« Cassini-Huygens est une mission extraordinaire qui a révolutionné notre compréhension des confins de notre système solaire« , explique Alexander Hayes, professeur d’astronomie à l’Université Cornell dans l’Etat de New York.
Avec près de 300 orbites autour de Saturne, Cassini a fait d’importantes découvertes : les mers de méthane liquide sur Titan, son plus grand satellite naturel, et l’existence d’un vaste océan d’eau salée sous la surface glacée d’Encelade, une petite lune saturnienne. Les données recueillies par le spectromètre à bord de Cassini, lors de la traversée d’un panache de vapeur au pôle sud d’Encelade, ont révélé la présence d’hydrogène jaillissant de fissures dans la couche de glace. Cet hydrogène est la signature certaine d’une activité hydrothermale propice à l’existence de la vie, comme l’avaient expliqué les scientifiques en annonçant cette découverte en avril dernier.
« Ces découvertes faites par Cassini figurent parmi les plus époustouflantes en science planétaire« , a estimé mercredi 13 septembre devant la presse, Linda Spilker, principale scientifique de la mission au « Jet Propulsion Laboratory » (JPL) de la Nasa en Californie. « Ce monde océanique d’Encelade a vraiment changé notre approche sur la recherche de la vie, ailleurs dans notre système solaire et au-delà« , a-t-elle dit.
Cassini, une sonde de 2,5 tonnes lancée en 1997 et dotée de douze instruments, a amorcé le 22 avril la première manoeuvre qui la fera plonger dans l’atmosphère de Saturne le 15 septembre. Pour ce faire, le vaisseau s’était approché de Titan, grâce à sa poussée gravitationnelle, pour descendre sous les anneaux de Saturne et le haut de sa couche nuageuse. Pour la première fois, il avait ainsi exploré cet espace vide de 2.700 kilomètres. Cassini aura effectué au total vingt-deux de ces orbites jusqu’à ce dernier vendredi.
Elle a survolé une dernière fois Titan le 12 septembre et transmis les images et données scientifiques recueillies pendant ce survol. C’est le dernier « baiser d’adieu« , ont dit les ingénieurs de la Nasa qui ont profité de cette communication pour s’assurer que le vaisseau est bien sur la trajectoire qui le fera plonger dans l’atmosphère saturnienne. « La sonde transmettra des données durant son plongeon, un sans précédent pour Saturne« , pointe Linda Spilker.
Cassini devrait perdre le contact avec la Terre deux minutes après le début de sa descente à 113.000 kilomètres/heure durant laquelle dix de ses instruments fonctionneront, dont le spectromètre pour analyser l’atmosphère. Ces informations aideront à comprendre la formation et l’évolution de la planète gazeuse.
Jeudi 14 septembre, d’autres instruments effectueront des observations des aurores boréales et des tourbillons aux pôles de Saturne. Cassini amorcera son ultime descente à 7:14 GMT le lendemain pour entrer dans l’atmosphère de Saturne à une altitude d’environ 1.915 km. Le signal de cette manoeuvre sera reçu par la Nasa à 8:37 GMT, 86 minutes plus tard, le temps mis par les ondes radio pour atteindre notre planète.
Avec ses antennes orientées vers la Terre, Cassini entrera dans l’atmosphère de Saturne à 10:31 GMT, ce qui sera confirmé sur Terre à 11:54 GMT. Une minute plus tard, à 1.510 kilomètres au-dessus de la couche nuageuse, les communications s’arrêteront et peu après Cassini commencera à se désintégrer, prédit la Nasa. Ce dernier signal sera capté à 11:55 GMT.
« Ce grand final représente la culmination d’un programme pour utiliser le carburant restant dans le vaisseau de la manière la plus productive scientifiquement« , explique Earl Maize, responsable du projet Cassini au JPL. « En précipitant Cassini dans l’atmosphère de Saturne on évite tout risque que le vaisseau aille s’écraser sur l’une des lunes où la vie pourrait exister comme Encelade, les préservant de toute contamination« , précise-t-il.
La mission est une coopération entre la Nasa, l’Agence spatiale européenne (ESA) et l’Agence spatiale italienne, ces deux dernières ayant construit la sonde Huygens transportée par Cassini jusqu’en en décembre 2004, quand elle est allée se poser sur Titan. Elle a coûté au total 3,26 milliards de dollars dont 2,6 milliards pour les Etats-Unis, 500 millions pour l’ESA et 160 millions pour l’Agence spatiale italienne.
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