Jusqu’au 20 novembre 2017, des oeuvres de différents artistes africains sont exposées au Centre culturel de la Fondation Mosquée Hassan II dans le cadre de la troisième édition du Festival d’art contemporain d’Afrique & diaspora Arkane Afrika. Le thème choisi cette année est « Art-Patrimoine-Environnement et Citoyenneté ». Une exposition organisée par l’association Arkane dont le président et artiste, Abderrahmane Ouardane, a accepté de nous faire une petite visite guidée. C’est parti!
Humans
Difficile de rater ce grand tableau lorsqu’on pénètre dans la première salle. Cette œuvre est celle d’un duo un peu particulier composé de Tito, un Camerounais, et Mulk, ressortissant français. Les deux acolytes se sont rencontrés dans une agence de communication parisienne. Ils décident de tout quitter, de louer un appartement et d’en faire leur atelier commun. « Depuis, ils travaillent, toujours dans ce style street-art: sur de grands panneaux, des murs, etc. Leur particularité c’est qu’ils ne font pas ça à la bombe, mais à l’encre ou parfois à la peinture acrylique. Et regardez la précision du trait!« , s’enthousiasme Abderrahmane Ouardane.
Danse d’Ouarzazate
« Nous avons rencontré Alissa Joud à Ouarzazate lors de l’une de nos résidences. Il peignait des petits trucs qu’il vendait pour quelques dirhams seulement dans une toute petite boutique. Il faisait ça comme ça, c’était son gagne-pain« , raconte encore le président de l’Association Arkane. Ce dernier décide alors de faire venir l’artiste dans le centre culturel de l’association. Depuis, le travail du jeune homme a bien changé, explique Abderrahmane Ouardane: « avant, ses œuvres étaient plutôt figées. Il s’est en fait découvert, à force de travail, un vrai don pour peindre la gestuelle, la danse, le mouvement en général« . Un travail qui, selon lui, plait beaucoup au public. « On aurait pu vendre le tableau 10 fois si on voulait!« .
Inspirations sur assiettes
La jeune artiste tunisienne Hela Hammous a peint sur des plats, ces hommes et ces femmes qui avaient influencé sa vie. On y retrouve Nelson Mandela, l’acteur syrien Duraid Lahham, la photographe marocaine Leila Alaoui, ou encore l’ancien ministre Salaheddine Mezouar! « Hela est très créative ! Elle a organisé, en Tunisie, ce qu’elle a appelé ‘Le ballet des balais’. Sur une grande place, elle a regroupé plein de balais de toutes sortes de formes. Elle les a posés sur des ressorts et a fait souffler du vent. Comme si les balais dansaient !« , s’amuse Abderrahmane Ouardane.
Abstrait VS figuratif
« Ici vous avez deux œuvres contemporaines très différentes qui se font face. L’une est abstraite, l’autre est figurative, mais elles ont chacune leur intérêt« , lance Abdehrrahmane Ouardane. La première (à droite sur la photo) est celle de Tegene Kunbi, un jeune artiste éthiopien passionné par le travail de la matière.
Ici, il prend une couleur, fait un carré, puis ajoute une autre couleur, et fait un autre carré et ainsi de suite. « En fait, il veut montrer l’évolution de la couleur. C’est une expérience aussi bien pour le public que pour lui-même, car il ne savait pas à l’avance ce que ça donnerait« , explique le président de l’association Arkane.
L’auteur de l’autre oeuvre est le Marocain Oussama Mahassine, issu de l’école des beaux arts de Casablanca. « Il commence par coller des choses, puis il ajoute différentes formes d’écritures et de calligraphies. C’est après seulement que vient le dessin. La force de ce tableau c’est la peinture blanche sur le visage de l’enfant. Il l’a mise à la toute fin de sorte qu’elle donne l’impression de sortir du tableau« , analyse Ouardane.
Bustes de la mort
La seconde pièce de l’exposition s’ouvre sur l’œuvre torturée de l’Algérienne Linda Bougherara qui travaille le papier végétal qu’elle fait sécher sur différents supports, comme les bustes ici. « C’est un discours assez lugubre. Elle parle de la mort, de l’éphémère… On voit bien que n’est pas un corps vivant qu’elle a voulu représenter« , décrit Abderrahmane Ouardane.
Un travail qui reflète l’histoire de l’artiste qui est passée très proche de la mort à cause d’une maladie très grave. « Dans cette oeuvre, elle dit qu’on n’est que de passage…« , ajoute le président de l’association.
Autoportrait d’une malvoyante
Zineb El Kohen a un problème de vue: son champ de vision est restreint et ne cesse de réduire avec le temps. « C’est ce qu’elle a voulu représenter dans cet autoportrait. Autoportrait qui est d’une précision technique assez impressionnante d’ailleurs. Zineb a un trait vraiment très précis, très réaliste« .
Regard
Cette œuvre est celle du Tunisien Selmen Nahdi. Abderrahmane Ouardane, qui l’a vu à l’oeuvre, raconte: « Il commence par faire un croquis de son modèle. Il travaille les lignes. Ensuite, il ajoute la couleur. Il y a donc un monde entre le croquis de départ et ce résultat final saisissant ». Le président d’Arkane raconte que lorsqu’il peint, le Tunisien est « comme en transe. Il communique vraiment avec sa toile. C’est impressionnant à voir« .
Art brindilles
Ce petit portrait de profil est l’œuvre du Congolais Rudy Nzongo. Son originalité ? « Il est fait uniquement à partir de petites brindilles qu’il a peintes!« , s’émerveille Abderrahmane Ouardane. Dans son village au Congo, c’est le seul matériau qu’il avait sous la main pour créer« . Un exercice qui est devenu, pour lui, un vrai jeu : « Il s’amuse vraiment avec ça. Il te demande, tu veux quoi ? Un chat ? Un Chameau ? Et hop il te fait ça !« .
Crédits photos : Margaux Mazellier
INFOS PRATIQUES
Où ? Au centre culturel de la Mosquée Hassan II, rue de Tiznit, Casablanca
Quand ? Jusqu’au 20 novembre 2017
Du mardi au samedi, de 10h00 à 18h00
Combien ? Entrée libre
Renseignement : www.fmh2.ma ou +212 (0) 5 22 26 33 68
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