Ahmed Rahhou: "Le Maroc doit développer un système interbancaire basé sur la blockchain"

Pour Ahmed Rahhou, PDG de CIH, tout n'est pas à jeter dans le bitcoin. La technologie de la blockchain doit être développée au Maroc et non perçue comme une menace.

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Ahmed Rahhou Crédit: Y. Toumi/Telquel

Si le bitcoin essuie les critiques de la part de banques centrales et de gouvernements, y compris au Maroc où l’Office des changes en a interdit l’usage, tout n’est pas à jeter. La technologie de blockchain ou chaîne de blocs sur laquelle repose cette cryptomonnaie pourrait (et devrait) être mise à profit par le Royaume. C’est en tout cas l’avis d’Ahmed Rahhou, patron d’une des principales banques de la place, CIH.

De son point de vue de banquier, il nous confie que « cette technologie permet d’effectuer des transactions sur Internet de pair à pair (…) qui ne nécessitent pas un tiers de confiance« . Il en résulte que les banques privées et centrales ainsi que les gouvernements sont écartés du circuit.

« Je crois plus à l’appropriation des techniques qu’à la création de monnaies« , poursuit le patron de CIH, qui voit deux autres usages possibles de la blockchain: une meilleure traçabilité des actifs et une exécution automatique de contrats que l’on appelle « smart contrats ». Ahmed Rahhou pense que les efforts devraient être concentrés sur ces deux utilisations.

« Les autorités ne doivent pas voir ces nouvelles technologies comme des ennemis ou des menaces, mais comme des révolutions avec lesquelles il faut composer d’une façon ou d’une autre« , clame-t-il.

Il estime par exemple que la blockchain permettrait d’accélérer et sécuriser davantage les opérations interbancaires qui prennent actuellement 24h. « On peut développer au Maroc un système interbancaire basé sur la Blockchain, ce qui va permettre de passer à l’instantanéité et à une meilleure traçabilité. Les opérations interbancaires pourraient ainsi prendre quelques secondes ou quelques minutes« , explique-t-il.

Concernant les « smart contrats » (contrats qui s’actualisent automatiquement grâce à des algorithmes en fonction de clauses préétablies), Ahmed Rahhou envisage par exemple une exécution automatique des clauses de remboursement dans le cas d’un billet d’avion annulé. Tout cela, sans intervention de la compagnie ou du client.

Le patron de CIH y voit l’un des usages les plus prometteurs de la blockchain, et estime que les contrats d’assurance, d’achat, ou de location pourraient en bénéficier. Il souligne que les smart contrats permettent de réduire les coûts de vérification, d’arbitrage et de fraudes.

De plus, les termes des contrats ne peuvent jamais être modifiés, car inscrits dans la blockchain. « Un titre foncier ou de propriété se prête parfaitement à ce genre de contrat puisque c’est déjà virtuel« , conclut Ahmed Rahhou, qui appelle, au-delà du débat sur la blockchain, à repenser l’usage même des technologies au Maroc en intégrant par exemple l’open source.

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