Omar Balafrej : Pourquoi j’ai voté contre l’augmentation du budget du cabinet royal

Fait rare, l’élu FGD Omar Balafrej  a voté contre une partie du budget du palais royal lors d’une réunion de la Commission des finances consacrée au projet de loi de finances.  Il nous explique son vote et exprime sa vision du texte.

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Omar Balafrej © Yassine Toumi

Le Projet de Loi de finances 2018 a été approuvé à la majorité par la Chambre des représentants lors d’une séance plénière tenue dans la soirée du 17 novembre et marquée par l’absence de 120 élus n’ayant pas fait le déplacement dans l’hémicycle.Une séance plénière durant laquelle l’élu FGD, Omar Balafrej  a notamment dénoncé l’attitude de la majorité gouvernementale qui selon lui « emprisonne » les personnes ayant des avis contraires au sien citant notamment les cas de détentions dans le Rif et à Zagora.

Avant le vote du PLF 2018, l’élu de Rabat a également suggéré de nombreux amendements au texte et a, fait rare, voté contre une partie du budget alloué au palais royal. Dans cet entretien, il évoque ce vote mais nous livre également son avis sur le texte et sa vision de l’impôt sur l’héritage qui a fait l’objet de nombreux débats.

Telquel.ma: Certains de nos confrères affirment que vous avez voté contre le budget du palais royal. Est-ce le cas ?

Omar Balafrej: Le budget royal est présenté sur quatre lignes.  Le premier est le salaire de Sa Majesté le roi qui n’a pas augmenté cette année et contre lequel je n’ai donc pas voté. La seconde concerne la liste civile qui, elle aussi, est restée inchangée et que j’ai soutenu par mon vote. Le budget prévu pour les salariés du cabinet royal a, lui, connu une augmentation. J’ai donc posé des questions quant à la raison de cette augmentation en commission, pour savoir si ce sont de nouveaux postes qui ont été créés et si des retraites ont eu lieu. Je n’ai pas reçu de réponse.

J’ai donc voté contre car je suis dans une logique de réaffecter le budget vers l’éducation. Je n’ai pas visé le palais royal.   Pour comprendre ce vote, il faut revenir aux amendements que j’ai déposé. Aussi bien cette année que l’année dernière, j’ai proposé des amendements visant à créer un nouveau contrat social. Une des composantes de ce contrat social est de définir l’éducation comme une priorité à tous les niveaux.  C’est dans cette logique que nous avons suggéré l’augmentation d’un certain nombre d’impôts. Si l’on demande des efforts à tout le monde, il faut également demander des efforts aux ministères.  J’ai proposé que les ministères dépensent autant que l’année dernière et de reverser toutes dépenses supplémentaires prévues dans l’Education.

Vous n’aviez pourtant pas commenté les salaires du cabinet royal l’année dernière…

C’était une nouvelle année pour moi et je ne pouvais logiquement pas encore me positionner sur le salaire. Cette année je me suis dit qu’il nous faut un effort exceptionnel en ce qui concerne l’Education avec tous ces rapports d’organismes mondiaux qui pointent du doigt ce secteur, qui a besoin de devenir une priorité. Nous nous devons de lancer un message fort et prouver que l’éducation n’est pas seulement un objectif social mais aussi économique. La faiblesse de la formation de nos ressources humaines est le principal frein à l’égard des investisseurs étrangers potentiels. Il faut donc un effort gigantesque pour le contrer.

Cette position est-elle également adoptée par la Fédération de la gauche démocratique ?

On a déposé l’amendement Chennaoui et moi, bien que je sois le seul à voter  en commission des finances. Nous sommes deux parlementaires de la fédération de la gauche et nous avons voté de façon solidaire, alors que d’autres parlementaires ont tendance à voter comme des moutons. Dans les couloirs ils sont d’accord avec nous mais dans l’hémicycle ils obéissent à la règle de la solidarité partisane. Les parlementaires ont un cerveau et doivent exprimer leurs positions personnelles quant à certains amendements.

Alors que le texte allait certainement être adopté ne craigniez-vous pas que ce vote soit perçu comme un « coup de com' »?

Je ne suis pas parlementaire pour faire de la Com sauf si c’est pour servir la politique. Lorsque je réclame une réforme de l’impôt sur l’héritage et sur la fortune, je demande à tout le monde de faire un effort social. Je ne peux pas demander à tout le monde de faire un effort à l’exception du cabinet royal. C’est stupide.

Mais chacun est libre d’interpréter les choses comme il le souhaite. C’est comme lorsque les journaux du PJD affirment qu’une réforme de l’impôt sur l’héritage est contre la religion.  Si c’est contre la religion ils doivent demander la suppression de l’impôt sur l’héritage. Ce n’est pas haram d’hériter de 100 millions de dirhams et de donner 30 millions de dirhams à la communauté afin de permettre la généralisation du préscolaire à tous les enfants marocains.

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