« Pour la première fois depuis la crise financière mondiale, toutes les grandes régions du monde connaissent une reprise de la croissance économique. L’accélération actuelle de la croissance à grande échelle est une tendance bienvenue et pourrait s’autorenforcer », explique d’emblée Shantayanan Devarajan directeur du développement économique au sein du groupe Banque mondiale.
Ainsi l’économie mondiale a enregistré une croissance de 3% en 2017 contre 2,4% une année auparavant. Dans la région MENA, la croissance est là, mais le rythme s’est essoufflé. En effet, le PIB de la région n’a progressé que de 1,8% contre 5% en 2016.
Selon les projections de la banque mondiale, « cette croissance s’accélérera pour atteindre 3% en 2018. Les programmes de réforme devraient se poursuivre, la fermeté des prix du pétrole devrait atténuer les difficultés budgétaires et l’amélioration du tourisme devrait stimuler la croissance dans les pays non tributaires des exportations de pétrole« . C’est le cas notamment du Maroc qui enregistre cette année 2017 une croissance de 4,1%. Il s’agit de la troisième meilleure progression de la région, derrière Djibouti (7%) et l’Égypte (4,4%).
« Un fort rebond de la production agricole au cours des trois premiers trimestres de 2017 à la suite des graves sécheresses de l’année précédente a soutenu la reprise de l’économie » au Maroc, explique le rapport.
La Banque mondiale relève également les progrès substantiels dans les réformes structurelles réalisées dans la région et souligne, pour le cas du Maroc, « les programmes d’éducation de la petite enfance qui devraient contribuer à améliorer le niveau d’éducation« . L’institution affirme que « l’engagement continu à mettre en œuvre ces réformes sera essentiel pour réaliser des dividendes de croissance potentielle plus élevés dans les années à venir ».
Cela dit, les économistes de la Banque mondiale ne sont pas très sereins quant à l’avenir économique. Ils expliquent que la poursuite des conflits géopolitiques et l’affaiblissement des prix du pétrole pourraient freiner la croissance économique.
Le rapport consacre d’ailleurs une partie à l’impact de l’effondrement des prix du pétrole entre 2014 et 2016, « l’un des plus importants de l’histoire moderne « . Pour les experts, la baisse des cours de l’or noir « n’a pas réussi à stimuler la croissance mondiale et a été une occasion ratée de réformes dans un certain nombre de pays« .
La Banque mondiale relève aussi que depuis 2014, de nombreux pays, dont le Maroc, ont profité de la baisse des prix pour réduire les subventions à l’énergie « qui profitent généralement aux hauts revenus« .
« Depuis la mi-2014, un certain nombre de pays ont mis en œuvre de telles réformes (Chine, Égypte, Mexique, Maroc, Tunisie), d’autres ont augmenté les taxes sur l’énergie (Chine, Rwanda, Afrique du Sud, Vietnam)« , explique la Banque mondiale.
« Ces mesures ont également inclus des mesures pour éviter que les subventions énergétiques réapparaissent si les prix du pétrole rebondissent : les mécanismes de tarification automatique ou la libéralisation complète des prix de l’énergie sont courants« , poursuit l’institution de Bretton Woods.
Mais pour la Banque mondiale, ce fut un rendez-vous raté, car « contrairement aux attentes l’effondrement des prix mondiaux du pétrole n’a pas stimulé l’activité des pays importateurs de pétrole, dont la plupart ont connu un ralentissement de la croissance en 2015-2016« .
Les pays ont raté l’occasion de reconstruire l’espace budgétaire en réduisant les subventions énergétiques. « Certains d’entre eux l’ont fait, mais pas assez« , commentent les économistes de la Banque mondiale.
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