Plusieurs arrestations en marge des manifestations de la soif à Zagora

Les habitants de Zagora ont manifesté ce dimanche 8 octobre contre la pénurie d'eau dans la ville et ses environs. Bilan: 23 personnes ont été interpellées. Au total, 11 sont en garde à vue et 12 mineurs ont été placés sous contrôle judiciaire.

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Manifestation contre la pénurie d'eau, lundi 8 octobre, à Zagora. Crédit: Yassine Toumi/TelQuel

Plusieurs dizaines d’habitants de Zagora ont protesté ce dimanche 8 octobre contre le manque d’eau, devant le siège de la province. La manifestation a démarré vers 18 heures, a constaté sur place une équipe de journalistes de Telquel.ma.

Initialement, le rassemblement devait avoir lieu dès 16 heures devant le siège de l’ONEE. Cependant, pour des raisons d’organisation, elle a été retardée et déplacée devant le siège de la préfecture.

« Les autorités ont bloqué les accès et surtout mené une campagne d’intimidation auprès de la population depuis plusieurs jours« , nous explique Brahim Ruzkou, vice-président de la section locale de l’AMDH (Association marocaine des droits humains) qui précise qu’aucune organisation politique, syndicale ou associative ne mène ce « Hirak de la soif ».

Des femmes et des bidons

Comme pour la manifestation du 24 septembre, les femmes étaient aux premières loges. Munies de bidons vides, elles ont crié leur colère en tant que mères de famille. Parmi ces protestataires se trouvaient plusieurs habitantes du quartier des « Widadiyate » (Amicales), quatre lotissements construits au début des années 1990 et qui ne sont pas encore reliés aux réseaux d’électricité et d’eau potable. Ces quatre lotissements abritent selon nos sources plus de 450 familles formant une véritable mini-cité surnommée « El Hay Al 3atchane » (Le quartier assoiffé).

Crédit : Yassine Toumi/TELQUEL
Crédit : Yassine Toumi/TELQUEL

De l’eau et le départ du gouverneur

Les manifestants n’étaient munis d’aucune banderole, mais de petits drapeaux nationaux en plus d’un portrait du roi. Les slogans scandés dimanche à Zagora dénoncent la rareté de l’eau, disponible seulement quelques heures pendant la journée, mais imbuvable à cause de son degré de salinité selon les manifestants.

De temps à autre revenaient les mêmes slogans scandés dans le Rif et surtout le célèbre « Liberté, Dignité, Justice sociale ». D’autres slogans attaquaient frontalement le gouverneur de la ville Abdelghani Samoudi, un commis de l’État qui a longtemps servi à Zagora et que la population accuse d’ignorer ses problèmes.

Crédit : Yassine Toumi/TELQUEL
Crédit : Yassine Toumi/TELQUEL

Les manifestants ont aussi protesté contre les factures jugées salées payées pour de l’eau qu’ils estiment imbuvable. « Je paie une facture de 300 dirhams mensuels, mais en même temps je suis obligé d’acheter de l’eau à boire. C’est une double peine« , déplore un manifestant.

Vers 20 heures, les manifestants ont commencé à se disperser sans heurts dans un premier temps. Les forces de l’ordre ont alors entamé des courses-poursuites dans les artères et les ruelles de Zagora pour éviter des mini-manifestations improvisées.

Alors que des membres des Forces auxiliaires ont utilisé la force dans certains cas, des jeunes de la ville ont riposté en jetant des pierres et en incendiant des bennes à ordures. Selon les autorités locales, 23 personnes ont été interpellées. Onze personnes ont été placées en garde à vue et douze mineurs ont été placés sous contrôle judiciaire.  Une femme a été blessée, nous assure une source associative sur place, tandis que du côté des autorités locales, on nous assure que des éléments des forces de l’ordre ont été blessés par les jets de pierre.

À signaler que cette manifestation intervenait à la veille du procès de huit personnes, dont un mineur, poursuivies en marge des manifestations du 24 septembre.

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