Le secrétaire d’État à l’Investissement est intervenu lors du China Africa Investment Forum pour livrer sa vision des relations entre le Maroc, la Chine, et l’Europe.
À la fin de son intervention au China-Africa Investment Forum de Marrakech (27-28 novembre), Othman El Ferdaous, secrétaire d’État chargé de l’Investissement, a été pris d’assaut par des hommes et femmes d’affaires chinois. Voiture électrique, crédit et assurance, énergie solaire… Les cartes de visite s’échangent et le secrétaire d’État marocain leur promet de répondre à leurs mails dès que possible pour voir comment ils peuvent travailler ensemble.
Othman El Ferdaous était invité, avec quatre autres intervenants, à parler de la coopération tripartite entre l’Europe, la Chine et l’Afrique. Lors de son speech, le secrétaire d’État à l’Investissement a notamment relevé que « le Maroc est sur les radars de la Chine, l’inverse est vrai aussi« , lance-t-il. Voici les points saillants de son intervention.
1- Le Maroc, nouvelle étape de la route de la soie
Othman El Ferdaous explique que la « Nouvelle route de la soie » terrestre part de Chine et va jusqu’à Madrid grâce à une ligne directe qui relie les deux pays en 16 jours. Par voie maritime, il faut compter entre 40 et 50 jours, de Tanger à Shanghai.
Les produits les plus échangés par cette voie sont les ordinateurs, les produits alimentaires et les pièces de rechange automobiles, souligne le secrétaire d’État à l’Investissement. « Le transport maritime est en train de ralentir, il y a un intérêt clair à construire des routes. La route de la soie terrestre part de Chine et arrive de Madrid. À Madrid, vous êtes à une heure de Tanger« , résume-t-il.
Othman El Ferdaous évoque la construction d’une liaison entre le Maroc et l’Espagne par le détroit de Gibraltar. Un projet inscrit à l’ordre du jour du Conseil d’association entre le Maroc et l’Union européenne et suivi de près par les Nations Unies. Des investisseurs chinois avaient même manifesté leur intérêt en 2015 à Marrakech.
« L’horizon pour un tunnel ou un pont est 2025. Il sera possible de relier Tanger à la Chine en 17 jours au lieu de 45« , estime Othman El Ferdaous. Le mémorandum d’entente entre le Maroc et la Chine sur la « Nouvelle route de la soie » a été signé dans cette logique. « La première conséquence est que les entreprises chinoises ont l’autorisation de sortir leurs capitaux pour investir au Maroc« , explique le jeune secrétaire d’État.
2- Cascade des compétences
Othman El Ferdaous a rappelé que le pari industriel du Maroc est d’attirer les investissements en Afrique, suivant la théorie du « vol d’oies sauvages » formulée par l’économiste japonais Kaname Akamatsu datant des années 1930.
Cette dernière décrit l’évolution d’un pays en rattrapage économique, qui passe de l’importation, à la production nationale pour ensuite exporter vers d’autres pays et délocaliser son activité dans des pays moins développés. « La cascade des chaînes de valeur se fait de l’Europe vers le Maroc, mais aussi toute l’Afrique du nord. Nous pouvons ensuite la rediriger vers l’Afrique subsaharienne« , déclare le secrétaire d’État à l’Investissement.
Lors de son intervention, Othman El Ferdaous a dressé une typologie des investissements. En général, il distingue ainsi « l’investissement cigale qui s’installe pour avoir de bas salaires et l’investissement durable qui forme les compétences humaines et permet de faire des transferts de technologies.
Le secrétaire d’État espère par ailleurs voir naître un « corridor industriel » de l’Europe à l’Afrique en passant par la Méditerranée et le Maroc, qui va avoir une place d’autant plus importante « qu’il va intégrer la CEDEAO d’ici un mois« .
3- Vers une montée en gamme
« Le salaire moyen est de 400 euros au Maroc, contre 2.000 euros en Espagne. Bien sûr, nous avons d’abord commencé par miser sur notre compétitivité salariale. Mais c’est le premier étage de la fusée, et nous sommes en train de construire le second« , explique Othman El Ferdaous. Il prend pour exemple l’usine PSA de Kénitra, « qui va faire des voitures 100% conçues au Maroc, par des ingénieurs marocains ».
« PSA avait pour plan de recruter 1.500 ingénieurs marocains au bout de 3 ans, ils sont déjà à 1.500 et ils vont passer à 3.000« , précise-t-il. Autre exemple, toujours dans l’automobile, celui de l’usine Renault de Tanger qui emploie plus de 9.000 personnes, dont seulement 60% viennent de Tanger et Larache, les autres venant du reste du Royaume pour leurs compétences.
Le message est clair: le Maroc ne mise plus sur du low-cost, mais veut monter en gamme maintenant qu’il a atteint « un volume de production afin de passer à la conception et à la R&D« , explique le secrétaire d’État à l’Investissement.
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