Soutenus par Elalamy, les acteurs de la sidérurgie envisagent une relance de leur activité

Bousculés depuis 2008 par le dumping, les opérateurs de la sidérurgie qui commencent à reprendre des couleurs se sont réunis pour discuter des perspectives du secteur et sortir définitivement la tête de l'eau. Le ministre Moulay Hafid Elalamy en a profité pour préciser qu'il sera toujours à leurs côtés pour les défendre.

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Crédit : Yassine Toumi / TelQuel

Le secteur sidérurgique reprend des couleurs, après avoir souffert du dumping à partir de 2008. C’est ce qu’a affirmé le ministre de l’Industrie, de l’investissement, du Commerce et de l’Économie numérique, Moulay Hafid Elalamy, lors de Steel Impulse le 14 novembre. L’évènement réunit les opérateurs marocains de la sidérurgie.

« C’est un domaine très chahuté où la surcapacité est très forte au niveau mondial, où les leaders continuent de se développer, comme la Chine qui représente 50% de la production et 50% de la capacité mondiale. Il est avéré que certains vendent à perte, ce qui s’appelle le dumping afin de gagner des marchés. Certains opérateurs au Maroc ont dû déposer le bilan ou n’étaient pas loin de le faire« , a-t-il déclaré dès le début de son discours.

Le ton est donné. Même si les mesures antidumping expireront en 2018 et 2019, Moulay Hafid Elalamy s’engage à épauler les opérateurs marocains « sans relâche« . « Nous ne laisserons personne toucher à nos activités industrielles indûment, sans respecter les règles de l’OMC« , prévient le ministre, rappelant que les contrevenants auraient directement affaire à l’État.

Sous de chaleureux applaudissements de son auditoire, le ministre a également invité les opérateurs marocains à rester professionnels. « On ne protège personne, on est un pays libéral. On est le bon élève, mais pas l’idiot du village. Nous ne subissons pas le non-respect des règles de l’OMC que nous respectons nous-mêmes« , a-t-il lancé.

Des échanges houleux avec le commissaire européen

À titre d’exemple, Moulay Hafid Elalamy a délivré les coulisses de la bataille antidumping menée par son ministère pour défendre les fleurons de la sidérurgie marocaine, dont Maghreb Steel et Sonasid. Une bataille qui lui a valu d’être « attaqué de partout, accusé d’être protectionniste et de ne pas respecter les règles internationales« .

La Turquie avait même dénoncé auprès de l’OMC les mesures antidumping marocaines pour protéger la production nationale d’acier. Pourtant, la marge antidumping de 22,11% est bien plus faible que les 500% de taxe sur les produits chinois imposés par les États-Unis, rappelle David Toledano, président de la Fédération des industries des matériaux de construction (FMC), qui s’est exprimé lors de la rencontre.

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« J’ai eu des discussions houleuses, voire très houleuses même, avec le commissaire européen, qui me donnait des leçons sur ce qu’était le dumping« , a expliqué Moulay Hafid Elalamy. « J’ai aussi reçu dans mon bureau le président d’un grand producteur européen qui m’a expliqué que nos mesures antidumping étaient mal faites et que nos experts n’étaient pas bons alors que ce sont des experts internationaux. J’ai dû lui exhiber des documents de son entreprise pour lui montrer qu’il y avait du dumping. Après cette réunion, on a arrêté de nous attaquer de partout« , a-t-il aussi raconté. Résultat : le ministre espère tenir les objectifs du Plan Industriel 2014- 2020 grâce à une stabilisation du secteur même si des efforts restent à fournir.

Les mesures pour garder un moral d’acier

Une étude de perception réalisée par l’Association des sidérurgistes du Maroc (ASM) auprès de 18 organismes et 24 décideurs, dont les principaux résultats ont été divulgués ce mardi 14 novembre, montre les points faibles du secteur à améliorer pour définitivement sortir la tête de l’eau.

Pour se relever, le président de l’ASM, Amine Louali, propose d’abord d’investir dans la filière de démantèlement de navires, comme cela a été fait en Turquie. « Uniquement 30 ou 40% de la ferraille provient de la collecte nationale, le reste est importé« , note-t-il.

L’autre enjeu est de réduire les dépenses énergétiques, ce que commencent à faire certains acteurs comme Sonasid, explique encore Amine Louali. « Cet opérateur a basculé depuis 5 ans une partie de sa consommation énergétique sur la partie renouvelable« , raconte-t-il.

En termes de production, le président de l’ASM recommande d’améliorer la qualité en misant davantage sur l’innovation, la R&D, et notamment les énergies renouvelables. Moulay Hafid Elalamy invite aussi les opérateurs à se pencher sur les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique et du naval.

« Il faut aussi plus de normes et de contrôle de la part de l’État. Cela passe par une évolution de la loi marocaine« , selon Hatim Benjelloum, du think tank Radius qui a réalisé l’étude. « Nous travaillons sur traçabilité des produits importés, car certains peuvent être dangereux pour la santé des citoyens », ajoute Amine Louali.

L’étude de Radius recommande de s’internationaliser et de passer à une stratégie d’exportation agressive pour conquérir de nouveaux marchés, notamment en Afrique. « Nous devons nous préparer à l’entrée dans la CEDEAO où il y a peu de producteurs« , s’enthousiasme Amine Louali.

Reste à savoir s’ils vont réussir à gagner des parts de marché dans ce continent où les Chinois sont fortement présents, alors que les opérateurs marocains ont déjà du mal à les concurrencer dans leurs frontières.

Les chiffres clés du secteur de la sidérurgie

5.000 emplois directs

12.000 emplois indirects

+10 milliards de dirhams de chiffre d’affaires en 2016

15 milliards de dirhams d’investissement total réalisé[/encadre]

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