Pour Jouahri, la réforme du régime de change n'a eu "aucun impact sur les cours"

Abdellatif Jouahri et Mohammed Boussaid intervenaient au parlement ce mercredi pour expliquer aux membres des deux chambres les tenants et aboutissants de la réforme de change mise en oeuvre deux jours auparavant.

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Les commissions des finances des deux chambres du parlement ont reçu le ministre de l’Économie et des finances Mohammed Boussaid et le gouverneur de Bank Al Maghrib Abdellatif Jouhari, mercredi 17 janvier.

Les deux responsables ont présenté aux parlementaires le premier bilan du passage d’un régime de change fixe à un régime flexible. Mohammed Boussaid a rappelé l’importance de cette réforme qui « constitue un pas en avant vers la consolidation du positionnement de l’économie marocaine au niveau international et consacre les réalisations accomplies au niveau du cadre macro-économique, des réformes structurelles et sectorielles et de l’ouverture de l’économie marocaine sur l’extérieur ». 

« Ça fait trois jours que nous avons entamé la réforme, et le marché fonctionne de manière normale et sans aucun impact sur les cours de change », a relevé Abdellatif Jouahri, confirmant ainsi les différents échos collectés auprès des responsables des salles de marché.

Le gouverneur de la Banque centrale a expliqué que « les cours de change du dirham sur le marché interbancaire ont continué à évoluer à l’intérieur d’une bande de ± 0,3% en dépit de l’élargissement de la bande de fluctuation à ±2,5% ». Il y voit le signe que les banques et les opérateurs économiques ont bien assimilé l’esprit de cette réforme.

Les responsables ont également présenté aux parlementaires les simulations effectuées par Bank Al-Maghrib et le ministère des Finances sur la base des données disponibles et de l’hypothèse d’une dépréciation maximale de 2,5% du dirham. Ainsi, l’effet de la réforme sur la croissance serait positif en 2018 (+0,2 point). Par ailleurs l’inflation augmenterait de +0,4 point à 1,9%.

La Banque centrale et le ministère des Finances se sont aussi penchés sur la question des prix des carburants en particulier. Ainsi, une dépréciation de 2,5% du dirham contre le dollar se traduirait par une hausse du prix du gasoil de 1,6%. En d’autres termes, pour un prix initial de 9,6 dirhams par litre la hausse serait de 0,15 dirham par litre.

À ce niveau, une note de recherche de JP Morgan consacrée à la réforme de change explique que selon les estimations de la banque d’affaires américaine, le dirham pourrait se déprécier de 7% au cours des 12 prochains mois. Un point qui mérite des éclaircissements de la part des autorités monétaires marocaines.

Par ailleurs, JP Morgan estime aussi qu’il est plus probable « que la banque centrale maintienne le panier actuel pendant un certain temps (probablement pas moins de 2 trimestres) avant de passer aux prochaines étapes la flexibilité« . La même source précise que « ces prochaines étapes pourraient inclure l’élargissement de la bande de flexibilité, conduisant éventuellement à un flottement géré« .

Lors de la réunion au parlement, Abdellatif Jouahri s’est aussi longuement arrêté sur l’implication du FMI dans cette décision. Il a insisté sur le fait qu’il s’agissait d’une « décision souveraine émanant de la volonté des autorités et préparée de manière coordonnée entre le ministère de l’Économie et des Finances, et Bank Al-Maghrib« .

Le gouverneur de la Banque centrale en veut pour preuve que « le FMI soulevait systématiquement la question de la réforme du régime de change lors des consultations annuelles au titre de l’article IV depuis 1998 (…) Mais ce n’est que lorsque nous avons estimé que les prérequis étaient satisfaits que nous avons engagé la préparation pour l’adoption du nouveau régime de change ».  Le patron de Bank Al Maghrib assure par ailleurs que le Maroc n’a pas signé de conditionnalité avec les instances financières internationales suite à la mise en place de la réforme du régime de change.

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