Disney met la main sur une partie de l'empire de Rupert Murdoch

Disney va racheter une grande partie des actifs de 21st Century Fox, le groupe de médias fondé par Rupert Murdoch, pour 52,4 milliards de dollars, ce qui devrait bouleverser le paysage des médias, d'Hollywood à la Silicon Valley.

Par

L’entreprise a annoncé jeudi qu’elle allait notamment mettre la main sur les studios de cinéma 20th Century Fox et les regrouper avec ses propres studios.

Ces deux maisons ont produit récemment le « Crime de l’Orient-Express », « Kingsman: le Cercle d’or », « Logan », « La Planète des Singes » ou encore « Hidden Figures » (Fox), « Pirates des Caraïbes », « La Belle et la Bête », « Cars 3 » et « Stars Wars: Les Derniers Jedi » (Disney), dont la sortie est prévue ce vendredi. La plupart de ces films ont été ou devraient être de gros succès en salles à travers le monde.

Dans la télévision, outre ses propres chaînes ABC et le bouquet de chaînes sportives ESPN, Disney détiendra désormais les chaînes FX et National Geographic et va se renforcer à l’international en devenant propriétaire des chaînes indiennes Star ainsi que des 39% détenus par la Fox dans l’opérateur de télévision européen Sky, présent au Royaume-Uni, en Irlande, Allemagne, Autriche et Italie.

Ces actifs entrent dans la stratégie de Bob Iger, le PDG de Disney, de transformer le groupe en un géant des médias et du divertissement pouvant concurrencer Netflix, Amazon, Facebook ou encore Apple, dont les poches sont pleines et les ambitions ont profondément bouleversé le divertissement aux Etats-Unis.

Selon la société d’investissement Raymond James, 31% des Américains estiment que les services de streaming (Amazon, Video, Hulu…) constituent leur première source de contenus vidéos.

La plateforme vidéo YouTube, détenue par Google, accélère pour sa part dans la production de contenus originaux tandis qu’Apple a, selon la presse, déjà prévu un milliard de dollars pour la création de programmes.

L’opération « renforce The Walt Disney Company dans les contenus et le divertissement », a d’ailleurs souligné le groupe, qui prévoit de lancer prochainement son propre service de « streaming » afin de nouer des relations directes avec les consommateurs.

« Nous envisageons de créer des contenus de très bonne qualité pour les consommateurs à l’échelle planétaire », insiste Bob Iger, dont le mandat a été prolongé jusqu’en 2021 malgré des rumeurs annonçant l’arrivée de James Murdoch, fils de Rupert, dans l’équipe dirigeante pour prendre sa succession.

M. Iger espère également relancer l’offre de Disney dans la télévision au moment où les consommateurs américains délaissent la télévision par câble et satellite, très chère aux Etats-Unis.

La transaction marque également un tournant important dans l’empire des médias bâti par Rupert Murdoch.

Le milliardaire, qui a cédé une grande partie des commandes de son empire à ses deux fils, James et Lachlan, ne conservera plus que la grande chaîne hertzienne américaine Fox, proche de Donald Trump, les stations locales, les chaînes d’informations et des chaînes sportives comme Fox Sports. Ces actifs vont être regroupés dans une nouvelle entité cotée séparément en Bourse.

Il aura aussi toujours le contrôle de ses journaux (Le Wall Street Journal et le New York Post aux Etats-Unis, le Sun, le Times et le Sunday Times entre autres au Royaume-Uni) qui composent la société indépendante News Corp.

Les termes financiers de l’accord signé avec Disney prévoient que les actionnaires de 21st Century Fox détiendraient 25% du nouveau Disney, qui va récupérer 13,7 milliards de dollars de dette de la Fox.

Pour autant, il reste encore à obtenir le feu vert des autorités de la concurrence américaine, une étape qui s’annonce ardue car la plupart des médias américains vont être détenus par une poignée de grands groupes: Comcast (NBCUniversal), Disney-Fox, Viacom, Sony Pictures et Lions Gate.

« Nous nous attendons à un examen minutieux de la part des régulateurs à travers le monde mais espérons qu’ils privilégieront les avantages pour les consommateurs », espère Bob Iger.

Le ministère américain de la Justice a indiqué récemment son intention de bloquer le rachat pour 84,5 milliards de dollars de Time Warner (Studios de cinéma Warner Bros, le bouquet de chaînes à péage HBO…) par l’opérateur télécoms AT&T à moins que ce dernier ne se sépare d’actifs comme la chaîne d’informations CNN, une des cibles du président Donald Trump.

Rejoignez la communauté TelQuel
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous

Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer