Dans une série de clichés relayés ce week-end sur les réseaux sociaux, l’Association marocaine des droits humains (ADMH) alerte la société civile et les autorités sur la situation désespérée des mineurs isolés dans le port de Nador. « Des dizaines d’enfants de toutes les villes marocaines vivent des conditions difficiles au port de Béni Ansar en espérant tenter de migrer un jour vers l’Europe » s’inquiète l’association, en s’appuyant sur des clichés saisis par le média NadorCity.
« Ces jeunes attendent l’opportunité de migrer soit à travers la gare maritime de Nador en se cachant dans un véhicule ou bateau, soit en tentant d’accéder à Melilia pour rejoindre l’Europe », explique Omar Naji, président de la section AMDH de Nador. Le militant associatif insiste aussi sur le profil particulier de ces jeunes. « Il ne s’agit pas de jeunes de la rue. La plupart ont plutôt quitté leurs familles pour migrer à travers des chemins périlleux« , précise-t-il, tout en rappelant l’urgence de leur situation: « Ils dorment dans la rue ou à l’intérieur des ports, sans que les associations et l’État les aident. C’est une situation difficile, encore plus en cette période de l’année où le froid revient« .
« Ces jeunes sont décidés »
Pour ces jeunes en quête d’ailleurs, trouver une solution durable à leur situation relève du casse-tête.
Nous avons alerté le gouverneur de Nador ainsi que le ministère de la Famille de la Solidarité de l’Égalité et du Développement social. Dans nos discussions, nous essayons également de les dissuader de tenter cette aventure. Mais ces jeunes sont décidés, quitte à affronter les pires scénarios.
Omar Naji
Parmi les rares établissements permettant un accueil plus digne que les filets du port, le centre d’accueil de Laroui est la structure la plus proche. Ouvert en 2008, sa capacité d’accueil ne dépasse pas la quarantaine de places. Selon son directeur Brahim Rhiwi, 12 jeunes concernés par ce phénomène figurent actuellement parmi les pensionnaires. Le « manque de moyen » ne lui permet pas de venir en aide à la totalité des mineurs.
Nous manquons de personnel. De plus, les démarches sont longues pour venir en aide à ces jeunes. Nous devons au préalable effectuer un long travail de terrain pour déterminer lequel d’entre eux doit être accueilli en priorité.
Brahim Rhiwi
Au-delà de ces problèmes d’accueil, difficile pour le personnel associatif d’empêcher l’exil de ces mineurs. « Lorsqu’ils voient des jeunes réussir à migrer, cela leur donne espoir et les conforte dans leur objectif« , explique le président de l’AMDH Nador. Celui-ci précise également que la dissuasion des forces de l’ordre ne suffit pas en raison de leur statut de mineur. « Les mineurs ne sont pas emprisonnés. À peine arrêtés, ils retentent la traversée le lendemain » déplore-t-il.
À l’instar de Brahim Rhiwi, le président de la section Omar Naji en appelle désormais à l’État pour trouver une solution durable à ce phénomène. S’il précise qu’aucun jeune n’est à ce jour décédé à Nador en tentant la traversée, il rappelle cependant que deux Marocains sont morts noyés en 2016 à Melilla. Ce qui n’enlève rien à l’indignité des mineurs de Nador ni à l’urgence de la situation.
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