C’est une première bataille remportée par les industriels marocains du textile dans leur guerre contre la concurrence turque. Le secrétariat d’État au Commerce extérieur a récemment annoncé aux importateurs de textile turc la décision « d’actionner les mesures d’ajustement transitoires visées à l’article 17 de l’Accord de libre-échange (ALE) entre le Maroc et la Turquie sur certains produits de textiles et d’habillement« .
Le texte permet aux signataires de l’ALE de déroger aux dispositions de l’article 4 qui supprime les droits et les taxes à l’importation et autorise la mise en place de mesures d’ajustement transitoires pour une durée limitée. Le Maroc a ainsi décidé de « rétablir le droit d’importation à hauteur de 90% du taux appliqué dans le cadre du droit commun » sur certains produits finis originaires de Turquie, comme les tissus d’ameublement, les vêtements ou autres accessoires.
Cette décision intervient plusieurs mois après l’annonce par l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (AMITH) du lancement d’une étude visant à prouver le dumping exercé par les opérateurs turcs sur le marché local.
Mohamed Tazi directeur général de l’AMITH, nous déclare que son association a « présenté un dossier prouvant que les conditions nécessaires à l’application de l’article 17 de l’accord de libre-échange sont remplies« .
Les termes de l’ALE entre le Maroc et la Turquie prévoient que l’application de ce droit d’importation s’étende sur « une période de cinq ans (…), à moins que le Comité mixte (maroco-turc, NDLR) n’autorise un délai plus long« . Selon nos informations, cette mesure du secrétariat d’État au commerce extérieur devrait être appliquée pour une durée d’un an.
Exportations en hausse
Dans l’avis annonçant sa décision de rétablir l’importation sur les produits textiles, le secrétariat d’État chargé du commerce extérieur indique que les exportations des produits finis de textiles et habillement turcs ont enregistré « une progression de 175% entre 2013 et 2017« .
Mohamed Tazi ajoute que la part de la Turquie sur les segments des produits finis visés par la mesure était de 16% en 2013 avant d’atteindre 40% en 2017. « Cette progression continue des produits turcs a fragilisé plusieurs unités industrielles orientées vers le marché domestique et a été responsable des pertes importantes d’emplois dans un secteur très sensible au regard des conséquences sociales qu’un tel développement produit », explique le ministère de l’Industrie.
Cela dit, l’AMITH ne perd pas de vue le fait que cette mesure reste transitoire. Elle entend donc travailler sur la restructuration du secteur et sa mise à niveau. Mais un tel chantier est-il réalisable en un an? « Effectivement, une année passe vite. Disons que nous allons faire de notre mieux pour que les acteurs industriels puissent activer leur mise à niveau dans le cadre du plan d’accélération industrielle« , explique Mohammed Tazi.
Pour lui, « le plus important est d’avoir une réelle prise de conscience de la problématique du secteur qui peut passer très rapidement d’un secteur qui perd de l’emploi à un qui en crée« . Pour ce faire, l’AMITH travaille avec le ministère de l’Industrie pour la mise en place des écosystèmes pour le marché local.
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