alléger les dispositions du cahier des charges autorisant les établissements privés à enseigner les enfants de 4 à 5 ans révolus. Une proposition visant notamment à éradiquer l’anarchie régnant dans les quartiers populaires où prédominent les écoles non homologuées.

D’autre part, l’assistance a appelé à élargir le débat sur les « leviers d’amélioration de l’actuel schéma éducatif primaire » dressés par le CSEFRS durant sa présentation.

Parmi ces leviers, celui touchant à la question linguistique recommande d' »insérer les langues arabes et françaises en se focalisant sur la communication orale« .

Il a ainsi été proposé d’avoir recours à la langue maternelle comme première langue d’apprentissage préscolaire, notamment dans les régions amazighophones du pays, mais aussi d’encourager l’usage de l’anglais « pour plus d’ouverture sur l’Afrique et sur le monde« .

Les principes de l’égalité des chances et de la non-ségrégation ont également été abordés. L’objectif était de voir ces deux thématiques « mieux défendues ».

Cela passe, d’après les intervenants, par l’affranchissement des différents obstacles rendant difficile l’intégration des personnes handicapées. Cette « prise d’attention » se veut conforme aux dispositions de l’article 34 de la Constitution, exigeant des pouvoirs publics la mise en œuvre des politiques destinées aux personnes et aux catégories à besoins spécifiques.

Le Conseil explicite

Répondant à ces interpellations, Nadia Bernoussi, présidente de la commission permanente de l’éducation pour tous du CSEFRS, relève que les problèmes de gouvernance dans le secteur éducatif ne peuvent être résolus que par un saut qualitatif adossé à une nouvelle vision stratégique.

« L’État n’est pas à même de réussir tout seul. La nouvelle loi organique sur les régions dit que l’éducation fait partie des questions transférables aux collectivités locales« , déclare-t-elle, ajoutant que le secteur privé, les ONG ainsi que les associations de parents d’élèves doivent travailler en synergie pour améliorer l’enseignement préscolaire.

S’agissant des langues de l’enseignement, la responsable explique qu’elles ne sont pas seulement des outils de transmission, mais possèdent en elles-mêmes un contenu. « La vision stratégique a déjà statué sur le choix de l’arabe, du français, progressivement de l’anglais et d’une autre langue », précise-t-elle en affirmant que « la question du plurilinguisme a été déjà tranchée« .

Toutefois, Nadia Bernoussi rappelle que le préscolaire est un stade de l’oralité où l’usage de l’écriture est limité à la motricité fine. « C’est pour se préparer à écrire en arabe, en français et en amazigh et en enrichissant le vocabulaire de l’enfant par les contes et les chants« , avise-t-elle.

En termes d’accessibilité du préscolaire, Nadia Bernoussi a insisté sur la nécessité « des instruments de discrimination positive et des outils pour favoriser ceux qui n’ont rien ou si peu« .

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