Pour pallier ses problèmes récurrents de trésorerie, l’Office Nationale de l’Électricité et de l’Eau potable lance une opération de titrisation portant sur 1,5 milliard de dirhams de créances commerciales. C’est la cinquième opération de la sorte, après celles de 2013, 2014, 2015 et 2016, qui s’étendaient chacune sur une année et portaient sur des montants allant de 1 à 2 milliards de dirhams.
Au total, 5,3 milliards ont déjà été levés depuis 2013, année de la mise en place d’un programme de financement via le mécanisme de titrisation. Ledit programme a pour objectif la mobilisation de 10 milliards de dirhams sur 10 ans.
Pour les quatre émissions précédentes, « tous les indicateurs de performance du fonds ont dépassé les prévisions communiquées au départ aux investisseurs », précise la note d’information officielle de l’ONEE.
Pour l’opération de 2017, les créances de 17 débiteurs seront titrisées. Il s’agit de régies publiques (Radeej El Jadida, Radeema Marrakech, Radees Safi, Radem Meknes, Rak Kenitra, Radeef Fès), de délégataires de service public (Amendis Tanger, Amendis Tétouan, Lydec Casablanca) et de grands groupes industriels auxquels l’ONEE vend directement l’eau et l’électricité (Asment de Temara, Ciments du Maroc, Compagnie Industrielle des Fibres, Compagnie minière de Touissit, Fruit of the loom textile, Maghreb Oxygène, Renault Tanger Exploitation SAS et St Microelectronics Maroc). Afin d’assurer la sécurité de l’opération pour les souscripteurs, des critères d’éligibilité des créances sont fixés. Ces dernières ne doivent ainsi faire l’objet d’aucune contestation.
La période de souscription s’étendra du 12 octobre au 13 octobre 2017. Les titres seront rémunérés selon un taux d’intérêt de 2,98% à 3,08% et remboursés dans un délai d’un an.
La titrisation pour les nuls
Lorsqu’une entreprise détient des créances auprès d’autres structures (par exemple des factures non soldées ou des prêts en cours), l’opération de titrisation consiste à regrouper ces créances de nature similaire en un lot, qui est fractionné en plusieurs titres financiers. Ces titres sont émis, c’est-à-dire vendus, sur le marché des capitaux, par des investisseurs (les souscripteurs). En vendant ces titres, l’entreprise émettrice reçoit de la liquidité qui lui permet de fluidifier sa trésorerie et d’optimiser son besoin en fonds de roulement, en attendant que ses débiteurs règlent leurs factures.
En vendant l’eau et l’électricité aux régies, aux délégataires et aux grands industriels, l’ONEE émet des factures qui ne sont réglées qu’à l’issue d’un certain délai de paiement (généralement 60 jours), ce qui entraîne des problèmes récurrents de trésorerie. Pour y remédier, l’ONEE doit acquérir des fonds de manière temporaire. Au lieu de contracter des prêts auprès de banques, l’ONEE lance une opération de titrisation, car les taux d’intérêt sont moindres en l’absence d’intermédiaire bancaire.
Les titres sont achetés par des « investisseurs qualifiés », à savoir des organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM), des compagnies financières, banques, entreprises d’assurances, organismes de pensions et de retraites et la Caisse de dépôt et de gestion. En achetant ces titres, ces souscripteurs font travailler leur argent, grâce aux intérêts perçus. L’ONEE est pour eux un placement sûr, dans la mesure où il s’agit d’un organisme public qui ne présente pas de risque de faillite.[/encadre] |
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