A Londres, trois galeries représenteront le Maroc à la 1:54 Contemporary African Art Fair

Organisée par Touria El Glaoui, la première foire internationale dédiée à l’art africain revient à Londres du 5 au 8 octobre 2017. Cette année, trois galeries marocaines viendront présenter leurs photographes, peintres et plasticiens.

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1:54 London 2016 ©Victor Raison

Un continent, 54 pays et la même envie de faire rayonner la scène artistique africaine à l’international. 1:54 est devenue en quelques années à peine la plate-forme durable et dynamique engagée dans le dialogue et le partage d’artistes africains ou inspirés par l’Afrique. Cette foire de l’art contemporain africain part d’un continent et explore toutes ses forces, et toutes ses faiblesses, en exposant la quintessence de la scène contemporaine africaine actuelle.

Africa mon Amour

En bousculant les frontières inamovibles du continent africain, 1:54 apporte un sens supplémentaire à cette rencontre de riches collectionneurs et de marchands d’arts. Elle entremêle Afrique anglophone et Afrique francophone, Afrique du Nord et Afrique subsaharienne, met en exergue les similitudes et exploite les disparités pour offrir aux visiteurs une sélection représentative de la scène contemporaine africaine.

Cette année, c’est L’Atelier 21 de Casablanca, la Galerie 127 et la Voice Gallery, toutes deux de Marrakech, qui représenteront le Maroc avec un total de 10 artistes marocains et internationaux exposés. Cultivés, féroces et férus de culture pourront apprécier photos, peintures et installations représentant le Maroc lors de cette grande manifestation d’art contemporain africain.

Zoom sur… Safaa Erruas

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Safaa Erruas, 2017, 42×30 cm Courtesy de L’Atelier 21

L’Atelier 21, galerie casablancaise réputée, est une grande habituée des foires 1:54. Cette année, elle ne présente qu’une seule artiste, en Solo Show, la surprenante plasticienne Safaa Erruas. Ça sera une véritable exposition de l’artiste avec plus de 30 œuvres exposées.

Le blanc prédomine dans le travail de Safaa Erruas. Cette couleur symbolise selon elle l’absence, l’immatérialité, la transparence et la fragilité. Par cette absence, l’artiste a le champ libre pour s’exprimer, communiquer.

Cette clarté ne manque néanmoins pas d’obscurité. En effet, l’artiste interagit continuellement entre la lumière et l’ombre, l’ouverture et l’occlusion. En utilisant des lames de rasoir, des aiguilles ou d’autres objets métalliques, elle fait ressortir les blessures silencieuses contenues dans l’inconscient.

Elle utilise également du papier de soie et des perles qui donnent à ses travaux, au-delà de la dimension esthétique, une profondeur magnétisante qui amène ceux qui les observent à une réflexion sur eux-mêmes.

Pour L’Atelier 21, “apprécier l’œuvre de Safaa Erruas suppose prendre son temps“. En effet, lorsque l’on regarde ses œuvres, le temps s’arrête et l’œil s’aiguise. Le blanc prédominant laisse place à une part d’ombre que l’on découvre au fur et à mesure.

Avec plusieurs expositions à travers le monde, cette plasticienne devient une des plus grandes représentes de la scène artistique marocaine. Elle multiplie les foires et les expositions personnelles, son travail étant toujours gracieusement reçu par la critique.

Safaa Erruas, Micro events I, 2017, Découpes de papier, diapositives en verre, fils métalliques et images d'yeux sur papier coton, 43x55 cm. Courtesy de l'artiste et de L'Atelier 21
Safaa Erruas, Micro events I, 2017, Découpes de papier, diapositives en verre, fils métalliques et images d’yeux sur papier coton, 43×55 cm. Courtesy de l’artiste et de L’Atelier 21

 

Safaa Erruas, 2017, 25x35 cm Courtesy de l'Atelier 21
Safaa Erruas, 2017, 25×35 cm
Courtesy de l’Atelier 21

Les galeries marrakchies à l’honneur

La Galerie 127 à Marrakech, tenue par Nathalie Locatelli, participe pour la première fois à 1:54. Elle présentera cinq de ses artistes lors de cette édition. Mohamed Baala, 31 ans, vit et travaille entre Marrakech et Taroudant. Artiste multimédia, autodidacte et grand passionné de littérature, de musique et de philosophie, il utilise le dessin, la peinture, le collage et la sculpture pour composer des installations sublimement poétiques.

