Ahmed Lahlimi, Haut Commissaire au Plan (HCP) s’est livré, le mercredi 10 janvier, à sa traditionnelle présentation de la situation économique en 2017 et ses perspectives pour 2018. Avant de présenter les chiffres dressés par son institution, Lahlimi a tenu à rappeler que « la prévision de croissance n’est pas une simple opération mathématique. « C’est le résultat d’une série d’analyse théoriques et d’enquête sur le terrain combinés à des outils d’analyse et de calcul économique. Une opération qui nous prend six mois à réaliser. C’est pour cela que nos prévisions se rapprochent toujours de la réalité et se concrétisent », lâche-t-il en début de conférence en réponse à ceux (gouvernement, ndlr) qui « ont traité le HCP de pessimiste quand on a parlé d’une croissance de 1,2% ». « En fin de compte, on a eu raison », insiste-t-il.
Limiter les importations
Pour 2017, le HCP maintient ses prévisions de croissance estimées aux environ de 4% portées par une bonne saison agricole et les demandes intérieure et extérieure. « 2017 a connu un bond de croissance qui se poursuivra en 2018 car les risques géostratégiques ont été absorbé et pris en comptes par les acteurs économiques », explique Lahlmi. « La demande adressée au Maroc a également connu un bond en 2017 qui se poursuivra en 2018 mais toute la question est de savoir si nous avons la capacité d’y répondre », s’interroge-t-il.
Celui qui a un rang de ministre n’a pas mâché ses mots pour décrire la situation économique et aussi budgétaire. Versant dans le même sens que le premier président de la cour des comptes, Driss Jettou, il appelle à la plus grande vigilance quand il s’agit du budget général. Pour lui, le Maroc n’a pas une grande latitude pour limiter ses besoins de financement alors que les ressources en sa disposition ne suffisent pas à les combler. Le recours à l’endettement devient structurel.
L’autre sujet qui inquiète le Haut Commissaire au Plan c’est le taux de pénétration des importations. « Il est de 41% ! On ne peut ni manger ni investir que si l’on importe. Il faut limiter nos importations », conseille-t-il. Le Haut commissaire au Plan révèle que son institution a finalisé une étude su l’espace produits et la complexité économique. C’est une étude qui recense tous les produits fabriqués au Maroc depuis des décennies et analyse leur longévité. « On voit ceux qui ont disparu, ceux qui sont encore produits et ceux pour lesquels le Maroc a un potentiel », explique-t-il. Selon les premières éléments livrés, l’étude qui sera publiée dans quelques jours montre que le Maroc dispose d’un potentiel de diversification de 600 nouveaux produits répartis entre l’agriculture, l’industrie chimique, la fabrication de machines d’équipement, le textile, la métallurgie ou encore l’industrie du caoutchouc et plastique.
L’agriculture 1er contributeur à la croissance
L’un des points sur lequel Ahmed Lahlimi s’est attardé lors de son exposé c’est bien évidement l’agriculture qu’il estime être « le premier contributeur dans le niveau de croissance et dans la productivité et l’amélioration du niveau de vie ». Le ministre rappelle, à qui a tendance à l’oublier, qu’avec le changement climatique la sécheresse devient une donnée structurelle difficile à contenir. « Dans ce contexte il faut faire attention à la baisse des niveaux de remplissage des barrages qui a atteint cette année 35% alors qu’il était à plus de 70% ». Le niveau s’est amélioré suite aux dernières précipitations mais pour lui il faut s’attarder sur ce point en accentuant les opérations de maintenance des barrages, amélioration de leur performances, recherche de sources alternatives d’eau, amélioration des solutions d’irrigation,… car au cours d’une saison de sécheresse ce qui permet de compenser un peu ce sont les cultures irriguées (fruits et légumes) ainsi que les produits dérivés de l’élevage.
Il a également appelé à améliorer la performance du secteur non agricole qui s’accroît à un « rythme lent« . En 2017, sa croissance est estimée à 2.8% et à 3% en 2018 grâce à l’industrie du phosphate qui reste le principal moteur de cette croissance. Les autres industries ont évolué d’un petit 2% à la faveur d’une industrie agroalimentaire dynamique, conséquence d’une bonne saison agricole. Pour ce qui est des autres principales industries, à savoir le BTP et les industries mécaniques et métallurgiques, elles ont connue des baisses d’activité.
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous
Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer