Telquel Arabi: Comment comprendre le passage à un régime de change flottant?
Nous savons que le Maroc utilise le dirham pour ses transactions sur le marché intérieur et le dollar et l’euro pour celles qui se font sur le marché extérieur. Les principales rentrées en devises se font grâce à l’exportation, les investissements directs étrangers, les dépenses des touristes et des Marocains résidant à l’étranger sur le territoire national et enfin le recours à la dette.
Avant l’entrée en vigueur de la flexibilité du dirham, sa valeur était déterminée à 40% sur le dollar et à 60% sur l’euro. Le passage à un système de change flottant est le fait de libérer le dirham du lien avec ces deux devises et le soumettre au système de l’offre et de la demande sur le marché de la devise.
En d’autres termes, si la demande pour le dirham augmente, sa valeur par rapport aux autres devises augmente également. Si la demande baisse, la valeur baissera aussi. C’est pour cela que le Maroc est tenu de prendre toutes les mesures nécessaires pour augmenter la demande sur le dirham.
Cela peut-il avoir un impact sur les prix au Maroc?
Bien évidemment que cela a un impact sur les prix. Supposons que le flottement du dirham est total et que le prix de certains produits que l’on importe augmente. Le Maroc sera obligé d’émettre une grande quantité de devises. Par conséquent la valeur du dirham va baisser ce qui augmentera la valeur et les prix des marchandises importées. En d’autres termes, certaines marchandises seront plus couteuses et moins accessibles pour les Marocains.
Les défenseurs de cette réforme pensent qu’une baisse de la valeur du dirham pourrait permettre d’exporter des produits à des prix plus bas, mais en grande quantité, ce qui devrait permettre d’équilibrer et de compenser une hausse des prix des produits importés. Néanmoins, cette réflexion se base sur la capacité du Maroc à exporter des produits à valeur ajoutée et à produire des biens essentiels et stratégiques pour la population sans passer par l’importation. Le Maroc n’a pas encore cette capacité, comme en témoigne le fait que l’essentiel de nos exportations repose sur des produits bruts dont la valeur ajoutée est faible et le fait que le pays ne puisse pas se passer des produits qu’il importe actuellement.
Il y a une certaine appréhension de la part des Marocains concernant la baisse de la valeur de leurs dépôts au niveau des banques. Que leur répondez-vous ?
La baisse ou la hausse de la valeur des fonds dépend de leur utilisation et non de leur dépôt. L’argent déposé au niveau des banques peut subir les fluctuations du marché financier, mais le résultat n’apparaît qu’après utilisation. Dans ce registre on peut évoquer deux situations auxquelles le citoyen marocain peut être confronté. La première concerne l’utilisation de son argent au Maroc. Si la valeur du dirham baisse, les Marocains rechigneront à utiliser leur argent pour les achats, car la valeur en dirham d’un produit augmentera. Et vice versa. La seconde situation est relative à l’utilisation de cet argent à l’étranger. Le Marocain devra suivre la valeur du dirham par rapport à la devise ou la monnaie du pays où il compte opérer ses achats.
Quel impact cette réforme pourrait-elle avoir sur les transferts des MRE?
La même logique est appliquée sur les transferts des MRE en ce sens que celui qui voudra envoyer de l’argent au Maroc devra prendre en compte le taux de change au moment où il compte exécuter son opération. Ainsi, les MRE devront se demander: quelle sera la valeur de mon argent en dirhams une fois le transfert effectué; quelle était cette valeur avant; à quel niveau sera-t-elle après? De ce fait, les MRE entrent dans un système qui nécessite une certaine expertise économique pour prendre la bonne décision au moment opportun.
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