Nette hausse du niveau de vie et léger recul des disparités sociales au Maroc, selon le CESE

Dans son rapport annuel 2016, le Conseil économique social et environnemental révèle que le niveau de vie moyen des Marocains a presque doublé en 13 ans. Les disparités sociales reculent légèrement, mais restent élevées.

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Le rapport du CESE sur l’année 2016 devrait remonter le moral des ménages marocains. Il indique en effet que « le niveau de vie moyen des Marocains a presque doublé entre 2001 et 2014, passant de 8 300 dirhams par an à 15 900 dirhams« .

Le rythme d’accroissement s’est accéléré sur les dernières années. Il est passé de 3,3% sur la période 2001-2007, à 3,6% entre 2007 et 2014. Le taux de pauvreté monétaire a suivi la même dynamique positive, puisqu’il est en net recul (de 15,3% en 2001 à 4,8% en 2014).

On note au passage que les inégalités sociales ont amorcé une tendance à la baisse depuis 2007, bien qu’elles demeurent à un niveau relativement élevé. « Les taux de croissance annuels moyens du niveau de vie des 20% les plus pauvres et de la classe intermédiaire se sont établis à 4% et 3,9%, respectivement, soit des rythmes supérieurs à celui des 20% les plus aisés qui enregistrent une croissance annuelle 3,3%« , explique le rapport. Cette légère baisse se retrouve aussi dans l’évolution de l’indice de Gini, qui mesure l’inégalité des revenus, revenant de 40,7% en 2007 à 39,7% en 2014, ce qui reste un taux élevé.

graphique cese disparité

Légère réduction des disparités régionales, mais du retard en milieu rural

Le rythme de croissance de plusieurs régions ayant des niveaux de vie faibles ou moyens a été plus rapide que dans des régions les plus aisées, selon le CESE, qui précise tout de même que « cette convergence demeure lente pour certaines d’entre elles et requiert la consolidation d’une croissance forte et inclusive« .

Une analyse de l’Observatoire des conditions de vie de la population du HCP montre que la durée nécessaire pour réduire de moitié des disparités régionales actuelles serait d’environ 24 années, ce qui dépasse largement, l’horizon 2030 fixé dans le cadre des Objectifs de développement durable.

Mais les disparités régionales cachent également des inégalités infrarégionales, qui se sont creusées notamment au sein des régions du Sud et de la région de Rabat-Salé-Kenitra. Les régions de Casablanca-Settat, du Souss-Massa et de Marrakech-Safi affichent quant à elles un léger recul des inégalités en leur sein.

Le rapport révèle également le caractère majoritairement rural de la pauvreté. Bien que le niveau de vie dans le milieu rural ait évolué plus rapidement qu’en milieu urbain (+3,7% et 3,1% par an respectivement entre 2001 et 2014), l’écart entre les deux milieux n’a que très légèrement diminué et la pauvreté en milieu rural est encore quasiment deux fois plus élevée qu’en milieu urbain.

Un écart qui se reflète également dans le taux de pauvreté monétaire, qui est largement plus élevé en milieu rural (9,5%, contre 1,6% en ville) et dans la proportion de personnes vulnérables, qui culmine à 19,4% en milieu rural, au lieu de 7,9% en milieu urbain. Au total, « le milieu rural regroupe 79,4% des pauvres et 64% des vulnérables« , révèle le rapport.

La déconcentration administrative: la solution aux déficits sociaux du rural?

Selon le CESE, « ces évolutions confirment la nécessité de renforcer les piliers d’une croissance inclusive au Maroc, en veillant à assurer un équilibre entre les territoires ». Le conseil pointe également « la nécessité d’accélérer le processus de la déconcentration administrative, comme vecteur de la territorialisation des politiques ». En effet, bien que les avancées de la régionalisation au niveau juridique et institutionnel soient notables, la répartition des compétences dans la gestion de la chose publique entre les territoires et le centre se révèle insuffisante.

Par ailleurs, le CESE note qu’il « est important que la région et son président puissent exercer pleinement leurs responsabilités en matière de développement socio-économique, culturel et environnemental« . Le conseil regrette également que la démocratie participative, mise en place par la nouvelle Constitution, soit exercée de manière très « disparate selon la compréhension des différents responsables des collectivités territoriales, en l’absence d’encadrement réglementaire« .

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