Archives de la CIA: Quand Hassan II prévoyait une offensive militaire sur le Sahara espagnol

Un des documents récemment déclassifiés par la CIA, prête à Hassan II la préparation d'un assaut militaire sur le Sahara alors occupé par l'Espagne.

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Le roi Hassan II et le général Franco

« Nous avons des informations concernant une éventuelle attaque marocaine dans le Sahara. Je veux que vous sachiez que nous avons exhorté le roi du Maroc à ne rien faire d’imprudent et à négocier (…) tout comme je vous exhorte à négocier« . C’est ce qu’on peut lire dans un mémorandum diplomatique de la CIA, tombé il y a quelques jours dans le domaine public.

Ce message a été adressé par le secrétaire d’État américain Henry Kissinger le 4 octobre 1975, près d’un mois avant la Marche verte du 6 novembre, au ministre espagnol des Affaires étrangères de la même époque, Pedro Cortina.

Le document de la CIA indique que la réponse du chef de la diplomatie espagnole était favorable à la médiation américaine à une seule condition: « il est important de maintenir la tenue d’un référendum sur l’autodétermination, avec des garanties de négocier et de donner satisfaction aux parties« . La position de l’Espagne franquiste est que cette solution « ne signifie pas l’indépendance, bien que ce soit l’une des options possibles pour lui donner de la crédibilité« .

Le ministre espagnol ajoute sur le même document que l’option référendaire incombera à la population du Sahara, expliquant que c’est « à elle de montrer sa préférence soit pour le Maroc ou pour la Mauritanie« .

Armement et psychologisation

Au cours de cet échange, on apprend également que la diplomatie espagnole adressait des reproches à Washington au sujet de l’armement du Royaume. « En lui fournissant des armes américaines, vous avez une capacité d’influence que les autres n’ont pas. Il (Hassan II, NDLR) a aussi des armes de l’Union soviétique« , lit-on.

Prix Nobel de la paix en 1973 pour « son action dans la résolution de la guerre du Vietnam et de la guerre du Kippour« , Henry Kissinger a tenté de relativiser les propos de son interlocuteur, en assurant que l’administration américaine « n’a pas donné beaucoup d’armes, environ 20 millions de dollars. En fait, nous pensons qu’il pourrait être battu (…) nous essayons d’empêcher cela« .

Côté espagnol, afin de maintenir le statu quo au sujet de la décolonisation du Sahara par référendum, il était davantage question de montrer le souverain marocain en situation délicate. Le ministre Cortina exprimait ainsi à son homologue américain ses « regrets » par rapport au fait que le roi soit devenu « très nerveux« . « Il a essayé de me convaincre de ne pas informer les Nations Unies de nos plans de décolonisation. Mais je lui ai expliqué que nous devions le faire« , a même confié le chef de la diplomatie espagnole qui a rencontré Hassan II au mois d’août de la même année.

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