Mo Baala, Maybe Poetry, 2017, Feutre à peinture acrylique et huile sur 123 mini toiles de 10x12 cm emballé dans un carton vintage de la Seconde Guerre Mondiale. Courtesy Galerie 127
Mo Baala, Maybe Poetry, 2017, Feutre à peinture acrylique et huile sur 123 mini toiles de 10×12 cm emballé dans un carton vintage de la Seconde Guerre Mondiale. Courtesy Galerie 127

À ses côtés, Carolle Bénitah, native de Casablanca, elle vit et travaille à Marseille. Photographe, elle explore la mémoire de famille et le passage du temps. Elle sublime de vieux clichés en y ajoutant broderies, perles et autres dessins à l’encre. Fille, puis épouse et mère, elle réinterprète son histoire en intensifiant à chaque fois la dimension esthétisante.

Carolle Bénitah, A la plage, 2009, Impression avec fil de soie et encre, 41,9×61 cm, Edition 4/5 + 2EP. Courtesy Galerie 127
Carolle Bénitah, A la plage, 2009, Impression avec fil de soie et encre, 41,9×61 cm, Edition 4/5 + 2EP. Courtesy Galerie 127

Photographe français, Denis Dailleux vit et travaille à Paris. Au-delà de la capture de l’instant, il développe un lien indéfectible avec ce qu’il photographie. C’est cette chaleur envers autrui qui l’a conduit à privilégier le portrait. Parallèlement, les projets qu’il mène, notamment au Ghana, l’ont conduit à idéaliser le paysage. Son travail s’axe entre autres sur la recherche des symbioses entre le corps et l’espace.

Denis Dailleux, Le bain du village, Mumford, Ghana, 2016, Impression argentée, 80x80 cm, Edition 2/8. Courtesy de l'artiste et de la Galerie 127
Denis Dailleux, Le bain du village, Mumford, Ghana, 2016, Impression argentée, 80×80 cm, Edition 2/8. Courtesy de l’artiste et de la Galerie 127

Né à Tanger en 1989, le marocain Hicham Gardaf vit et travaille à Londres. Il s’inspire du paysage en mutation rapide au Maroc et s’imprègne de ce contexte pour ennoblir le paysage urbain. Il a commencé en photographiant son propre quartier, et ses habitants, avant d’étendre son art à d’autres horizons. Les changements environnementaux, les résultats des structures suburbaines non réglementées et la formation de nouveaux paysages sont au cœur même de ses explorations.

Hicham Gardaf, Untitled #02, 2017, Silver Gelatin Print, 140x110 cm, Edition 1/3 + 1EP. Courtesy de l'artiste et de la Galerie 127
Hicham Gardaf, Untitled #02, 2017, Silver Gelatin Print, 140×110 cm, Edition 1/3 + 1EP. Courtesy de l’artiste et de la Galerie 127

La dernière artiste présentée par la Galerie 127 est une jeune marocaine de 28 ans. Plasticienne autodidacte, Safaa Mazirh a été initiée à la photographie à travers une association de jeunes photographes à Rabat, Fotografi’Art. En apprentissage perpétuel, elle crée des photographies allègrement mélancoliques. Fascinée par le corps et ses mouvements, elle capture l’instant, tout en nervures et en lyre.

Safaa Mazirh, Série Amazigh, Femmes berbères, 2017, 150x60 cm, Impression numérique sur papier Hanemuele, Edition 1/5 + 1EP. Crédit Galerie 127
Safaa Mazirh, Série Amazigh, Femmes berbères, 2017, 150×60 cm, Impression numérique sur papier Hanemuele, Edition 1/5 + 1EP. Courtesy Galerie 127

La VOICE Gallery, à Marrakech aussi, est une habituée de la foire 1:54. Quatre artistes éclectiques seront présentés au public pour cette édition. Sara Ouhaddou est une jeune plasticienne de 31 ans qui vit et travaille entre Paris et Marrakech. Pour concevoir ses oeuvres, elle explore les outils de développement économiques, sociaux et culturels. Influencée par sa double culture, son travail se traduit par un mélange de méthodes traditionnelles et d’innovations techniques et esthétiques.

