Mohamed Yatim: "Le gouvernement vise un taux de chômage de 8,5%"

Mohamed Yatim nous explique le plan national pour l’emploi, ainsi que les détails de sa mise en oeuvre après la première réunion de la commission interministérielle.

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mohamed yatim © Yassine Toumi/TELQUEL

Lundi 28 août s’est tenue à Rabat la première réunion de la commission interministérielle dédiée à l’emploi. Présidée par le chef du gouvernement, la commission ambitionne de réduire le chômage à 8,5% à l’horizon 2021. Lors de la réunion, Saad Eddine El Othmani a insisté sur l’importance d’étendre cette stratégie au monde rural et aux immigrés en situation régulière notamment.

« Les programmes d’emploi sont en cours d’extension pour englober les chercheurs d’emploi non diplômés, les personnes en situation de handicap, les bénéficiaires d’indemnités de perte d’emploi, les populations du monde rural et les immigrés en situation régulière », a indiqué El Othmani, cité par la MAP.

L’idée serait de partir des politiques économiques et des plans nationaux de développement en y intégrant les objectifs d’emploi, d’où l’implication des différents ministères concernés. Dans un communiqué de la primature, il est indiqué qu’outre la commission interministérielle, un comité technique de suivi sera créé.

Différents groupes de travail seront aussi dédiés à la question de l’emploi dans les 12 régions et devront élaborer un plan d’action pluriannuel, adopter une méthodologie de suivi et d’évaluation des étapes de mise en œuvre de ces programmes et actualiser en continu la stratégie nationale de l’emploi.

Telquel.ma : Comment se traduit l’action de la commission interministérielle de l’emploi?

Mohamed Yatim :  Cette commission a été instaurée par décret fin 2015. Elle est chargée de l’emploi à travers deux aspects importants: moderniser les orientations stratégiques du gouvernement en matière d’emploi et préparer un programme national dans ce sens. Cela passera, entre autres, par la signature de conventions avec les régions. Il y a un autre comité de suivi instauré par le même décret et qui est composé des représentants de 13 départements ministériels.

Un plan national a été arrêté et il a été adopté lundi dernier. Nous avons pris trois grandes décisions, dont la création de sous-commissions thématiques qui vont travailler sur cinq orientations stratégiques. Là, nous avons de la visibilité et des objectifs bien précis, notamment en ce qui concerne la réduction du taux de chômage à 8,5%. C’est un grand défi qui ne pourra pas aboutir si nous n’arrivons pas à créer près de 200.000 postes d’emploi par année.

Le programme affiche un objectif ambitieux. Comment comptez-vous le mettre en place?

Le programme comprend des dizaines de mesures. Par exemple, il s’agit de chercher une adéquation entre le système d’enseignement et le marché de l’emploi. Nous pensons aussi aux autoentrepreneurs. L’Anapec, dans ce sens, contribue à la création de 80.000 emplois par an et il nous reste à chercher comment atteindre les 200.000 dont j’ai parlé.

Les stratégies sectorielles seront très utiles pour faire aboutir ce plan dont un des axes principaux est la dimension régionale; en d’autres termes, toutes les régions sont concernées. Le but est de réduire le chômage des jeunes, surtout les diplômés. Il s’agit également de réduire le taux de chômage des femmes. Ce sont des mesures effectives qui seront prises une fois que chaque membre du comité nous aura précisé les priorités et les actions réglementaires et légales à prendre en compte ainsi que leur coût financier.

Ainsi, nous allons nous réunir d’ici 2 à 3 mois pour appliquer ces mesures à travers la Loi de finances 2018. Pour diminuer le taux de chômage à 8,5%, il n’y a pas que la création de nouveaux postes, mais aussi la préservation des postes déjà existants. Le but est de travailler sur le long terme. Nous sentons déjà la progression. L’emploi n’est plus mis de côté au profit de « l’investissement » et cette politique volontaire nécessite une étude, un suivi et des projets multidimensionnels.

Qui sont les demandeurs d’emploi concernés par ce plan ?

Ce programme englobe tous les demandeurs d’emploi. Des programmes spécifiques sont nécessaires pour ne pas avoir prochainement des vagues de diplômés chômeurs supplémentaires. C’est pour cela que le ministère de l’Enseignement supérieur est engagé avec nous dans ce projet. Seront concernés également les femmes, les handicapés, les titulaires d’une licence (ou ceux qui ont un niveau inférieur) ainsi que la jeunesse issue du milieu rural. À propos des handicapés, d’autres mesures seront également prises. Aujourd’hui, un décret est en cours de finalisation pour consacrer 7% des offres d’emploi aux handicapés. En ce qui concerne les femmes, chaque région a ses propres particularités et nous devons donc proposer des programmes adaptés aux particularités et aux moyens de chaque région. C’est un travail sur lequel nous sommes accompagnés par l’Organisation mondiale du travail (OMT) ainsi que par plusieurs pays avec lesquels nous entretenons des programmes de coopération dans le secteur de l’emploi.

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