Lancement du Maroc DataCenter : vers un "hub digital africain" ?

La première plateforme Cloud Computing sur un site 100% marocain a été inaugurée à Témara le 19 septembre par le Secrétaire d'Etat à l'investissement Othman El Ferdaous, qui a multiplié les œillades en direction des pays de la CEDEAO.

Par

Le Maroc DataCenter, qui ressemble à un jeu de légo grandeur nature, s’étend sur 2000 m2 en périphérie de Rabat. Construit par le Groupe Medasys (Medafrica System, groupe marocain créé en 1995 spécialisé en IT à forte valeur ajoutée) à la demande de la Direction Générale de la Sécurité et des Systèmes d’Information (DGSSI), sa première ambition est de garantir la souveraineté digitale du Royaume, afin que les données importantes et sensibles détenues par l’administration restent localisées sur le territoire national. Un enjeu de sécurité numérique, mais pas seulement.

« Première pierre vers un hub digital africain »

Dès les premiers instants de sa prise de parole,  Othman El Ferdaous impulse une dimension africaine au projet Maroc Datacenter : « Parmi les 70 ingénieurs, tous sont Marocains mais il y a également un tchadien, ce qui augure de la profondeur stratégique de ce datacenter par rapport à l’Afrique de l’Ouest« , se réjouit-il. Si les allusions à la CEDEAO n’étaient pas assez claires, le secrétaire d’Etat à l’investissement n’y va pas par quatre chemins : « La CEDEAO, que le Maroc va intégrer, c’est 750 millions d’habitants dans 30 ans ». Et autant de perspectives de développement pour El Ferdaous qui dit vouloir « challenger le statu quo et faire du Maroc un « hub digital » pour l’Afrique de l’Ouest et animer l’écosystème entrepreneurial« .

Un mouvement déjà engagé par Medasys, qui a conclu un partenariat avec le groupe britannique Zircom, leader dans la construction et l’exploitation de datacenters au Royaume-Uni. L’objectif est de créer un joint-venture pour la mise en place d’un « Morocco International Gateway Datacenter », qui s’adressera à la fois aux marchés marocain et africain. Ce méga datacenter fera cinq fois la taille du Maroc Datacenter, pour un investissement de 800 millions de dirhams, financés par des fonds européens. « Le lancement des études se fera à partir de novembre 2017 pour une mise en service envisagée à fin 2018 / début 2019« , confie Mohammed Benmira, administrateur du Maroc Datacenter et Directeur Général de Medasys, à Telquel.ma.

Toucher 25000 TPME et 30 administrations et grandes entreprises d’ici 2 ans

« Nous voulons dire aux entreprises publiques, privées, aux TPE et PME : concentrez-vous sur votre cœur de métier, on s’occupera de l’informatique« , poursuit Mohammed Benmira. Avec un budget initial de 85 millions de dirhams, le projet pourrait atteindre 370 millions de dirhams après sa phase de développement. Interrogé par Telquel.ma sur l’objectif en terme de clientèle, le directeur général explique ambitionner de toucher « 20 000 à 25 000 TPE et PME, ainsi que 30 grosses structures, à la fois dans l’administration publique et dans les structures privées à horizon 2 ans « . Pour l’heure, des contrats sont notamment conclus avec Portnet (plateforme de dématérialisation des flux documentaires relatifs au commerce extérieur), et Maroc PME qui est par ailleurs partenaire du projet mis en place dans le cadre du programme Imtiaz.

Des factures énergétiques de 100 000 à 450 000 dirhams par mois

Si Othman El Ferdaous se risque à parler d’une « infrastructure immatérielle« , celle-ci est pourtant bien tangible, avec un coût en électricité non négligeable. « De 100 000 à 450 000 dirhams par mois« , nous confie Abdelilah Sbai, administrateur du Datacenter. Avec une technologie « tiers 3 », qui permet au système de continuer à fonctionner même en cas de panne d’une unité, le datacenter est prévu pour tenir 36 heures en autonomie sans électricité.

S’agissant de l’impact environnemental, les dirigeants annoncent fièrement « n’avoir aucune empreinte environnementale », du fait de l’absence de système de dégagement d’air chaud, évité par des armoires de refroidissement. Cependant, l’impressionnante consommation d’électricité ne peut être sans conséquences sur l’environnement, même si celles-ci sont indirectes.

 

 

Rejoignez la communauté TelQuel
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous

Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer