Tous les jours, plusieurs dizaines de journalistes reçoivent une salve d’e-mails signés par un certain Brahim Haraki. Ces courriels contiennent des informations explosives sur divers sujets, des médias à la politique en passant par l’économie et le sport.
Dernière polémique en date: un appartement qui aurait été offert par Saham Immobilier à l’épouse de l’ex-ministre de la Santé, Lhoucine Louardi. Une information, relayée par l’hebdomadaire arabophone Al Ousboue, que le groupe détenu par Moulay Hafid Elalamy n’a pas tardé à démentir à travers un communiqué. Saham y précise que « comme l’exige la loi, un contrat a été établi (par l’épouse de Lhoucine Louardi, NDLR) et le paiement a quant à lui été effectué au moment de la vente et encaissé ».
Le rapprochement avec Chris Coleman, un compte Twitter anonyme qui a sévi en 2014, publiant une masse de documents officiels censés être confidentiels impliquant la diplomatie marocaine ainsi que des journalistes locaux et étrangers, est facile. Pourtant, les deux anonymes n’agissent pas de la même manière.
D’abord, Chris Coleman était actif sur les réseaux sociaux, où il publiait des documents bruts, sans commentaire. Brahim Haraki, lui, s’adresse directement aux journalistes et aux partis politiques. Son style est résolument journalistique, et aucune preuve ni aucun document n’accompagne ses articles.
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Contacté par nos soins, Brahim Haraki a accepté de nous répondre, nous remerciant au passage « de notre intérêt pour son travail« . Il nous explique qu’il est actif depuis 6 ans, et qu’il dispose d’une base d’e-mails avec plus de 3.000 adresses. « Mon but est de sensibiliser médiatiquement la population sur l’absence de rôle réel des politiques et des représentants officiels« , déclare celui qui se range dans la catégorie des « médias alternatifs indépendants dont l’objectif est d’ouvrir le débat sur les non-dits et les coulisses« .
Brahim Haraki, qui nous répondra plusieurs fois à partir d’adresses mail différentes, ne cache pas son goût « pour la gauche » et affirme avoir été « approché par des politiciens« . Il affirme que ces derniers lui ont proposé « des sommes attractives pour coopérer avec eux ou garder le silence« .
Notre homme affirme également avoir été menacé d’agressions physiques et de poursuites judiciaires. « J’agis en accord avec les discours royaux qui incitent à l’éradication de la corruption et promeuvent la bonne gouvernance« , ajoute-t-il.
Une carrière en politique et en journalisme
Ses informations, Brahim Haraki les tient « de relations qu’il a nouées pendant sa carrière de militant politique et de journaliste« . Alors que le corbeau se refuse à donner davantage d’éléments biographiques, le site Al3omk croit savoir qu’il s’agit d’un ex-politique ayant exercé durant les années 1980. Il aurait travaillé dans le cabinet d’un ministre du gouvernement Youssoufi.
Le site d’information Al Aoual s’est pris au jeu de la spéculation sur l’identité réelle de Brahim Haraki, émettant l’hypothèse qu’il s’agissait de Lahcen Haddad, ex-ministre du Tourisme qui avait quitté le Mouvement populaire à la veille des législatives du 7 octobre 2016. Une hypothèse rejetée par le corbeau.
Début septembre, nos confrères du Panorapost annonçaient que le Rassemblement national des indépendants a porté plainte contre X, après que Brahim Haraki a visé à plusieurs reprises le parti à la colombe dans ses articles.
Le corbeau nie cependant tout acharnement contre le parti d’Aziz Akhannouch. « J’ai écrit sur le PJD, Ilyas Elomari, le Sahara, le retour du Maroc à l’UA, le football et bien d’autres sujets. Je choisis mes angles en fonction de l’importance de l’actualité et son intérêt pour l’opinion publique », explique-t-il.
Concernant son anonymat, Brahim Haraki assure qu’il est en parfaite sécurité, car Google ne fournit pas les adresses IP de ses utilisateurs. « La plainte du RNI n’aura pas de suite, car il est impossible de me traquer. Pour y parvenir, il faudrait que la plainte soit déposée aux États-Unis et qu’elle porte sur le terrorisme, le blanchiment d’argent ou le crime organisé« , affirme-t-il.
Là encore, les USA ne pourront pas coopérer, car selon lui, « ils croient en la liberté d’expression ». À l’avenir, Brahim Haraki projette d’innover et de lancer un site web d’information, où il publiera désormais ses « informations exclusives« .
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