Paradise Papers: au large du Sahara, il n'y a pas que le pétrole qui était offshore pour Glencore

LeDesk.ma, partenaire de l’ICIJ qui publie l’enquête "Paradise Papers", montre comment le pétrolier suisse Glencore A au moins envisagé le recours à des sociétés offshore pour reprendre des participations dans ces concessions marocaines, abandonnées sous pression du Polisario.

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Une plateforme pétrolière dans le golfe du Mexique (image d'illustration). Crédit : Berardo62 / Flickr

La société d’exploration pétrolière suisse Glencore a, a minima, envisagé d’avoir recours à un montage via des paradis fiscaux pour garder ses participations dans des licences au large du Sahara. Lâché par ses investisseurs scandinaves eux-mêmes soumis à la pression des soutiens du Polisario, Glencore s’est finalement désengagé en 2017. C’est ce qui ressort d’une enquête du Desk.ma, signée Ali Amar, publiée le 10 novembre.

Le Desk est partenaire du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) qui, après « Panama Papers », publie « Paradise Papers », une enquête qui exploite sept millions de documents issus d’une fuite massive de données en provenance de la firme Appleby, basée aux Bermudes. Entre des membres de l’administration Trump et des multinationales comme Nike et Apple, Glencore – 16e plus grosse entreprise du monde selon Forbes — est l’une des principales entreprises suisses visées.

« Pour le volet marocain, en 2013 et 2014, Glencore Production and Exploration (Morocco) Ltd, une filiale de Glencore avait fait l’acquisition, auprès des autorités marocaines, de licences de forage pétrolier concernant les blocs offshore Foum Ognit et Boujdour Shallow, situés au large des côtes du Sahara« , écrit Le Desk.

En 2013, Glencore a reçu 38,25% de la licence Boujdour Offshore Shallow, opérée par Teredo Morocco et dont l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) garde aussi 25%. En 2014, la multinationale suisse acquiert 18,75 % de Foum Ognit, une licence mitoyenne dont l’ONHYM détient 25%, et New Age Morocco Ltd les 56,25% restants.

En mai 2017, la presse annonçait le retrait de Glencore de ses concessions marocaines, et que la société cherchait à revendre ses participations à New Age, arguant qu’elle n’avait pas encore progressé dans son travail.

Mais Le Desk montre que « c’est surtout la pression autour du conflit au Sahara qui a changé la donne« , plus que l’incertitude de trouver du pétrole dans ces immenses concessions, avec notamment le retrait du fonds d’investissement norvégien KLP du capital de Glencore, « sur la pression de la Western Sahara Resource Watch, [une ONG basée en Norvège qui milite en faveur du Front Polisario]« .

Documents à l’appui, Le Desk va jusqu’à détailler le montage proposé par Appleby à Glencore pour brouiller les pistes et – pourquoi pas – reprendre des participations sur les mêmes concessions via la très opaque New Age Morocco Limited, domiciliée à Jersey?

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