Le Sénégal se dote d'un nouvel aéroport pour faire décoller son économie

Le Sénégal a inauguré jeudi un nouvel aéroport international, un projet d'infrastructure ultramoderne porté depuis dix ans par deux présidents successifs, dont le pays souhaite faire une plaque tournante en Afrique et un moteur de son développement économique.

Par

Des milliers de personnes, dont de nombreux partisans du président Macky Sall, se pressaient aux abords de l’aéroport international Blaise Diagne (AIBD), situé à Diass, à 47 km au sud-est de Dakar, ont constaté des journalistes de l’AFP. Le chef de l’Etat sénégalais a coupé le ruban et dévoilé une plaque commémorative dans le hall des départs, en présence des présidents gambien Adama Barrow, bissau-guinéen José Mario Vaz, et gabonais Ali Bongo.

Muni d’une valise à roulettes, Macky Sall a ensuite effectué le « parcours du voyageur », présentant son passeport à un comptoir d’enregistrement avant de déambuler dans les boutiques hors-taxes. Son prédécesseur, Abdoulaye Wade, farouche opposant à Macky Sall, a en revanche boudé la cérémonie d’inauguration de ce projet qu’il avait lancé en 2007.

L’aéroport, qui porte le nom du premier député africain élu au Parlement français (1872-1934), remplace l’aéroport international Léopold-Sédar-Senghor (AILSS), en proche banlieue de la capitale. Après discours, vol de démonstration d’un avion de la future compagnie Air Sénégal et ballet aérien de l’armée de l’air, les premiers vols commerciaux étaient attendus dans l’après-midi.

L’ancien aéroport, principal aérodrome du pays depuis plus de 70 ans dont les vols passent au-dessus de quartiers très peuplés, sera reconverti en aéroport militaire à partir de vendredi. Longtemps sceptiques, les compagnies aériennes ont fini par informer cette semaine leurs passagers du changement d’aéroport.

« Cet aéroport sera déterminant pour la promotion de la destination Sénégal » et aura des « effets d’entraînement sur les autres secteurs de l’économie », en particulier grâce à la proximité du projet de ville nouvelle de Diamnadio, à une dizaine de kilomètres, a affirmé mardi le Premier ministre, Mahammed Boun Abdallah Dionne. Le pays veut se doter ainsi d’une « plaque tournante et un point préférentiel d’escale technique en Afrique, pour les trafics aériens d’Afrique, d’Europe et des Amériques », selon un communiqué du gouvernement.

La position géographique du Sénégal, « équidistante de l’Europe occidentale, de l’Amérique du Nord, de l’Amérique du Sud et de toute l’Afrique australe, lui offre un très grand avantage comparatif dans le courant des échanges internationaux et en fait un hub naturel », souligne le gouvernement. Macky Sall, qui devrait se présenter pour un second mandat en 2019, a fait du développement des infrastructures un pilier de son Plan Sénégal émergent (PSE).

Mais cet investissement s’est avéré bien plus cher et long que prévu. Estimée en 2007 à moins de 200 milliards de francs CFA (305 millions d’euros), la construction aura finalement coûté plus du double: 424 milliards de francs CFA (645 MEUR), selon la ministre des Transports aériens, Maïmouna Ndoye Seck. Le chantier a également connu de nombreux aléas. D’abord confiés au géant saoudien du BTP BinLaden Group, les travaux ont été repris en 2016 par deux sociétés turques.

Implanté sur un espace de 4.500 hectares dont seulement 2.500 sont utilisés, l’AIBD pourra accueillir d’emblée trois millions de passagers par an, contre deux millions pour son prédécesseur, avec une capacité projetée de 10 millions dans les prochaines années. Tous les types d’avions, y compris les très gros A-380, pourront y atterrir.

A partir de l’AIBD, les touristes pourront facilement, grâce à l’autoroute, se rendre dans les stations balnéaires réputées de la « Petite-Côte », au sud-ouest de Dakar, comme Saly et Popenguine. En revanche, en sortir ou y accéder depuis la capitale risque de se révéler nettement plus compliqué, et plus cher. Risque de bouchons, tarifs élevés des taxis (une vingtaine d’euros minimum), système de navettes de bus pas encore rodé: les Dakarois craignent des débuts difficiles.

Reste que pour réellement s’affirmer comme « hub » africain, le Sénégal devra se doter d’une compagnie aérienne nationale. Née officiellement après la faillite de Sénégal Airlines en avril 2016, Air Sénégal, ne devrait pas obtenir ses licences internationales, indispensables au démarrage de ses activités commerciales, avant début 2018.

Rejoignez la communauté TelQuel
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous

Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer