De passage vendredi 22 décembre dans l’émission fi Qafass Al Ittiham, animée par Redouane Ramdani sur Med Radio, Mustafa Ramid est revenu sur le blocage gouvernemental, la révocation de Abdelilah Benkirane et la constitution du gouvernement El Othmani.
Il s’est attardé notamment sur la participation de l’USFP, principale raison du blocage qui a fini par scinder le parti en deux : un courant pragmatique qui a accepté de jouer le jeu et les pro Benkirane qui considèrent jusqu’à aujourd’hui qu’El Othmani et les négociateurs du PJD ont trahi l’ancien chef de gouvernement en acceptant la participation du parti de Driss Lachgar.
L’USFP, une exigence du palais
Selon Ramid, cette polémique n’a pas de sens, car Benkirane était au courant de tout et ce dès le premier jour. « Quand El Othmani a quitté le palais royal après sa nomination, il a informé le même jour Benkirane, ainsi que cinq ou six autres cadres du parti, dont moi, que la participation de l’USFP était exigée (…). Personne, y compris Benkirane, ne s’y était opposé », explique Ramid.
Une information, signale Ramid, qui n’a pas été communiqué au conseil national du parti, qui s’est tenu le lendemain pour discuter de la révocation de Benkirane et « valider » son remplacement par Saad-Eddine El Othmani. « Nous étions cinq ou six personnes à être au courant. Mais ce n’était pas à moi de communiquer cette information. C’était de la responsabilité du secrétaire général et du chef de gouvernement désigné. Ils ont choisi de ne pas la divulguer… », explique-t-il.
La fin du bloc Akhannouch
Benkirane, contrairement donc à la version relayée par plusieurs membres du PJD, n’a pas été trahi par ses frères. Mais pourquoi a-t-il changé d’avis au sujet de l’USFP, point de discorde qui a conduit à son remerciement ? Selon Ramid, l’entrée de l’USFP n’a jamais posé problème, ni à Benkirane, ni au Parti. « L’USFP allait participer au gouvernement avec Benkirane avant que les négociations ne se compliquent. Nous n’avions jamais eu une position de principe sur la participation de l’USFP. Ce qui nous posait problème, c’était la constitution au cours des négociations d’un front de quatre partis (RNI-UC-MP-USFP). Nous refusions de négocier avec un bloc qui allait être majoritaire au sein du gouvernement. On ne pouvait pas accepter cela », explique Ramid.
L’ancien ministre de la Justice précise d’ailleurs que même après avoir accepté le principe de la participation du parti de la rose, la page du blocage n’était pas tournée pour autant. « On ne pouvait pas accepter de négocier avec un bloc. El Othmani avait la même position. Il fallait que les partis qui allaient constituer l’alliance se présentent un à un. Dans ce cas, et seulement dans ce cas, les choses pouvaient évoluer dans le bon sens», signale Ramid, qui précise que son parti n’excluait pas l’option du retour à l’opposition en cas de persistance du blocage.
« J’ai été chargé par El Othmani de contacter les différentes parties prenantes des négociations. Et j’ai dit clairement à Aziz Akhannouch que nous ne pouvions pas accepter la logique de bloc. Et que c’était la condition pour que ce gouvernement voit le jour. Chose qu’il a accepté… », confie Ramid. Un accord qui mettra ainsi fin au blocage et accélérera la constitution du gouvernement El Othmani.
Des révélations et des interrogations
Si ces révélations clarifient certaines zones d’ombre des tractations gouvernementales, elles soulèvent néanmoins plusieurs interrogations. Pourquoi Abdelilah Benkirane n’a jamais reconnu publiquement qu’il a été au courant de cette exigence du palais et qu’il l’avait accepté ? Pourquoi a-t-il choisi la posture du silence, alimentant le flou et donnant du crédit aux théories du complot dans les rangs de son parti ? Pourquoi Aziz Akhannouch a-t-il accepté la condition d’El Othmani de défaire le bloc des quatre alors qu’il refusait toute concession sous Benkirane ? Et pourquoi le palais royal tenait il tant à la participation de l’USFP, parti qui n’aura finalement que deux ministères délégués (MRE et réforme de l’administration) et un secrétariat d’Etat chargé du commerce extérieur, tout sauf stratégiques ? Des questions qui restent à ce jour sans réponses.
Vidéo de l’interview intégrale
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