Sara Ouhaddou, Titaween, 2017, caoutchouc brodé, 77x175 cm. Courtesy de l'artiste et de la galerie VOICE
Sara Ouhaddou, Titaween, 2017, caoutchouc brodé, 77×175 cm. Courtesy de l’artiste et de la VOICE Gallery

Parmi les artistes exposés, Owanto, une cinquantenaire emplie de sagesse, comme nous pouvons le ressentir dans ses œuvres. Britannique et gabonaise, elle vit et travaille à Malaga. Peinture, sculpture, photographie, vidéo et installation, rien ne lui résiste. Autant de supports qui lui permettent d’explorer les concepts d’identité, de transformation et d’évolution de l’existence. Elle exploite le concept de la mémoire pour créer des œuvres intemporelles.

Owanto, Flowers IV, 2015, Fleur de porcelaine froide sur impression UV sur châssis en aluminium et chêne, Edition de 3, 125x182 cm. Courtesy de l'artiste et de la VOICE Gallery
Owanto, Flowers IV, 2015, Fleur de porcelaine froide sur impression UV sur châssis en aluminium et chêne, Edition de 3, 125×182 cm. Courtesy de l’artiste et de la VOICE Gallery

Btihal Remli est une jeune photographe marocaine née en Allemagne. Elle vit et travaille à Marrakech. Son travail s’oriente vers la complexité de l’identité féminine. Par ses expériences spatiales, sociales et spirituelles, elle transmet ses observations de la vie en général. Elle se préoccupe également des espaces immatériels créés et activés par les rituels islamiques et notamment la place de la femme dans ces traditions.

Btihal Remli, Throne Verse #1, 2014, C-print sur aluminium, Edition de 3, 100x100 cm. Courtesy de l'artiste et de la VOICE Gallery
Btihal Remli, Throne Verse #1, 2014, C-print sur aluminium, Edition de 3, 100×100 cm. Courtesy de l’artiste et de la VOICE Gallery

Pour son dernier artiste, VOICE Gallery présente Eric Van Hove, un natif d’Alger qui vit et travaille à Marrakech. Cet artiste explore les thèmes de l’aventure, de la familiarisation et la psycho-géographie. Son approche spirituelle de l’intellectualisme eurocentré du monde de l’art contemporain le mène à explorer le territoire esthétique et métaphorique entre production artisanale et capitaliste, régionale et mondiale.

Eric van Hove, Mahjouba, 2016, Médias mixtes, 200x70x113 cm. Courtesy de l'artiste et de la VOICE Gallery. Photo: Alessio Mei
Eric van Hove, Mahjouba, 2016, Médias mixtes, 200x70x113 cm. Courtesy de l’artiste et de la VOICE Gallery. Photo: Alessio Mei

 

1:54. Prémices et balbutiements

Initiée par Touria El Glaoui en 2013, la foire 1:54 est devenue la référence de l’art contemporain africain. Avec deux éditions par an, à New York et à Londres, c’est la première foire internationale dédiée à l’art contemporain du continent africain. Cette année, la foire revient à la Somerset House, à Londres, après une édition en mai dernier à New York réussie et saluée par les spécialistes et amateurs.

La marocaine Touria El Glaoui est la fille d’un des plus grands artistes du royaume, très apprécié des collectionneurs, Hassan El Glaoui. Elle fait ses armes en réalisant de grandes expositions majeures des travaux de son père et devient également membre fiduciaire de la Biennale de Marrakech. En 2013, elle fonde 1:54 Contemporary African Art Fair à Londres, exporte la foire à New York à partir de 2015 et organisera une première édition à Marrakech, les 24 et 25 février 2018.[/encadre]

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