L’essor du continent africain au coeur des discussions des Atlantic Dialogues de Marrakech

La sixième conférence internationale Atlantic Dialogues de l'OCP Policy Center s'est ouverte ce mercredi à Marrakech, sur le thème "l'Afrique dans l'Atlantique, le temps de l'action", réunissant 340 participants de haut vol issus de 90 pays.

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C’est à l’hôtel Mamounia à Marrakech que l’OCP Policy Center réunit pendant 3 jours les plus éminents experts et acteurs politiques et institutionnels africains, européens et américains, pour débattre de l’intégration de l’Afrique dans le bassin Atlantique et « désenclaver le débat international sur les enjeux atlantiques, en faisant mieux porter les voix et les points de vue du Sud« .

« Le continent africain est-il vraiment en plein essor?« . C’est cette question essentielle, leitmotiv de nombre de conférences et rencontres africaines, qui a occupé les débats de la matinée. Obiageli Ezekwesili, ancienne ministre nigériane, également passée par la Banque mondiale, et cofondatrice de Transparency International, et Njoya Tikum, conseiller en matière de politique anticorruption auprès du PNUD, ont dessiné les grandes tendances macro du développement africain et tracé les voies d’une meilleure intégration régionale et mondiale, sous la modération de Alan Kasujja, présentateur de la chaine BBC News.

Investir dans le capital humain

Pour Obiageli Ezekwesili, malgré la dynamique de croissance positive du continent, « il faut être réaliste sur les défis qu’il doit affronter, et ne pas tomber dans de triomphalisme« . L’ancienne ministre nigériane explique que « le continent n’a pas encore atteint un niveau de croissance annuelle de 7%, qui pourrait réellement avoir un impact sur la pauvreté« .

Mais la croissance économique est loin d’être la seule solution des maux sévissant en Afrique. « Notre continent doit investir dans le développement humain de manière sérieuse. Nous parlons beaucoup d’infrastructures. C’est certes nécessaire pour les investissements, mais si nous n’investissons pas dans le capital humain, nous ne pourrons pas réfléchir de manière créative, et réussir la 4e révolution industrielle », estime Njoya Tikum.

Placer l’Afrique face à ses responsabilités

Pour les intervenants, il est essentiel que les États africains aillent plus loin dans leur collaboration, car l’évolution économique, sociale et culturelle ne pourra se faire sans une réelle stratégie de collaboration entre pays africains.

« L’Afrique a fait beaucoup d’erreurs, et nous devons arrêter de pointer du doigt les autres pays comme étant les principaux responsables du retard africain« , considère Obiageli Ezekwesili, également conseillère auprès de l’Initiative africaine pour le développement économique.

« Cela fait plus de 50 ans que nous avons accédé à l’indépendance en Afrique. Il est grand temps que l’on reprenne notre destin en main, car nous avons beaucoup de retard à rattraper. Aujourd’hui, nous tenons toujours plus de réunions avec des pays d’Europe qu’entre pays africains« , ajoute-t-elle.

Les experts ont abordé des sujets aussi essentiels que la corruption, la santé, le chômage, le marasme économique, le manque de scolarisation en Afrique. Ils ont conclu que le déficit démocratique et d’intégration des citoyens était le principal défi à relever par le continent.

Pendant 3 jours, les sessions plénières s’enchaineront pour débattre de sujets aussi divers que la migration, l’énergie, l’agriculture, la jeunesse, la sécurité, le terrorisme, l’économie maritime, la gouvernance institutionnelle… Des travaux auxquels prendront part les anciens Premiers ministres Aminata Touré (Sénégal) et Lionel Zinsou (Bénin) ainsi que les anciens ministres des Affaires étrangères Hubert Védrine (France), Miguel Angel Moratinos (Espagne) et Paulo Portas (Portugal), ainsi que l’ancien ministre rwandais de l’Éducation Silas Lwakabamba.

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