Expo : le calvaire des migrants syriens vu par Rabia Moukhlesse Franoux

Du 6 au 21 octobre, l'exposition "Le Journal d'Hanae" se tient à la galerie Ak'Dart à Dar Bouazza. Rabia Moukhlesse Franoux, artiste peintre et plasticienne engagée, représente le chemin des migrants syriens à travers la Méditerranée et propose une lecture émotive de leurs épreuves.

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Crédits : Rabia Moukhlesse Franoux. Expo "Le Journal d'Hanae" 2017

Rabia Moukhlesse Franoux veut éveiller les consciences à travers l’art. Après s’être emparée de sujets sociaux forts tels que le printemps arabe, le voile et les violences faites aux femmes, elle traite dans son exposition « Le Journal d’Hanae » du calvaire des migrants syriens qui fuient la guerre au péril de leur vie sur les eaux de la Méditerranée.

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Sa création est partie de deux rencontres qui l’ont bouleversées : «  J’ai rencontré deux héros. Rym était une jeune artiste syrienne d’Alep qui a fuit la guerre très tôt pour rejoindre l’Allemagne, mais elle a décidé un an après de revenir dans son pays. Elle rêvait de changer les choses sur le front. Elle est morte sans voir la guerre s’arrêter. Sami jeune journaliste refusait de quitter son pays. Pour lui, impossible d’assister à l’horreur sur un canapé au chaud dans une ville européenne pendant que des enfants mourraient. Il a été tué par Daech à Alep« , raconte-t-elle.

Après avoir essayé de les aider en parlant d’eux et en interpellant des politiques en vain, elle écrit   » Le Journal D’Hanae « , une fiction biographique d’une petite fille sur la route de l’exil.  « Je ne savais pas alors que ce cauchemar allait se transformer en réalité… Deux jours après la parution, un petit Aylan a été trouvé sur une plage… Le temps est passé et je n’arrivais pas à effacer ces images. Alors j’ai décidé de m’exprimer autrement« .

De là est née une série de peintures abstraites et profondes, aux tons chauds qui rappellent la terre, aux mille nuances de bleu de la mer, en passant par le noir et le rouge, dont on peut imaginer qu’ils représentent les tourments des peuples exilés, sans cesse confrontés à la mort et dont le voyage est à la fois un arrachement et une violence. A côté des peintures saisissantes, des installations de feuillets du journal de la petite fille sont suspendus au plafond. Dans un bassin d’eau, on aperçoit une poupée abandonnée, image d’une douloureuse séparation.

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La Galerie Ak’Dart a été créée en 1998 par Asmae El Khattabi, architecte d’intérieur, pour promouvoir les artistes marocains et étrangers de toutes les disciplines artistiques : peintures, sculptures, photographies, vidéos, installations… Au-delà de leurs œuvres, la Galerie est un trait d’union entre le public et les artistes afin de favoriser les échanges sur la créativité et les idées. Elle choisit ses artistes en fonction de leur sensibilité et de leur engagement. Son chemin a débuté en Syrie. Elle est ensuite passée par l’Egypte avant de retourner au Maroc. Son nomadisme fait étrangement écho à cette exposition poignante, engagée et belle.

Exposition du 6 au 21 octobre à la Galerie Ak’Dart, Lotissement Nawrass  – Dar Bouazza

 

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1970 : naissance à Fès

1994 : diplômée des beaux-arts de Casablanca

2002 : exposition « Sans voile » à Lyon

2011 : exposition « Désacraliser le sacré / Sacraliser le commun » à Châlon-sur-Saône

2012-2013 : exposition « Je suis la Marianne » à Châlon-sur-Saône

2013 : exposition « Carte blanche : après le printemps » à Saint-Marcel[/encadre]

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